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FRANCE L'année politique 2005

En France, 2005 est une année de tensions dont la portée dépasse largement la seule classe politique. Si la gauche comme la droite apparaissent divisées par des querelles de personnes, celles-ci prennent place au sein d'une société inquiète et parcourue par des visions différentes de son avenir comme de son passé. L'événement majeur, le rejet par le référendum du 29 mai du projet de traité constitutionnel européen, a pour conséquence interne immédiate le remplacement de Jean-Pierre Raffarin par Dominique de Villepin. Il dénote aussi une fracture profonde au sein de la gauche et, plus généralement, de la société. À l'automne, la « révolte des banlieues » comme la polémique sur la mémoire coloniale, née de l'article 4 de la loi du 23 février 2005 qui demande aux programmes scolaires de reconnaître « en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer », ou, sur un autre plan, sur le modèle social français révèlent aussi des dissensions durables.

Un nouveau gouvernement

Le départ de Jean-Pierre Raffarin avait été conseillé par beaucoup après l'échec de la droite aux élections régionales, cantonales et européennes du printemps de 2004 ; il est devenu inévitable après le non au référendum. Le choix s'est porté sur un proche du chef de l'État, Dominique de Villepin, qui avait depuis longtemps demandé un changement de cap. Alors qu'il avait, en 2004, quitté le précédent gouvernement pour prendre la présidence de l'U.M.P., Nicolas Sarkozy a été rappelé comme ministre de l'Intérieur par le président de la République, qui lui a confié le poste de numéro deux du gouvernement, l'autorisant cette fois à cumuler cette fonction avec celle de chef du parti majoritaire.

Si le gouvernement, resserré, compte peu de têtes nouvelles, Thierry Breton conservant le ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, Jean-Louis Borloo celui de l'Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement et Michèle Alliot-Marie celui de la Défense, Gilles de Robien héritant de l'Éducation nationale et Philippe Douste-Blazy des Affaires étrangères, certains remerciés, dont Michel Barnier, François Fillon, Xavier Darcos et Patrick Devedjian, ne cachent pas leur amertume. C'est par la méthode que Dominique de Villepin entend marquer sa singularité : annonce de mesures importantes sur l'emploi et la fiscalité au cours des premiers « cent jours », conférences de presse mensuelles, réhabilitation du volontarisme accompagnée d'une certaine modération – notamment sur la réduction, plus limitée que prévu, du nombre de fonctionnaires –, volonté d'occuper le terrain médiatique, en montant en première ligne sur la quasi-totalité des dossiers. Le nouveau Premier ministre entend aussi éviter les discordances qui s'étaient manifestées au sein de la précédente équipe gouvernementale et conquérir auprès des parlementaires une popularité d'autant plus nécessaire qu'il n'a jamais affronté l'élection. Plus que les autres Premiers ministres de la Ve République, il s'investit également dans les affaires européennes et internationales. Quelques mois après sa prise de fonctions, les sondages montrent qu'il a réussi à à gagner une stature de présidentiable.

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

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