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‘ABDUH MUḤAMMAD (1849-1905)

Né à Mahallab al-Nasr (Égypte), Muḥammad ‘Abduh (Mohammed Abdou) reçoit une éducation traditionnelle et entre à l'université d'al-Azhar en 1866 ; là, il subit l'influence de mystiques religieux musulmans — son ouvrage Risālat al-waridat (Traité d'inspirations mystiques, 1874) le manifestera. Djamāl al-Dīn al-Afghānī, qu'il rencontre en 1872, l'ouvre aux problèmes de la vie politique et à ceux que font naître les contacts avec l'Occident ; ‘Abduh fait alors du journalisme. En 1879, l'agitation qui se développe en Égypte et l'abdication du khédive Ismā‘īl annoncent l'occupation anglaise ; ‘Abduh devient professeur à l'École supérieure de Dār al-‘Ulūm, en 1879, puis rédacteur en chef du journal Al-Waska'is al-Missiya, organe du parti libéral. Un peu plus tard, il écrira l'histoire de la révolte nationaliste armée que, le 9 septembre 1881, le colonel ‘Arabī pacha lance contre le khédive Tawfīq et l'occupant anglais ; la révolte échoue ; on sait par Rashīd Riḍā, son disciple, qu'‘Abduh, favorable à l'avènement d'un régime libéral, préconisait la réforme et non la violence ; lors du procès d'‘Arabī, il est quand même condamné à trois ans et trois mois d'exil, ce qui l'amène à vivre à Paris. Là, il retrouve al-Afghānī et collabore à sa revue Al-‘Urwa al-wuthqā (Le Lien indissoluble).

Revenu en Égypte en 1889, ‘Abduh est juge près les tribunaux indigènes, conseiller à la cour d'appel, membre du Conseil législatif, fondateur du comité d'administration d'al-Azhar, mufti d'Égypte enfin en 1889. Dans toutes ces instances, ‘Abduh fait œuvre de réformateur : en particulier par le biais du conseil législatif, il se fait le principal éducateur politique des Égyptiens. Le programme d'‘Abduh tient en quatre points : réforme de la religion islamique par le retour à l'état primitif de l'islam, rénovation de la langue arabe, reconnaissance du droit du peuple face au gouvernement et reconnaissance du dogme islamique.

En matière proprement religieuse, ‘Abduh s'élève contre le taqlid (imitation de l'Occident) et se bat pour le retour à la toute première tradition coranique (umma islamiya). Il préconise la tolérance religieuse et souligne l'importance du ‘aql (raison) ; la raison est, à ses yeux, le régulateur de la religion et permet la collaboration de la religion et de la science.

En 1897, ‘Abduh écrit son Risālat al-tawḥīd (Traité de l'unicité divine) ; ce sera sa principale œuvre théologique. Il fera œuvre d'apologète dans Le Rôle respectif du christianisme et de l'islam dans la science et la civilisation ou encore dans des articles de la revue Al-Manar.

— Eglal ERRERA

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Écrit par

  • : diplômée de l'École nationale des langues orientales, maître en sociologie

Classification

Pour citer cet article

Eglal ERRERA. ‘ABDUH MUḤAMMAD (1849-1905) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CORAN (AL-QURĀN)

    • Écrit par Régis BLACHÈRE, Claude GILLIOT
    • 13 315 mots
    • 1 média
    À la fin du xixe et au début du xxe siècle, l'exégèse fut marquée par le commentaire du Manār, œuvre de Muḥammad ‘Abduh (mort en 1905) et de Rašīd Riḍā (mort en 1935). On peut mentionner aussi dans la même ligne celui du Constantinois Ibn Bādīs (mort en 1940). On trouve dans ces commentaires...
  • DJAMĀL AL-DĪN AL-AFGHĀNĪ (1838-1897)

    • Écrit par Gilbert DELANQUE
    • 311 mots

    Iranien, formé en milieu shī‘ite duodécimain, et non sunnite comme il l'a laissé croire, al-Sayyid Muḥammad b. Ṣafdar Djamāl al-dīn al-Afghānī se prétend afghān (d'où le nom ethnique d'al-Afghānī). Il fait des études à Qazwin, à Téhéran et à Najaf. À partir...

  • MU‘TAZILISME

    • Écrit par Roger ARNALDEZ
    • 5 840 mots
    ...influence est essentiellement limitée à la défense et à la conception de la liberté. Encore n'est-elle pas toujours ouvertement déclarée. C'est ainsi que Muḥammad ‘Abduh écrit que « l'islamisme est la négation du fatalisme » ; et il affirme que la science de Dieu n'entraîne pas la prédestination. Le Commentaire...
  • SALAFISME

    • Écrit par Cyrille AILLET
    • 4 358 mots
    • 3 médias
    ...ses courants nourriciers. Les premiers penseurs qui l’ont inspiré, parmi lesquels se détachent les noms de Djamāl al-Dīn al-Afghānī (1838-1897) et de Muḥammad ‘Abduh (1849-1905), n’ont pas grand-chose à voir avec Sayyid Quṭb (1906-1966), le théoricien des Frères musulmans, et encore moins avec les leaders...

Voir aussi