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DISTRIBUTIONNALISME

On désigne sous le nom de distributionnalisme un courant linguistique d'inspiration structuraliste qui s'est développé aux États-Unis à partir des travaux de Leonard Bloomfield (1887-1949), rassemblés dans Language (1933), et qui a dominé la linguistique américaine jusqu'au début des années 1950.

Une méthode descriptive

Né en réaction contre les approches des grammaires mentalistes, ce courant s'est inscrit au départ dans la perspective mécaniste de la psychologie dite « behavioriste », qui entendait expliquer objectivement le comportement en termes de facteurs externes – stimulus et réponse – sans recourir à l'introspection. Dans cette perspective, le sens d'un message reste hors d'atteinte, puisqu'il est conçu comme coextensif à l'ensemble de la situation de communication ; la tâche de l'analyse linguistique revient donc à décrire uniquement la forme des éléments du message et leur combinatoire. Ce parti pris résolument descriptiviste et a-sémantique s'est trouvé conforté de fait par la nécessité de décrypter les très nombreuses langues amérindiennes présentes sur le continent américain. La linguistique distributionnaliste a donc eu partie liée dès l'origine avec l'ethnologie, en élaborant pour celle-ci une méthode scientifique de description de ces langues inconnues.

Cette méthode, exposée de façon détaillée par Zellig Harris (1909-1992) dans Methods in Structural Linguistics (1951), consiste à recueillir un « corpus » (c'est-à-dire un ensemble homogène d'énoncés considéré comme représentatif de la langue à étudier), puis à segmenter ce corpus. La technique de segmentation repose sur la comparaison de morceaux d'énoncés grâce auxquels, de proche en proche, on identifie les unités minimales de signification, appelées morphèmes. La notion clé est ici celle de « distribution » des unités sur la chaîne parlée ou écrite : la distribution d'un élément se définit comme la somme des environnements de cet élément (c'est-à-dire des autres éléments qui l'entourent) dans les énoncés du corpus. Sur ces bases, la hiérarchie des constituants d'une phrase (depuis les morphèmes isolés jusqu'à la phrase entière) peut être représentée de façon rudimentaire ; ce type de représentation, où chaque constituant s'emboîte dans un constituant de niveau supérieur, est connu sous le nom d'« analyse en constituants immédiats ».

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Classification

Pour citer cet article

Catherine FUCHS. DISTRIBUTIONNALISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BLOOMFIELD LEONARD (1887-1949)

    • Écrit par C.-H. VEKEN
    • 812 mots

    Homme réservé, à la personnalité austère et entière, L. Bloomfield marqua de façon déterminante le développement de la linguistique aux États-Unis et dans le monde. Né à Chicago, il étudia la grammaire et la philologie germanique à Harvard et, après avoir passé un an en Allemagne, où...

  • CONSTITUANT IMMÉDIAT

    • Écrit par Robert SCTRICK
    • 283 mots

    Lorsqu'on souhaite segmenter un énoncé en unités plus petites et ainsi de suite jusqu'à des éléments indécomposables, les morphèmes, on est conduit à user de procédures purement formelles qui permettent de décomposer l'ensemble et chaque sous-ensemble obtenu en sous-ensembles de rang immédiatement...

  • CORPUS, linguistique

    • Écrit par Robert SCTRICK
    • 309 mots

    Ensemble homogène et significatif de données linguistiques observées et à partir desquelles pourra s'élaborer la théorie. La notion de corpus est évidemment fondamentale dans la linguistique structurale : désireuse de substituer à la normativité de la grammaire ou aux fondements pseudo-logiques...

  • DÉTERMINANT, linguistique

    • Écrit par Robert SCTRICK
    • 611 mots

    On appelle déterminants une catégorie d'éléments linguistiques ayant pour fonction de se rapporter syntaxiquement au nom, avec lequel ils forment l'essentiel du syntagme (ou groupe) nominal. Du point de vue logique, leur rôle est d'actualiser le substantif en l'insérant dans la...

  • Afficher les 14 références

Voir aussi