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DÉFICIENCES MENTALES

Les déficiences mentales ont été reconnues médicalement depuis le début du xixe siècle. Esquirol distinguait l'idiot, qui a toujours été pauvre en intelligence, du dément, qui a perdu tous ses moyens intellectuels (cf. démence). Ce critère départageant processus de déperdition et pathologies originelles et chroniques a été conservé, mais d'autres catégories de déficiences sont apparues : les inhibitions intellectuelles, les troubles instrumentaux et les développements cognitifs dysharmoniques. Ces quatre catégories de déficiences ont en commun d'importantes difficultés à l'acquisition, à la conservation ou à la mise en œuvre des apprentissages, et des anomalies du développement ou de la décroissance de l'intelligence.

Les différentes déficiences mentales constituent un domaine important des maladies mentales. Elles sont fréquentes : en moyenne, 2 à 3 p. 100 de la population sont touchés. En France, elles touchent plusieurs millions de personnes. Elles sont rarement réversibles. Presque tous les enfants qui en sont atteints trouvent de grands avantages à suivre une scolarité tenant compte de leurs possibilités d'apprentissage, d'éducabilité et de scolarisation. Toutefois, leur insertion dans des classes banales pose des problèmes multiples, en particulier en raison, d'une part, de leur impossibilité de suivre le programme, et, d'autre part, de leur difficulté à accepter et comprendre les règles de la vie en société.

Le coût social des déficiences mentales est très lourd, tant sur le plan financier que sur celui des ressources institutionnelles et sociales mises en œuvre pour les accompagner, les protéger et leur venir en aide dès la petite enfance. La compréhension et la prise en charge de ces troubles nécessite de vastes connaissances médicales, une bonne familiarité avec les processus de développement psychologiques, et une bonne maîtrise de la psychopathologie. On commence seulement à savoir traiter et guérir quelques formes de ces maladies, mais le plus grand nombre d'entre elles demeure au-delà de toute ressource thérapeutique.

Définitions préalables

Il n'est pas possible d'aborder la question des déficiences mentales sans d'abord tenter de donner une définition de ce par rapport à quoi ces troubles psychiques sont repérés, à savoir les niveaux d'intelligence et d'apprentissage tenus pour normaux, correspondant à la moyenne observée chez la plupart des individus de même âge.

Intelligence

S'il est nécessaire de définir l'intelligence, l'entreprise apparaît difficile et vaine dès qu'on prétend la définir comme une fonction isolable en soi. En pratique, il est de beaucoup préférable de s'intéresser à l'intelligence en tant que moyen psychologique de connaître, de savoir, de comprendre, comme dans l'expression un peu désuète : « avoir l'intelligence de quelque chose ». On saisira alors l'intelligence au travers de ses manifestations, c'est-à-dire toutes les conduites cognitivo-intellectuelles d'un sujet, de tous les comportements traduisant son intelligence des situations : ses capacités d'identifier les choses et les gens dans son environnement, de percevoir les structures, d'interpréter les symboles, d'anticiper des conséquences d'une action, d'une situation ou d'un événement. Ces conduites incluent celles qui lui permettent de se souvenir d'expériences passées pour organiser son activité présente et prévoir son activité future, d'inventer des moyens nouveaux pour réaliser ses projets, ou encore d'apprendre ce que d'autres lui enseignent. Plus généralement, on entendra par intelligence l'ensemble des moyens mobilisés par un sujet pour participer de sa culture et organiser sa vie, ses actions, ses relations aux autres et pour réagir à des situations nouvelles d'une manière que son entourage et lui-même jugent[...]

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Écrit par

  • : docteur en médecine, docteur ès lettres et ès sciences humaines, professeur émérite de psychopathologie

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