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ÉCHINOCOCCOSES

Les échinococcoses sont des parasitoses graves liées au développement, chez les mammifères herbivores et omnivores (et chez l'homme), des larves dites « hydatides » des ténias du genre Echinococcus. Une hydatide peut se définir comme une larve vésiculaire pouvant contenir plusieurs milliers de têtes de ténia (ou scolex). En effet, à partir d'un seul œuf naît une seule larve, mais celle-ci va élaborer plusieurs milliers de scolex dont chacun donnera un ténia adulte. Ce phénomène de multiplication larvaire porte le nom de polyembryonie.

Le cycle des échinocoques peut se résumer ainsi : le minuscule ténia adulte (quelques millimètres) vit dans l'intestin des carnivores (canidés ou félidés) et pond plusieurs milliers d'œufs qui sont dispersés dans la nature avec les fèces et souillent les herbes ; ces œufs (ou plus exactement ces embryophores) sont très résistants aux agents climatiques et peuvent survivre pendant de longs mois ; lorsqu'un herbivore avale cet embryophore, sa coque est dissoute et l'embryon dit hexacanthe (il est armé de 6 crochets larvaires) est libéré ; il traverse la paroi du tube digestif de l'hôte et passe dans la circulation sanguine qui le transporte jusqu'à l'organe où son développement se poursuivra.

Echinococcus granulosus est l'agent du kyste hydatique. Son hôte définitif est carnivore, avant tout le chien (aussi le chacal, le loup, le coyote). L'hôte intermédiaire, herbivore, que l'hôte définitif doit consommer pour se trouver contaminé, peut être le mouton, mais aussi les bovins, la chèvre, le chameau, voire le porc ; la localisation privilégiée de la larve est le foie de cet herbivore. L'embryon hexacanthe se vésiculise, la cavité centrale se remplit de liquide eau de roche et lentement la taille du kyste augmente, pouvant atteindre plusieurs dizaines de centimètres de diamètre. La membrane qui tapisse intérieurement la cavité bourgeonne vers l'intérieur des vésicules filles contenant chacune plusieurs scolex caractérisés par leurs quatre ventouses et leurs couronnes de crochets. Cette hydatide peut vivre plusieurs années chez l'hôte intermédiaire et sa paroi est très longtemps parfaitement étanche. Mais elle peut finir par se rompre et c'est une éventualité catastrophique, car chaque fragment de l'hydatide, tant la membrane interne que les scolex ou les vésicules filles, peut reformer un kyste identique au kyste originel. Lorsque l'herbivore est dévoré par un chien, la paroi du kyste est digérée mais non les scolex. Ceux-ci une fois libérés vont se fixer à la paroi du tube digestif, devenir adultes et commencer à pondre. L'épidémiologie de la maladie est dominée par les contacts chien/mouton, et ce sont donc, avant tout, les pays d'élevage du mouton qui sont des zones d'endémie. L'homme s'insère accidentellement dans ce cycle par contact avec les chiens et il est contaminé en caressant la fourrure de l'animal ou en se laissant lécher par lui. La découverte du kyste hydatique hépatique de l'homme est souvent fortuite, à l'occasion d'un examen radiologique ou échographique. Plus tard il déterminera, par son volume, des troubles de compression ; par sa fissuration, des phénomènes allergiques (urticaire, prurit). Sa rupture peut entraîner la mort immédiate par choc anaphylactique ou la mort secondairement provoquée par la greffe des fragments d'hydatide dans divers organes (poumons, cerveau, os, péritoine). Les kystes pulmonaires primitifs sont bien plus rares que les kystes hépatiques (30 p. 100 contre 60 p. 100) mais tout aussi redoutables.

Echinococcus multilocularis est l'agent de l'échinococcose alvéolaire. Ses hôtes définitifs sont le renard, plus rarement le chien et le chat, et ses hôtes intermédiaires des rongeurs champêtres (campagnols surtout), mais[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Franche-Comté, centre collaborateur O.M.S. pour la prévention et les traitements des échinococcoses humaines
  • : professeur à la faculté de médecine de Paris-Saint-Antoine, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

Classification

Pour citer cet article

Patrick GIRAUDOUX et Yves GOLVAN. ÉCHINOCOCCOSES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FOIE

    • Écrit par Jacques CAROLI, Universalis, Yves HECHT
    • 9 970 mots
    • 6 médias
    – Dans les échinococcoses, la formation de kystes autour des parasites détermine des cavités intrahépatiques assez limitées dans l'hydatidose à Echinococcus granulosus, mais expansives dans l'échinococcose alvéolaire provoquée par E. multilocularis.
  • HYDATIDOSE

    • Écrit par Yves GOLVAN
    • 814 mots

    L'hydatidose (ou kyste hydatique) est une parasitose grave liée au développement — chez les mammifères herbivores mais aussi chez les mammifères omnivores et chez l'homme — des larves dites « hydatides » du ténia Echinococcus granulosus. Une hydatide est une larve vésiculaire...

  • PARASITOLOGIE ET MALADIES PARASITAIRES

    • Écrit par Universalis, Yves GOLVAN
    • 8 241 mots
    • 2 médias
    Leminuscule ténia échinocoque du chien pond des œufs qui, disséminés sur les plantes, seront avalés par les herbivores et accidentellement par l'homme. La larve microscopique qui en sort se fixe dans le foie et se transforme en une monstrueuse masse kystique, pesant plusieurs kilos et contenant des...

Voir aussi