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CILEA FRANCESCO (1866-1950)

Après la mort de Verdi, et au côté de Puccini, quelques compositeurs de moindre envergure tentent de maintenir la tradition italienne dans le domaine de la musique lyrique. Francesco Cilea est de ceux-là, mais, à l'instar de Pietro Mascagni, de Ruggero Leoncavallo, d'Alfredo Catalani ou d'Umberto Giordano, il ne réussira pas à égaler l'auteur du Falstaff.

Francesco Cilea est né le 26 juillet 1866 à Palmi, en Calabre. Son père était avocat et espérait voir son fils poursuivre la même carrière. Les dons précoces du garçon changeront ces projets. Le bibliothécaire du Conservatoire de Naples, Francesco Florimo, un personnage influent, jette un œil sur les premières compositions du petit Francesco — âgé de neuf ans — et recommande une éducation musicale.

En 1881, Cilea est admis au Conservatoire de Naples, où il étudiera pendant huit ans : le piano avec Benjamino Cesi, le contrepoint et la composition avec Paolo Serrao. Sa situation familiale est extrêmement difficile : sa mère est victime d'une maladie mentale et son père meurt prématurément, abandonnant toute sa famille entre les mains du garçon. Le choc est profond, et l'on mettra le ton mélancolique de la musique de Cilea sur le compte de sa jeunesse brisée.

En 1889, son premier opéra, Gina, est créé, et le succès suffit pour que le célèbre éditeur Sonzogno lui propose un contrat. La première œuvre qu'il écrit dans le cadre de cette collaboration est un mélodrame échevelé, Tilda (1892), qui pousse les idées véristes jusqu'à la caricature. L'échec est évident, et Cilea doit momentanément abandonner une carrière indépendante et entrer au Conservatoire de Naples en tant que professeur de piano, puis à l'Institut musical royal de Florence pour enseigner la théorie et le contrepoint.

Son troisième opéra, L'Arlésienne, sera son premier succès artistique — sinon immédiatement public ; il s'inspire de L'Arlésienne de Daudet, dont la version de Bizet est alors assez familière. Malgré la participation du jeune Enrico Caruso à la création (le 27 novembre 1897, au Teatro lirico de Milan), l'œuvre est considérée comme imparfaite. Cilea lui-même ne l'ignorait pas, et avait permis plusieurs coupures. En 1898, il tente de réduire la durée de l'œuvre de quatre actes en trois ; en 1910, il procède à un deuxième remaniement, qui ne sera pas le dernier : en 1937, il compose un nouveau prélude. Malheureusement, ces retours successifs ne changeront rien aux destinées de l'œuvre, qui traverse rarement les frontières de l'Italie. Seul le Lamento de Frédéri revient souvent dans le répertoire des ténors.

Enrico Caruso participe également (le 6 novembre 1902, à la Scala de Milan), à la création d'Adriana Lecouvreur, son opéra le plus populaire. L'histoire de la célèbre comédienne empoisonnée par son aristocratique rivale est adaptée de la pièce de Scribe et Legouvé, qui avait triomphé à Paris, avec Rachel et Sarah Bernhardt dans le rôle-titre. La période de préparation oblige Cilea à procéder à de nombreuses coupures : la construction musicale en devient plus solide, mais la clarté de l'intrigue en pâtit. La faiblesse principale de cette partition provient du manque d'humour de Cilea, incapable de créer des scènes badines d'une réelle animation. Il réussit pourtant à donner vie aux deux personnages : Adrienne elle-même, et son metteur en scène, Michonnet, désespérément amoureux de sa « star ». Le dernier rôle fut créé par le baryton légendaire Giuseppe de Luca. Le succès d'Adriana est rapide et international : en cinq ans, l'opéra fait le tour du monde. En 1930, Cilea procède à un dernier remaniement de la partition.

La carrière de Cilea est loin d'être finie, et pourtant son œuvre réellement importante semble achevée. Le grand critique italien[...]

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Pour citer cet article

Piotr KAMINSKI. CILEA FRANCESCO (1866-1950) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • OLIVERO MAGDA (1910-2014)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 645 mots

    Mieux qu’une grande voix : une légende. La soprano italienne Magda Olivero a su, au cours d’une carrière d’une remarquable longévité, préserver une exceptionnelle maîtrise du souffle, la saveur de son timbre, une dynamique sans faille sur toute l’étendue de son registre et une autorité théâtrale...

Voir aussi