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TRÈVES ÉLECTORAT DE

Territoire sur lequel l'archevêque de Trèves exerce la souveraineté territoriale (Landeshoheit). L'électorat de Trèves se présente comme une bande allongée qui épouse d'abord le cours de la Moselle et s'étend ensuite au-delà du Rhin. Au xviiie siècle, l'ensemble est peuplé d'environ 280 000 habitants. Depuis le xive siècle, l'électorat est divisé en deux circonscriptions administratives : l'Oberstift (Haut-Évêché) et le Niederstift (Bas-Évêché), séparés par l'Eltz, affluent de la Moselle. Trèves est le chef-lieu de la première, Coblence celui de la seconde. L'Électeur réside à Trèves, à Coblence, ou encore à Ehrenbreitstein. Depuis 1576, le prince-archevêque est également administrateur de l'abbaye princière de Prüm.

L'importance de cet électorat ne résulte ni de l'étendue réduite de son territoire, ni de sa population, mais avant tout des fonctions que l'archevêque, titulaire du plus ancien siège épiscopal de l'Allemagne, exerce dans le Saint Empire romain germanique, tant dans le collège électoral qu'à la diète de l'Empire. Lors de l'élection impériale, il est le premier à déposer sa voix ; c'est devant lui que l'Électeur de Mayence doit prêter serment. L'autorité spirituelle de l'archevêque métropolitain s'étend, jusqu'à la Révolution française, sur les évêchés suffragants de Metz, de Toul et de Verdun, détachés en fait de l'Empire dès 1552 et en droit depuis 1648. L'autorité temporelle du prince régnant est limitée dans l'électorat par l'influence du chapitre cathédral (quarante chanoines, dont seize capitulaires) qui, depuis 1456, impose à l'archevêque, avant son élection, des capitulations. Depuis 1650, le chapitre prend part au gouvernement du territoire. Il y a deux états dans l'électorat : d'une part le clergé (sans le chapitre cathédral), d'autre part les villes (les deux capitales et douze autres villes) et, jusqu'à 1622, des députés des bailliages et des villages. La diète ainsi que l'assemblée de la députation des États (Ausschuss) siègent chaque année dans les deux capitales, Trèves et Coblence. Les États accordent et réglementent les impôts de l'électorat.

Au xive siècle, c'est surtout Baudouin de Luxembourg (1307-1354) qui essaie de consolider le territoire et qui joue un rôle éminent, notamment lors de l'élection des empereurs Henri VII, Louis IV de Bavière et Charles IV. Un autre Électeur, Richard de Greiffenclau-Vollraths (1511-1531), essaie de trouver un compromis entre le catholicisme et la doctrine de Martin Luther. L'archevêché de Trèves a été épargné en grande partie par les troubles de la Réforme et de la Contre-Réforme. Au xviie siècle, le territoire, qui se trouve pris dans les conflits opposant les maisons de Bourbon et de Hasbsbourg, souffre beaucoup des destructions provoquées par diverses opérations de guerre. François-Louis de Palatinat-Neuburg (1716-1729) et François-Georges de Schönborn (1756-1768) s'emploient surtout à la consolidation intérieure de l'électorat. François-Georges fait construire de magnifiques châteaux et églises. Le dernier Électeur est Clément Wenzeslas (1768-1803), fils de Frédéric-Auguste II de Saxe, roi de Pologne (sous le nom d'Auguste III). En 1794, la plus grande partie de l'électorat est occupée par les Français et devient, en 1798, département de la Sarre avec Trèves pour chef-lieu. La partie qui se trouve sur la rive droite du Rhin est sécularisée en 1803.

— Peter Claus HARTMANN

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Classification

Pour citer cet article

Peter Claus HARTMANN. TRÈVES ÉLECTORAT DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • COBLENCE

    • Écrit par François REITEL
    • 629 mots
    • 1 média

    À l'emplacement d'un établissement celte, au confluent de la Moselle et du Rhin fut créé vers 9 avant J.-C., à l'initiative de Drusus, un camp romain, Confluentes, qui devint bientôt une cité. Un pont sur la Moselle, un autre sur le Rhin firent de la ville un point de passage essentiel...

  • ÉLECTEURS D'EMPIRE

    • Écrit par Anne BEN KHEMIS
    • 980 mots

    Dans la tradition franque, le roi est acclamé par le peuple, en réalité par les hommes libres en état de porter les armes : les Freiherrn, qui sont les barons de l'époque féodale. Ils sont regroupés en nations dans la partie germanique de l'Empire carolingien : Bavarois, Souabes et Saxons...

Voir aussi