Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

EXTRÊME GAUCHE

Fondamentalement révolutionnaire, opposée à tout aménagement du capitalisme ou de la démocratie bourgeoise qu’elle combat, l’extrême gauche en France ne croit pas au changement social par la voie électorale – ce qui la distingue par essence de tous les partis les plus à gauche de l’échiquier parlementaire, qu’il s’agisse du Parti communiste français (PCF) ou des mouvements fondés par l’ancien socialiste Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche en 2008, La France insoumise en 2016). À partir des années 1960-1970, la vie politique française a présenté la caractéristique originale d’une extrême gauche très présente (relativement à ses faibles scores électoraux), aussi bien dans la sphère militante (syndicats, organisation des grèves et des manifestations…) que dans la vie intellectuelle et médiatique du pays. Les candidats que l’extrême gauche met en avant notamment aux élections présidentielles depuis 1969 sont pour l’essentiel des candidatures de témoignage à visée propagandiste (au sens premier du terme). Cependant, l’évolution du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA, ex-Ligue communiste révolutionnaire [LCR]) né en 2009 et très engagé dans des luttes non exclusivement « ouvrières » (pour le droit au logement, la défense des travailleurs sans papiers, les droits des minorités ou la cause palestinienne…) l’a amené à rechercher des alliances électorales avec la gauche de la gauche parlementaire. Cette position témoigne de la volonté d’une partie significative de l’extrême gauche de s’inscrire dans l’histoire globale de la gauche, tout en revendiquant sa position révolutionnaire et anticapitaliste.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

L'étude de l'extrême gauche appelle donc un premier travail de délimitation de l'objet mais aussi d'identification plus large de ce qu'il est coutume d'appeler, en France, « la gauche de la gauche ». Très composite, cette dernière vient nourrir une extrême gauche le plus souvent explorée sous sa forme partisane, avec Lutte ouvrière (LO), la Ligue communiste révolutionnaire (LCR, puis Nouveau Parti anticapitaliste [NPA]), et le courant lambertiste sous ses diverses appellations successives (Organisation communiste internationaliste [OCI], Parti communiste internationaliste [PCI], Parti des travailleurs [PT], Parti ouvrier indépendant (POI)…). Ces trois partis « trotskistes » occupent une place importante, du fait de leur poids militant mais aussi de leur présence dans le jeu électoral.

Étudier la place de l’extrême gauche au sein de la « gauche de la gauche » permet non seulement d'en saisir les particularités tant idéologiques qu'organisationnelles, mais aussi d'en identifier les strates sédimentaires qui la constituent. En ce sens, les élections peuvent apparaître comme un indicateur parmi d'autres du poids de l'extrême gauche en France et en Europe.

L'extrême gauche française, une famille composite

Une définition complexe

Analyser l'extrême gauche invite à s'interroger plus généralement sur le type de regard qu'on pose sur la vie politique en France. Cette dernière doit-elle être circonscrite aux seules consultations démocratiques ou s'établit-elle dans un espace politique plus large ? Dans la première hypothèse, les partis politiques qui participent de manière régulière au débat politique par l'intermédiaire des élections sont seuls soumis à l'analyse. L'observateur évalue une situation électorale spécifique et procède à une observation du phénomène « extrême gauche » au sein de marchés électoraux définis par des règles et des temporalités spécifiques. Or cette position trouve rapidement trois limites. En premier lieu, elle réduit de manière importante l'observation d'un courant politique qui n'a pas toujours considéré les élections comme des indicateurs pertinents de son action ou[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Encyclopædia Universalis et Christine PINA. EXTRÊME GAUCHE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 02/07/2024

Médias

Bakounine - crédits : Nadar/ Getty Images

Bakounine

Kropotkine, vers 1910 - crédits : Edward Gooch Collection/ Getty Images

Kropotkine, vers 1910

Barricade durant la Commune de Paris - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Barricade durant la Commune de Paris

Autres références

  • FRANCE - L'année politique 1998

    • Écrit par
    • 3 158 mots
    ...Ceux-ci se sentent négligés et ils s'estiment enrôlés dans l'application d'un programme politique où leur base éprouve des difficultés à se reconnaître. De surcroît, le développement de l'extrême gauche et de mouvements civils de contestation – sans-papiers, chômeurs –, ajouté à des scores électoraux stagnants,...
  • INTELLECTUEL

    • Écrit par
    • 9 442 mots
    • 2 médias
    Désormais proche de l'extrême gauche, Sartre retrouva, durant les années 1970, avec de nouveaux compagnons, son activité pétitionnaire et ses tâches militantes : vente de La Cause du peuple, fondation en 1973 du quotidien Libération. Le modèle de Che Guevara inspira de jeunes intellectuels...
  • ITALIE - La vie politique depuis 1945

    • Écrit par , et
    • 31 410 mots
    • 12 médias
    ...secrets, par exemple) et les classes intermédiaires marginalisées par la crise. Si le signal du terrorisme est donné par l'extrême droite, une extrême gauche radicale a également trouvé dans la grande mobilisation sociale et dans la crise économique qui l'a suivie un climat favorable. Le rejet...
  • OCI (Organisation communiste internationaliste)

    • Écrit par
    • 1 038 mots

    Organisation trotskiste (dont les militants sont parfois nommés, du nom de leur leader, Pierre Boussel, alias Lambert, « lambertistes »), l'O.C.I. a pour origine une scission au sein de la IVe Internationale (1952). L'O.C.I. va inspirer l'action des Comités d'alliance ouvrière (C.A.O.),...