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PONTS & CHAUSSÉES ÉCOLE DES

Figurant parmi les plus anciennes écoles d’ingénieurs du monde, l’École des ponts et chaussées – devenue depuis la fin des années 2000 École des Ponts ParisTech – est intimement liée au corps des ingénieurs des Ponts et Chaussées qui a été fondé en France en 1716, avec pour mission première la mise en place du réseau routier du pays. Recrutés au coup par coup et sans formation commune, les ingénieurs du corps des Ponts et Chaussées jouissent au départ d’une grande autonomie dans leur façon de travailler. Pour renforcer la cohérence d’ensemble, l’intendant Daniel-Charles Trudaine (1703-1769) crée à Paris, en 1744, le Bureau des dessinateurs où sont examinés et revus tous les plans des routes à ouvrir dans les différentes parties du royaume. Par un arrêt daté du 14 février 1747, on décide de recruter les ingénieurs des Ponts et Chaussées parmi les employés du Bureau tout en assurant à ces jeunes « dessinateurs » un minimum de formation. En conférant au Bureau une mission de formation, cet arrêt peut être considéré comme l’acte fondateur de l’École des ponts et chaussées. En effet, la vocation pédagogique de l’établissement ira en s’intensifiant, au point que, dès la fin des années 1750, on emploie à son sujet de façon indistincte les appellations d’École et de Bureau. En 1775, un règlement signé par Anne Robert Jacques Turgot consacre définitivement l’appellation d’École des ponts et chaussées.

L’École des ponts et chaussées aux xviiie et xixe siècles

École des ponts et chaussées - crédits : École nationale des ponts et chaussées

École des ponts et chaussées

Durant le xviiie siècle, l’École des ponts et chaussées (E.P.C.) reste un établissement très différent d’une école moderne d’ingénieurs. Le directeur de l’établissement, l’ingénieur Jean-Rodolphe Perronet (1708-1794), choisit les futurs élèves à la suite d’un simple entretien informel. À l’intérieur de l’établissement, ce sont les élèves les plus expérimentés qui transmettent à leurs camarades leurs connaissances théoriques. Quant aux cours techniques – dessin et architecture civile, ponts et routes, écluses, digues, canaux, ports... –, ils sont donnés chez des praticiens en dehors de l’École. Une série de concours annuels, sous forme de projets, familiarisent les élèves avec les savoirs et les pratiques de l’ingénieur des Ponts et Chaussées, tout en fonctionnant comme une barrière d’entrée au corps des Ponts et Chaussées : alors que, entre 1750 et 1789, l’École accueille quelque 700 élèves, l’admission dans le corps concerne un peu moins de la moitié d’entre eux, après une scolarité qui dure généralement de cinq à sept ans. Enfin, chaque année au cours de la belle saison, les élèves partent en province pour assister des ingénieurs du corps des Ponts et Chaussées en exercice dans leurs tâches quotidiennes.

Après la création de l’École polytechnique en 1794, l’École des ponts et chaussées devient, en 1795, l’un des établissements d’application de celle-ci. Désormais pour devenir Ingénieur des ponts et chaussées (I.P.C.), il faut suivre un double cursus : deux ans à l’École polytechnique, puis trois ans à l’E.P.C. Cette dernière décide par ailleurs, en 1804, de mettre fin à l’enseignement mutuel et se dote, à l’instar de l’École polytechnique, de professeurs appointés. Comptant désormais dans son corps enseignant plusieurs polytechniciens dotés d’une culture scientifique de haut niveau, dont de futurs académiciens comme Henri Navier (1785-1836) ou Gaspard Gustave Coriolis (1792-1843), l’établissement ajoute au caractère pratique de la formation qu’il continue à dispenser la dimension théorique qui manquait jusqu’alors. Sous la houlette de son corps professoral, l’École des ponts et chaussées devient ainsi l’un des lieux où s’élabore, durant le xixe siècle, la science de l’ingénieur spécialisé dans le génie civil et les travaux publics.

De[...]

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Écrit par

  • : docteur, habilité à diriger des recherches, chargé de recherche à l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux

Classification

Pour citer cet article

Konstantinos CHATZIS. PONTS & CHAUSSÉES ÉCOLE DES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

École des ponts et chaussées - crédits : École nationale des ponts et chaussées

École des ponts et chaussées

Autres références

  • PONTS ET CHAUSSÉES CORPS DES INGÉNIEURS DES

    • Écrit par Konstantinos CHATZIS
    • 701 mots
    • 1 média

    Figurant en bonne place parmi les grands corps d’État, le corps des ingénieurs des Ponts et Chaussées est créé en France par arrêt du Conseil du roi le 1er février 1716, avec comme mission première la mise en place du réseau routier du pays et des ouvrages annexes comme les ponts. Mais il faudra...

  • ÉCONOMIE (Définition et nature) - Enseignement de l'économie

    • Écrit par Jean-Marc DANIEL
    • 5 551 mots
    La diffusion de l'enseignement économique ne se fait pas pour autant très vite. La première institution à créer un nouveau cours est l'École des ponts et chaussées. Il est professé par Joseph Garnier, personnage austère d'apparence mais qui a la réputation d'être fantasque et politiquement...
  • PERRONET JEAN-RODOLPHE (1708-1794)

    • Écrit par Antoine PICON
    • 961 mots

    Fondateur et directeur de l'École des ponts et chaussées, Jean-Rodolphe Perronet est aussi le plus grand constructeur d'ouvrages d'art français du xviiie siècle. Par la réputation qu'il acquiert au cours de sa longue carrière comme par la multiplicité de ses centres d'intérêt,...

  • PONTS

    • Écrit par Michel VIRLOGEUX
    • 12 284 mots
    • 19 médias
    ...Rialto à Venise, en 1590, en sont des bons exemples. En France, la technique fit des progrès considérables au xviiie siècle grâce à la création du Corps des ponts et chaussées, en 1716, de l'École des ponts et chaussées, en 1747, et aux ouvrages de Jean-Rodolphe Perronet, son premier directeur...

Voir aussi