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BARTHOLDI FRÉDÉRIC AUGUSTE (1834-1904)

Architecte et sculpteur français. Bartholdi perd très tôt son père et est élevé par une mère sévère qui n'approuve guère son goût pour les arts ni ses résultats médiocres au lycée Louis-le-Grand. Elle lui permet cependant d'étudier l'architecture puis la peinture dans l'atelier d'Ary Scheffer. Celui-ci, maître estimé et sensible, pressent les dons du jeune homme et, devant quelques essais de modelage, lui conseille de s'adonner essentiellement à la sculpture. Après quelques mois de travail dans l'atelier du sculpteur Soitoux, Bartholdi ose concourir pour la commande faite par la ville de Colmar d'une statue monumentale du général Rapp. Primée, son œuvre obtient un vif succès lors de son inauguration en 1856. Il fait alors, avec Gérôme et Berchère, un long voyage en Orient dont il rapporte une centaine de négatifs : les calotypes sont conservés au musée Bartholdi à Colmar. L'Égypte lui inspire son premier groupe en bronze, La Lyre des Berbères (Lyon), exposé au Salon de 1857, et l'ébauche d'une statue colossale qu'il rêvera de proposer à Ferdinand de Lesseps comme phare de la ville de Suez.

Il espère réaliser une œuvre architecturale importante avec le palais de Longchamp, à Marseille, dont il fournit les plans en 1859. Mais la Ville confie la tâche à un nouvel architecte, Espérandieu, qui s'inspire à tel point des dessins de Bartholdi que celui-ci entame un long procès qu'il gagnera, sans malheureusement retrouver la notoriété méritée. Bartholdi présente alors au Salon de 1863 la maquette du Monument de l'amiral Bruat, destiné à sa ville natale (Colmar), puis en 1867 son émouvant Génie funèbre, figure de bronze lovée dans une simple toge, pour la tombe (cimetière Montmartre, Paris) de Georges Nefftzer, mort à dix-sept ans. Si les statues pédestres du général Arrighi de Casanova (1868, Corte) et de Vauban (1871, Avallon) sont deux œuvres soignées, d'une inspiration traditionnelle, le Petit Vigneron, succès du Salon de 1869, montre, à l'angle du marché couvert de Colmar, le sens qu'avait l'artiste de la vie folklorique alsacienne. Batholdi expose au Salon de 1870 le beau plâtre (musée de Clermont-Ferrand) de sa statue équestre de Vercingétorix, conçue pour la place de Jaude, à Clermont-Ferrand, et fondue seulement trente ans plus tard. L'apparente maladresse de la composition en porte à faux, le cheval reposant sur un pivot central, lui donne l'élan d'un poème épique.

<it>La Liberté éclairant le monde</it>, F. A. Bartholdi - crédits :  Bridgeman Images

La Liberté éclairant le monde, F. A. Bartholdi

Quand la guerre de 1870 éclate, Bartholdi s'engage dans la Garde nationale, sert à Colmar, puis devient aide de camp de Garibaldi. À la fin des hostilités, projetant un monument pour célébrer l'indépendance américaine, il s'embarque pour les États-Unis qu'il désire visiter longuement. Lorsque le bateau pénètre dans la baie de New York, le 21 juin 1871, Bartholdi imagine subitement La Liberté éclairant le monde. Il faudra cependant plusieurs années pour qu'un Comité de l'union franco-américaine, sous la présidence d'Édouard de Laboulaye, puisse recueillir, par souscriptions et manifestations mondaines, les fonds nécessaires à la colossale entreprise. Bartholdi découvre le modèle espéré en Jeanne-Émilie Baheux de Puysieux qu'il épousera, mais il prête à la Liberté le visage grave de sa mère. Il conçoit une statue ayant 33 mètres de haut, la plus grande du monde, exécutée en plaques de cuivre martelées et rivées, soutenues par une armature de fer très savamment calculée par Gustave Eiffel pour résister aux vents les plus forts. Le bras de la statue, tenant le flambeau, est envoyé, en 1876, à l'exposition de Philadelphie où il déchaîne tantôt l'enthousiasme tantôt la suspicion et les moqueries des Américains qui doutent que l'œuvre soit jamais réalisée en son entier. Elle devait l'être assez rapidement. Dressée dans la rade, elle est offerte officiellement par la France le 4 juillet 1884. Sa célébrité est universelle, et peu d'œuvres sont autant reproduites (réduction en cuivre martelé, sur le pont de Grenelle à Paris) et prises à parti dans les dessins humoristiques des journaux et sur les affiches politiques ou publicitaires.

Lion de Belfort - crédits : Kirill Rudenko/ Moment Open/ Getty Images

Lion de Belfort

Bartholdi exécute parallèlement son groupe de la Malédiction de l'Alsace, offert à Gambetta, en avril 1872, par une délégation d'Alsaciens, et la statue en bronze de La Fayette (1876) pour la ville de New York. Il propose à la ville de Belfort un projet audacieux pour commémorer le siège de cent deux jours soutenu durant l'Année terrible : un monument architectural, faisant corps avec la citadelle, un grand lion blessé, adossé à la falaise et rugissant avec fureur. Tandis que le modèle en plâtre, réduit de deux tiers, est coulé en bronze pour la place Denfert-Rochereau, à Paris, le Lion de Belfort, de 22 mètres de long et 11 mètres de haut, est taillé dans du grès rouge des Vosges. Inauguré en 1880, il demeure dans le paysage belfortain comme une silhouette familière et grandiose.

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Bartholdi sculpte, en 1895, pour la ville de Bâle, un groupe de marbre, La Suisse secourant les douleurs de Strasbourg pendant le siège de 1870, qui lui vaut la médaille d'honneur au Salon. Il y trahit quelque faiblesse en mêlant, sans véritable cohésion, des personnages allégoriques et des notations précises de folklore local. Il réalise enfin pour Belfort le Monument des Trois Sièges, terminé après sa mort (1912), et pour le rond-point de la Révolte, à Neuilly (actuellement place de la Porte-des-Ternes), le Monument des aéronautes du siège de Paris, ce célèbre Ballon des Ternes, en bronze, qui fut malheureusement fondu en 1942. Comme dans le Tombeau du sergent Hoff (cimetière du Père-Lachaise, Paris), il s'y montre plus franchement réaliste : la qualité de l'exécution soutenant une conception délibérément empreinte de modernité. En 1907, sa maison natale, rue des Marchands, est léguée à la Ville de Colmar par sa veuve, à condition d'y installer un musée, inauguré en 1922, et qui abrite les maquettes originales de la plupart des monuments érigés par Bartholdi ainsi que des aquarelles, peintures à l'huile et photographies réalisées au cours du voyage effectué en Égypte en 1856.

— Thérèse BUROLLET

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<it>La Liberté éclairant le monde</it>, F. A. Bartholdi - crédits :  Bridgeman Images

La Liberté éclairant le monde, F. A. Bartholdi

Lion de Belfort - crédits : Kirill Rudenko/ Moment Open/ Getty Images

Lion de Belfort

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