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DOUGLASS FREDERICK (1817-1895)

Né esclave dans le Maryland, Frederick Douglass est considéré comme le père du Black Protest Movement, Mouvement de libération des Noirs aux États-Unis.

Frederick Augustus Washington Bailey naquit en 1817 dans le comté de Talbot (Maryland, États-Unis). Esclave, il fut envoyé comme manœuvre à Baltimore en 1825 puis loué à un negro breaker (casseur d'esclaves) en 1834. Après s'être enfui vers le nord en 1838 en empruntant les papiers d'un marin noir, il arriva à New York puis dans le Massachusetts où il prit le nom de Douglass.

Dès 1841, il était devenu un membre et un orateur connu du Mouvement pour l'abolition de l'esclavage, aux côtés de William Lloyd Garrison et de Charles Lennox Remond. Mais lui seul avait connu l'esclavage, ce qui conféra à ses témoignages et à ses discours une dimension toute particulière. Après la parution de son ouvrage The Autobiography of Frederick Douglass en 1845, il dut quitter les États-Unis pour échapper à son ancien maître. Il se rendit en Grande-Bretagne et en Irlande où il poursuivit ses activités en faveur de l'abolition de l'esclavage, entre 1845 et 1847.

De retour aux États-Unis, il fondait l'hebdomadaire The North Star à Rochester (New York), aidant des esclaves fugitifs à gagner le Canada, collaborant dès 1848 au Mouvement pour l'égalité des droits des femmes. Il se distingua cependant, à partir de 1851, du mouvement abolitionniste de Garrison en désapprouvant sa passivité. Il se prononça en faveur de l'accession de la communauté noire des États-Unis à l'exercice d'un pouvoir tant économique que politique, dénonçant les illusions qu'engendrait le mouvement de « retour en Afrique » que certains — tel Martin Delany — prônaient alors comme solution aux difficultés de la communauté noire aux États-Unis. Au cours de l'un de ses célèbres discours, à Rochester en 1852, il déclara que la fête nationale du 4 juillet révélait à l'esclave américain comme lui, plus que tout autre jour, « l'injustice et la cruauté dont il [était] la constante victime », cette célébration ne représentant à ses yeux que « honte, vanité, fraude et hypocrisie », les réjouissances auxquelles elle donnait lieu n'étant qu'un « mince voile pour dissimuler des crimes qui discréditeraient une nation de sauvages ». Il hébergea John Brown pendant la préparation de l'attaque de l'arsenal Harpers Ferry d'où ce dernier, en 1859, espéra vainement déclencher le soulèvement des esclaves de Virginie.

Après avoir œuvré pour le recrutement de soldats noirs pour les régiments de l'Union à partir de 1863, Frederick Douglass intervenait auprès des présidents Lincoln puis Johnson en faveur des droits civiques et de l'enseignement pour les Noirs récemment affranchis. Il devait dénoncer jusqu'à la fin de sa vie les inégalités raciales qui se multiplièrent pendant la période de la Reconstruction. « We want no black Ireland in America... » (« Nous ne voulons pas d'Irlande noire en Amérique ») : par cette formule bien significative, il interpellait les membres de la Cour suprême qui, en 1883, déclaraient « inconstitutionnelle » la loi sur les droits civiques de 1875.

Nommé marshal (chef de la police) en 1877 puis haut fonctionnaire en 1881 dans le district de Columbia, il devint en 1891 ministre résident et consul général des États-Unis en Haïti, chargé d'affaires à Saint-Domingue. Il mourut en février 1895 à Washington (D.C.), où sa maison, sur les collines d'Anacostia, est devenue un musée.

— Nelly SCHMIDT

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Écrit par

  • : chargée de recherche au C.N.R.S., Centre d'histoire de la France contemporaine, groupe de recherches Caraïbes-Amériques, université de Paris-X-Nanterre

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Pour citer cet article

Nelly SCHMIDT. DOUGLASS FREDERICK (1817-1895) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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