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DJAMĀL AL-DĪN AL-AFGHĀNĪ (1838-1897)

Iranien, formé en milieu shī‘ite duodécimain, et non sunnite comme il l'a laissé croire, al-Sayyid Muḥammad b. Ṣafdar Djamāl al-dīn al-Afghānī se prétend afghān (d'où le nom ethnique d'al-Afghānī). Il fait des études à Qazwin, à Téhéran et à Najaf. À partir de 1856, il mène la vie errante d'un propagandiste ; si ses idées et ses attitudes ont pu varier, il semble avoir conservé constamment le même objectif : utiliser la culture traditionnelle et les motivations religieuses des musulmans pour les amener à résister sur tous les plans (politique, économique, culturel) à l'invasion occidentale. Lors de son séjour en Égypte, de 1871 à 1879, il se consacre à la formation de disciples, dont le célèbre Muḥammad ‘Abduh, qui poursuivra son œuvre ; en Inde, en 1881, il publie un pamphlet contre les musulmans collaborateurs des Anglais, La Réfutation des matérialistes (en persan, Haqīqat-i mazhab-i naichirī va bayān-i hāl-i naichiriyyān) ; en 1884, avec Muḥammad ‘Abduh, il fait paraître à Paris une revue en arabe, Al-‘Urwa al-Wuthqā (Le Lien indissoluble), dont dix-huit numéros sont publiés ; en 1891 et 1892, en Iran, il est un des promoteurs du boycottage populaire de la régie des tabacs, dont le shāh avait accordé la concession à un Anglais ; en 1892, le sultan ‘Abd al-Hamīd II l'invite à Istanbul ; al-Afghānī accepte, espérant servir les plans panislamistes du sultan, mais, en réalité, il passe ses dernières années dans une captivité dorée ; il est probablement l'instigateur de l'assassinat du shāh Nāṣir al-dīn (1896). Il meurt du cancer ou, selon certains, empoisonné. Propagandiste du panislamisme, il est considéré comme un des principaux fondateurs de plusieurs nationalismes orientaux.

— Gilbert DELANQUE

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, ancien membre scientifique de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire, chargé d'enseignement à l'Institut de linguistique générale et d'études orientales et slaves de l'université de Provence

Classification

Pour citer cet article

Gilbert DELANQUE. DJAMĀL AL-DĪN AL-AFGHĀNĪ (1838-1897) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ‘ABDUH MUḤAMMAD (1849-1905)

    • Écrit par Eglal ERRERA
    • 470 mots

    Né à Mahallab al-Nasr (Égypte), Muḥammad ‘Abduh (Mohammed Abdou) reçoit une éducation traditionnelle et entre à l'université d'al-Azhar en 1866 ; là, il subit l'influence de mystiques religieux musulmans — son ouvrage Risālat al-waridat (Traité d'inspirations mystiques...

  • ARABISME

    • Écrit par Universalis, Maxime RODINSON
    • 5 530 mots
    • 6 médias
    ...mouvement protestataire anti-impérialiste et protonationaliste est, après le poète turc Namyk Kemal, qui développe déjà des idées semblables vers 1871-1876, le Persan Djemāl ad-dīn dit al-Afghānī (1838-1897), conspirateur révolutionnaire, semeur d'idées, libre penseur qui se rallie à l'utilisation tactique...
  • ISLAM (Histoire) - Le monde musulman contemporain

    • Écrit par Françoise AUBIN, Olivier CARRÉ, Nathalie CLAYER, Universalis, Andrée FEILLARD, Marc GABORIEAU, Altan GOKALP, Denys LOMBARD, Robert MANTRAN, Alexandre POPOVIC, Catherine POUJOL, Jean-Louis TRIAUD
    • 31 426 mots
    • 12 médias
    ...les sciences et les techniques de l'Occident tout en faisant revivre l'islam dans ses authentiques dimensions politiques, sociales, voire impériales. Tel était le message principal du Persan Jamāl Eddine al-Afghāni, dont la présence et l'influence en Égypte et donc dans le monde arabe ont été...
  • SALAFISME

    • Écrit par Cyrille AILLET
    • 4 358 mots
    • 3 médias
    ...appréhender le salafisme réside dans la diversité de ses courants nourriciers. Les premiers penseurs qui l’ont inspiré, parmi lesquels se détachent les noms de Djamāl al-Dīn al-Afghānī (1838-1897) et de Muḥammad ‘Abduh (1849-1905), n’ont pas grand-chose à voir avec Sayyid Quṭb (1906-1966), le théoricien des Frères...

Voir aussi