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ÉPÉE

Arme blanche individuelle, l'épée accompagne souvent le guerrier barbare dans sa tombe. Childéric Ier, père de Clovis (mort en 481/482), fut inhumé avec une épée à poignée d'or enrichie de grenats (des débris au cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale). À l'entrevue de Ponthion en 754, le pape Étienne II aurait donné au roi Pépin une épée destinée à protéger le Saint-Siège (selon une relation postérieure, vers l'an 1000). Cet objet peut être en rapport avec l'épée qui apparaît lorsque Louis II, fils de l'empereur Lothaire, est sacré roi des Lombards par Serge II (Rome, 844) et avec l'épée « de saint Pierre » que la veuve de Charles II le Chauve apporta avec d'autres insignes du roi de France Louis II le Bègue (877). Les rites de chevalerie étant codifiés depuis les Carolingiens (ordo de Mayence, vers 961), on les intégrera peu à peu à la cérémonie du sacre du roi (ordo des Francs de l'Ouest, vers 900), en pensant l'investir d'un « glaive spirituel » (ordo de sacre anglo-saxon de 973). Suger conte que Louis VI le Gros se vit ôter par le prélat « l'épée de la chevalerie du siècle » lors du sacre et qu'il reçut « celle de l'Église pour la punition des malfaiteurs » (1108). Au sacre de Philippe II Auguste en 1179, l'épée royale fut portée devant lui dans le cortège par le comte de Flandre. L'ordo du sacre français écrit vers 1200 montre que le roi doit être fait chevalier avant le rite de l'onction ; l'épée est ainsi portée, haute et nue ; l'archevêque la donne au roi, qui reçoit aussi des éperons : le souverain sera le protecteur de l'Église, du royaume, « le fort d'Israël » qui exercera la justice et qui, ayant pratiqué les vertus, pourra régner avec Celui dont il est l'image (prière de l'ordo). Cette cérémonie aura encore lieu pour Charles X en 1825. Cette épée sera dite Joyeuse du nom de l'épée de Charlemagne dans les chansons de geste dès le sacre de Philippe III le Hardi en 1271 (elle était peut-être dite telle dès 1179) ; c'est un objet qui existe toujours en ses parties essentielles, incroyable amalgame d'éléments disparates (début du xie s., mais montage de la poignée à la fin du xiie s.) ; diverses retouches furent apportées au cours des siècles ; la fusée fut refaite et le haut du fourreau fut restauré en 1804, l'épée « de Charlemagne » étant présente au sacre de Napoléon Ier après n'avoir été qu'une épave du trésor de Saint-Denis ; elle servit à Charles X, figura au musée des Souverains et se trouve dans la galerie d'Apollon au Louvre, avec les éperons d'or à boule du xiie siècle qui servirent au sacre royal. Lors de son sacre, Napoléon porta une épée faite sous le Consulat et dont la poignée était ornée du régent et d'autres diamants : avec des pierres de remplacement, elle se trouve dans les collections du prince Napoléon. L'épée de cérémonie de Charles X, faite pour être ornée de diamants (1824), fut transformée pour Napoléon III et fut volée dans la même galerie en 1976. Il existe bien d'autres épées illustres en France : au musée de l'Armée (hôtel des Invalides) est déposée l'épée de connétable de France datant du xve siècle, destinée à être portée haute et nue par ce grand officier de la Couronne, lors de l'entrée du roi en une ville ou lors de sa propre entrée, comme représentant du souverain ; on peut y voir aussi l'épée de François Ier à Pavie (1525), rapportée de Madrid par Murat (1808), l'épée de Napoléon Ier à Austerlitz (1805). Le cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale possède l'épée du grand maître de l'ordre de Saint-Jean dit de Malte que Bonaparte emporta après la prise de l'île (1798 : [...]

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Écrit par

  • : vice-président de l'Académie internationale d'héraldique

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