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SUBSISTANCE ÉCONOMIE DE

Certaines sociétés primitives ont été analysées comme des sociétés d'autosubsistance. Aujourd'hui encore, en Amérique latine, en Asie ou en Afrique, on peut trouver, plus ou moins exceptionnellement, des groupes sociaux de dimension réduite ou très réduite vivant dans une autarcie assez large à l'égard du monde, et on les dénomme économies de subsistance.

Par cette expression, on désigne donc un groupe social (une communauté) vivant des produits de son travail. Il utilise des techniques archaïques, car le progrès dans les structures mêmes de l'appareil de production engendre inévitablement des besoins (outillage, engrais) qui ne peuvent être assurés que dans l'échange. Par le fait même, les rendements sont faibles d'autant plus que — sauf cas de combinaisons eau, sol, climat tout à fait exceptionnelles — les terres s'épuisent vite, obligeant souvent à une agriculture itinérante. Les transports sont donc réduits au strict minimum, à l'intérieur de la communauté ou pour assurer ses déplacements, ce qui les rend réalisables à dos d'animaux si ce n'est à dos d'homme.

Néanmoins, tout travail produisant un surplus, on ne peut envisager de groupes vivant ou ayant vécu durablement dans un tel équilibre sans chercher à l'expliquer. À long terme, une partie de ce surplus peut être utilisée à l'élargissement des dimensions du groupe, et on constate historiquement, en effet, l'accroissement de leurs forces productives dans le passé, alors que les groupes observés actuellement paraissent très statiques. Ce surplus peut être aussi nul ou très faible, si l'effort et le temps de travail sont déterminés pour produire ce qui est strictement nécessaire aux subsistances « normales » : le surplus se réalise alors sous forme de temps libre, ce qui explique le jugement d'irrationalité souvent porté sur ces groupes au nom de nos propres critères d'appréciation. Le surplus peut y être l'objet de consommations collectives rituelles ou individuelles ostentatoires. Le surplus peut enfin être prélevé par une classe dominante, l'économie de subsistance n'excluant pas une structure de classes de la société.

Notons aussi que la rencontre avec les sociétés modernes engendre toujours pour ces groupes des altérations fondamentales à ce qui était leur fonctionnement traditionnel. Les collectivités qui se sont ainsi trouvées intégrées au commerce mondial en ont été profondément transformées dans leur fonctionnement interne et dans leur équilibre sociobiologique.

— Gérard DESTANNE DE BERNIS

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Écrit par

  • : professeur à la faculté de sciences économiques de Grenoble, président de l'Institut de sciences mathématiques et économiques appliquées, Paris

Classification

Pour citer cet article

Gérard DESTANNE DE BERNIS. SUBSISTANCE ÉCONOMIE DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AFRIQUE NOIRE (Culture et société) - Civilisations traditionnelles

    • Écrit par Jacques MAQUET
    • 2 910 mots

    Les sociétés globales – ainsi appelées parce qu'en chacune d'elles l'individu trouve l'ensemble des réseaux de relations sociales dont il a besoin au cours de sa vie – furent nombreuses dans l'Afrique traditionnelle, celle qui prit fin avec la période coloniale en ses débuts, vers le dernier quart...

  • CÉRÉALES

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  • CHASSE ET CUEILLETTE

    • Écrit par Alain TESTART
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    ...souvent spectaculaire, surtout celle du gros gibier (comme l'éléphant ou la baleine) : elle met en jeu un outillage et éventuellement un rituel élaborés. Mais, dans bien des cas, c'est la cueillette des produits végétaux, activité monotone et répétitive, qui assure l'essentiel de l'alimentation : elle est...
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Voir aussi