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DUPÉRAC ÉTIENNE (1530 env.-1604)

Né à Paris, ou à Bordeaux, Étienne Dupérac part sans doute très jeune en Italie, où il va réaliser un œuvre gravé dont le catalogue comprend plus de cent vingt-deux numéros.

Il débute à Venise, à une date mal déterminée, gravant une série de paysages proches de ceux des aquafortistes véronais (Battista d'Angolo del Moro, Battista Fontana). Vers 1559 et 1560, il est à Rome, où il commence à étudier systématiquement les ruines, rassemblant un vaste matériel graphique. Il entre en contact vers 1565 avec l'éditeur Lafréry, qui publie la plupart de ses planches, et il rencontre alors le savant archéologue Onofrio Panvinio. Pour ce dernier, il exécute de nombreux relevés et grave, semble-t-il, les illustrations de ses deux ouvrages, De ludis circensibus (1565-1566, 1re éd. 1600) et De triumpho (1566, 1re éd. 1571). À la même époque, il exécute une série de planches consacrées à l'architecture de Michel-Ange : porte Pie, place du Capitole (1569), plans et élévations du nouveau Saint-Pierre (1569). Il grave également des fêtes et des cérémonies : tournoi dans les jardins de Belvédère (1565), réception du grand-duc de Toscane par le pape (1570). L'expérience ainsi acquise des apparati explique sans doute qu'il soit choisi comme architecte du conclave (1572). En 1573, il grave les jardins de la ville d'Este à Tivoli, planche dédiée à Catherine de Médicis (Dupérac commence, semble-t-il, à songer à son retour en France) et travaille comme peintre pour le cardinal de Ferrare, Hippolyte d'Este.

Dans les années suivantes, Dupérac, tirant parti de ses études archéologiques antérieures, publie ses grandes œuvres. En 1573, il met à jour un petit plan archéologique de la Rome antique. Il développe cette étude dans son grand plan, Sciographia ex antiquis monumentis (1574), dédié à Charles IX. Gravé sur huit planches, ce plan est une somme de la science archéologique au xvie siècle ; Dupérac y restitue le plan de la Rome antique avec tous ses monuments. L'année suivante, il publie I Vestigi dell'antichità di Roma (1575), suite de quarante vues des plus célèbres ruines romaines. Il donne également des planches à Lafréry pour son Speculum romanae magnificentiae et pour ses recueils topographiques (vue de Jérusalem, vue de Naples). Il grave enfin un plan de la Rome moderne (1577), qui fait pendant en quelque sorte à sa Sciographia.

C'est, semble-t-il, au cours de ces mêmes années que Dupérac met en ordre le matériel graphique amassé et compose plusieurs recueils qui resteront manuscrits : Illustrations de fragments antiques, trois volumes de dessins (le dernier daté 1575), dont les trois exemplaires connus sont conservés au musée du Louvre, à la Bibliothèque nationale de Paris et à la bibliothèque d'État de Berlin ; et Disegni delle ruine di Roma e come anticamente erano. Dans ce dernier recueil, Dupérac confronte relevé des ruines et reconstitution ; les dessins, richement encadrés, sont accompagnés d'un texte de commentaire. Le recueil fut certainement composé entre 1574 et 1578, à partir de dessins réalisés vers les années 1563-1565 et 1570. Dans ces publications archéologiques, marquées par l'influence des grands antiquaires contemporains, Panvinio et Ligorio, Dupérac apporte une netteté de vision et une précision dans le dessin des structures architecturales qui font date.

Au début de 1578, Dupérac semble être encore à Rome, puisqu'il grave une cérémonie se déroulant dans la chapelle Sixtine ; mais il retourne la même année en France, où son activité sera essentiellement d'ordre architectural. Vers 1582, il est au service du duc d'Aumale, comme architecte. Pour son château d'Anet, il fournit des dessins de parterres et compartiments en broderie. Le jardinier Claude Mollet, qui se forme auprès de lui, note dans son Théâtre des plants[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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Pour citer cet article

Claude MIGNOT. DUPÉRAC ÉTIENNE (1530 env.-1604) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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