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SCHEFFER ARY (1795-1858)

Peintre très célèbre de l'époque romantique, Ary Scheffer est d'origine néerlandaise mais il fait carrière en France. À Paris, où il s'installe, il devient l'élève de Guérin, expose au Salon de 1812 et se lie avec les jeunes peintres Géricault et Delacroix. Ses premières œuvres sont des scènes de genre assez mièvres, inspirées parfois de la littérature, caractéristiques du style troubadour (Paolo et Francesca), véritables illustrations en langage pictural des thèmes chers à la génération romantique. Public et jurys officiels aiment retrouver dans les œuvres de Scheffer le monde de leur imagerie littéraire et sentimentale. Les Bourgeois de Calais (1819) lui valent la protection du duc d'Orléans, puis de Louis-Philippe. Chacune de ses compositions est gravée et reproduite en plusieurs répliques peintes. Toujours à la mode dans le choix de ses sujets, Scheffer n'a pas pu adapter la forme picturale à la hauteur de ses ambitions. Baudelaire fait le constat de cet échec d'un créateur dans le Salon de 1846, « De M. Ary Scheffer et des singes du sentiment ». Pourtant, le critique d'art Delécluze a considéré Scheffer comme un des grands artistes du mouvement romantique français, comparable à Delacroix et à Delaroche. Mais à voir la technique lisse, sans vie, le coloris terne, on peut réellement se demander comment l'art de Scheffer a pu séduire. N'a-t-on pas voulu voir en chaque tableau d'Ary Scheffer « une œuvre de penseur et de poète » en réaction contre « l'étalage provocateur de sensuelles images » de la peinture d'alors (Jules Canonge, 1858) ? Il s'agit d'une peinture à message, comme le très célèbre tableau représentant Saint Augustin et sainte Monique (1846) baigné d'une clarté froide, dessiné d'un modelé étriqué, sans vie, reflet d'un effort d'intégration du mysticisme (ici cérébral et élaboré) au langage des formes plastiques.

La Mort de Géricault, A. Scheffer - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

La Mort de Géricault, A. Scheffer

<it>Paolo et Francesca</it>, A. Scheffer - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Paolo et Francesca, A. Scheffer

— Jean-Pierre MOUILLESEAUX

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Écrit par

  • : historien de l'art, chargé de mission à la Caisse nationale des monuments historiques et des sites

Classification

Pour citer cet article

Jean-Pierre MOUILLESEAUX. SCHEFFER ARY (1795-1858) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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La Mort de Géricault, A. Scheffer - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

La Mort de Géricault, A. Scheffer

<it>Paolo et Francesca</it>, A. Scheffer - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Paolo et Francesca, A. Scheffer

Autres références

  • BARTHOLDI FRÉDÉRIC AUGUSTE (1834-1904)

    • Écrit par Thérèse BUROLLET
    • 1 100 mots
    • 2 médias

    Architecte et sculpteur français. Bartholdi perd très tôt son père et est élevé par une mère sévère qui n'approuve guère son goût pour les arts ni ses résultats médiocres au lycée Louis-le-Grand. Elle lui permet cependant d'étudier l'architecture puis la peinture dans l'atelier d'...

  • MARIE D'ORLÉANS, 1813-1939, PRINCESSE ET ARTISTE ROMANTIQUE (exposition)

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 1 086 mots

    L'exposition monographique consacrée à Marie d'Orléans, 1813-1839, princesse et artiste romantique, présentée conjointement au musée du Louvre à Paris (18 avril-21 juillet 2008) et au musée Condé à Chantilly (9 avril-21 juillet 2008), ne cherchait pas seulement à ajouter à notre connaissance...

  • ORLÉANS MARIE D' (1813-1839)

    • Écrit par Adrien GOETZ
    • 947 mots

    La renommée de Marie d'Orléans sculpteur a sans doute souffert d'une parenté glorieuse. Marie-Christine-Caroline-Adélaïde-Françoise-Léopoldine d'Orléans, fille de Louis-Philippe et de Marie-Amélie, née à Palerme en 1813, épousa en 1837 le duc Alexandre de Wurtemberg, général au service de la Russie...

  • UN SUBLIME XIXe SIÈCLE : LA PEINTURE SOUS LA RESTAURATION ET LA MONARCHIE DE JUILLET (expositions)

    • Écrit par Adrien GOETZ
    • 1 521 mots

    Le xixe siècle n'est pas tout entier au musée d'Orsay dont les collections commencent en 1848. Ce xixe siècle est celui de la montée de l'industrie, des trains qui remplacent les canaux, de l'aluminium concurrençant la fonte, des impressionnistes, de l'affaire Dreyfus : c'est le « stupide...

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