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DOUBLE ARTICULATION

Dans le cadre de la linguistique fonctionnelle d'André Martinet, la double articulation désigne la propriété de tout énoncé linguistique d'être segmenté à deux niveaux : à un premier niveau (la première articulation), en unités ayant à la fois une face formelle (signifiant, dans la terminologie saussurienne) et une face significative (signifié, dans la même terminologie) ; ces unités peuvent être de longueur variable (phrase, syntagme, etc.) ; on appelle monème l'unité significative minimale (bateau, rateau, gâteau). À un second niveau (la seconde articulation), ces unités peuvent elles-mêmes être segmentées en unités plus petites n'ayant pas de sens, mais participant à la distinction du sens des unités de première articulation : les unités distinctives (dans /bato/, /rato/ et /gato/, /b/, /r/ et /g/ sont les unités distinctives qui servent à distinguer le sens des trois unités significatives). On appelle phonème l'unité distinctive minimale.

Ainsi, dans l'énoncé « le chat mangera », on pourra pratiquer deux segmentations successives. La première nous donnera cinq unités significatives (cinq monèmes) : le, chat, mang- (verbe manger), -r- (marque du futur) et -a (marque de la personne). La seconde segmentation nous donnera huit unités distinctives (huit phonèmes) : /l/, /ə/, /ʃ/, /a/, /m/, /ã/, /ž/, /r/.

Cette double articulation constitue le fondement d'une économie importante dans la production d'énoncés linguistiques : en effet, avec un nombre limité de phonèmes (une trentaine en moyenne dans chaque langue), on peut construire un nombre illimité d'unités de première articulation et donc un nombre illimité d'énoncés.

— Louis-Jean CALVET

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Écrit par

  • : docteur ès lettres et sciences humaines, professeur à la Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Louis-Jean CALVET. DOUBLE ARTICULATION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GRAMMAIRE

    • Écrit par Jean-Claude MILNER
    • 8 586 mots
    ...remarquable des langues naturelles : c'est ce qu'on a pu appeler leur caractère articulé. Réciproquement, ce qu'on entend quand on dit que le langage est articulé, c'est seulement cette double nature des parties du discours. De même, la contradiction apparente entre le caractère fini des parties du discours...
  • MORPHÈME

    • Écrit par Louis-Jean CALVET
    • 950 mots

    Le terme morphème a au moins trois sens différents en linguistique.

    On l'a d'abord employé pour désigner l'unité repérable dans un complexe morphologique où se découpaient un élément porteur de sens (appelé lexème ; parfois, mais plus rarement, sémantème) et un autre, grammatical, signalant...

  • MORPHOLOGIE, linguistique

    • Écrit par Robert SCTRICK
    • 323 mots

    Au sens étroit, la morphologie est la partie de la grammaire qui s'occupe de la formation des mots par adjonction d'affixes à des thèmes. En ce sens, morphologie s'oppose essentiellement à syntaxe, ce dernier champ étant l'étude des rapports entre les éléments de la phrase....

  • PLURILINGUISME

    • Écrit par Penelope GARDNER-CHLOROS, Andrée TABOURET-KELLER
    • 9 228 mots
    La notion d'interférence recouvre ainsi des processus divers auxquels le linguiste applique la grille d'une double articulation d'unités. Les « mots » que chacun sait reconnaître sont composés d'une ou de plusieurs unités de première articulation, les monèmes. Ainsi, dans « travaillons », on reconnaît...

Voir aussi