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BEVIN ERNEST (1881-1951)

Conférence sur la Palestine, 1946 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Conférence sur la Palestine, 1946

Né à Winsford, dans le Somerset, fils d'un journalier, Ernest Bevin assure sa formation lui-même et devient militant syndicaliste. En 1910, il est placé à la tête du Syndicat des dockers, puis il fonde le Syndicat des transports et des travailleurs dont il devient le secrétaire général. S'il s'illustre dans la défense de la grève des dockers en 1920, il est en partie responsable de l'état d'impréparation dans lequel le Trade Union Congress aborde la grève générale de 1926. Bien qu'appartenant à l'aile modérée du syndicalisme, il dénonce l'inaction de MacDonald au début de la grande crise de 1929 et réclame un vigoureux effort expansionniste. À partir de 1931, au sein même du T.U.C., dont il devient secrétaire général en 1937, il joue un rôle important dans la redéfinition du programme travailliste et dans l'orientation moins pacifiste du parti en 1937-1938. En mai 1940, il est nommé, par Winston Churchill, ministre du Travail du gouvernement d'union nationale, et joue un rôle essentiel dans la mobilisation civile de la Grande-Bretagne. Tout en garantissant la paix sociale par de multiples mesures de justice, il dirige une véritable « armée » de quinze millions de travailleurs. Nommé ministre des Affaires étrangères dans le cabinet travailliste dirigé par Attlee (1945), il conservera ce poste pendant près de six années. Avec son Premier ministre, il est le véritable artisan de la nouvelle politique étrangère de son pays : renonçant à l'isolement et au principe du refus de l'alliance en temps de paix, le gouvernement britannique accepte de conclure des pactes militaires avec la France en 1947, avec le Benelux en 1948 et pousse le président Truman à promouvoir une grande alliance atlantique. Apôtre des « liens spéciaux » américano-britanniques, Bevin contribue à créer une tradition durable de fidélité absolue envers les États-Unis, qu'il espère ainsi influencer ; confiant dans le rôle mondial du Royaume-Uni, il a toujours refusé toute intégration européenne, mais a caressé l'idée d'un leadership britannique au sein d'une Europe confédérée. Il favorise la réconciliation franco-allemande, nécessaire à l'équilibre européen, et finit en 1950 par céder à la pression américaine en faveur d'un réarmement de l'Allemagne ; par contre, sa méfiance envers l'Union soviétique ne s'est jamais démentie. D'autre part, conscient de l'importance de préserver des liens amicaux avec des peuples autrefois colonisés, il s'est rallié en 1949 à l'organisation d'un nouveau « Commonwealth des nations ». Figure controversée du Labour Party, il est à la fin de sa vie l'un des chefs de son aile révisionniste, un adversaire virulent des « intellectuels » et des « neutralistes » et le grand ennemi d'Aneurin Bevan. Le « nouveau cours » de la politique étrangère défini par Bevin sera accepté par les conservateurs et aura ainsi réalisé un large consensus national.

— Roland MARX

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Roland MARX. BEVIN ERNEST (1881-1951) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Conférence sur la Palestine, 1946 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Conférence sur la Palestine, 1946

Autres références

  • ISRAËL

    • Écrit par Marcel BAZIN, Universalis, Claude KLEIN, François LAFON, Lily PERLEMUTER, Ariel SCHWEITZER
    • 26 771 mots
    • 38 médias
    Le grand tournant intervient pourtant au cours de l'année 1947. En février, Ernest Bevin, ministre des Affaires étrangères, décide de porter l'affaire palestinienne devant l'ONU. Une commission d'enquête est formée : après une étude minutieuse, tant dans la région qu'au siège de l'ONU, elle rendra...
  • ROYAUME-UNI - Histoire

    • Écrit par Universalis, Bertrand LEMONNIER, Roland MARX
    • 43 835 mots
    • 66 médias
    ...ministre, Clement Attlee, a gouverné pendant toutes ces années, se comportant volontiers en chef d'une équipe dont les principaux membres se sont appelés Ernest Bevin (aux Affaires étrangères jusqu'en 1950), Aneurin Bevan (au Logement et à la Santé dans les premières années décisives), Hugh Dalton et Stafford...

Voir aussi