ESPACE RURAL

L’espace rural et son synonyme, la campagne, se définissent par opposition à la ville et aux espaces urbanisés. À partir des années 1960, les géographes ont de plus en plus substitué le premier terme au second afin de souligner que la production agricole était désormais loin d’y constituer la seule activité. Le terme « campagne » demeure cependant largement utilisé dans le langage courant, dans la mesure où il traduit mieux la perception souvent idéalisée de la qualité de la vie et des aménités d’un monde rural s’opposant à des espaces urbanisés dont les images, en particulier des grandes villes, se sont dégradées.

À l’échelle planétaire, les campagnes présentent plusieurs points communs, à commencer, bien sûr, par la présence plus ou moins importante d’activités agricoles. Toutefois, aux échelles plus fines, elles affichent une très grande diversité selon leurs spécificités démographiques, socio-économiques, productives et paysagères.

Dans les pays riches et en particulier dans l’Union européenne, les espaces ruraux font l’objet de politiques d’aménagement. Mais, au-delà des questions globales, peuvent survenir aux échelles locales des conflits d’usage portant sur l’accès à des ressources de plus en plus considérées comme des biens communs ainsi que sur la cohabitation d’activités de nature différente.

Définition et caractéristiques communes aux espaces ruraux dans le monde

Il est aujourd’hui difficile de délimiter de façon très précise espaces ruraux et espaces urbanisés, alors que les premiers se définissent par opposition aux seconds. En effet, presque partout dans le monde existe un continuum entre les uns et les autres. En outre, les critères adoptés pour définir la ville, et indirectement la campagne, sont bien différents d’un pays à l’autre : de 300 habitants agglomérés dans les pays scandinaves à 10 000 habitants en Italie et en Espagne et jusqu’à 30 000 habitants au Japon.

Définition et importance des espaces ruraux

Afin de pouvoir établir des comparaisons à la fois dans l’espace et dans le temps, nous retiendrons la définition établie par la Division de la population de l’Organisation des Nations unies (ONU) à partir de deux définitions complémentaires : d’une part celle d’espace urbanisé, caractérisé par des densités élevées et continues de populations résidentes ; d’autre part celle d’aire métropolitaine, qui englobe les aires périurbaines entourant les espaces urbanisés, présentant des densités de populations résidentes moindres, mais étroitement dépendantes de l’agglomération urbaine principale pour ce qui concerne l’emploi. Cette dépendance est mesurée par l’importance des migrations quotidiennes domicile-travail. En France, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) s’appuie depuis les années 1990 sur la présence de pôles d’emplois, de diverses dimensions, pour opérer ses découpages territoriaux en espaces « urbains » et, de façon indirecte, en espaces « ruraux ».

Malgré la croissance générale et continue des populations urbaines, 45 p. 100 de la population mondiale vivaient encore, en 2018, selon l’ONU, dans des espaces ruraux. Ce pourcentage se situe en net recul par rapport à ceux du xx^esiècle : 85 p. 100 en 1900, et encore 70 p. 100 en 1950. Toutefois, compte tenu de la croissance démographique mondiale, ce recul en pourcentage ne doit pas masquer le fait que, en nombre absolu, les ruraux n’ont jamais été aussi nombreux dans le monde : de 2 milliards en 1960, ils sont passés à 3,4 milliards en 2018. À aucun moment de l’histoire, les espaces ruraux de la planète n’ont été aussi peuplés en moyenne générale. Sur le plan géographique, 90 p. 100 de ces ruraux vivent aujourd’hui dans des pays en développement ou des pays émergents, en particulier d’Asie et d’Afrique, ce qui contribue à renforcer le[...]