Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LODGE DAVID (1935- )

David Lodge, né en 1935 à Londres, est considéré comme l'un des chantres du roman universitaire britannique, une forme littéraire qui s'est particulièrement développée dans la seconde moitié du xxe siècle en Angleterre sous la plume de Malcolm Bradbury, Kingsley Amis et A. S. Byatt. Pourtant, l'œuvre prolifique de Lodge, courant sur plus d'un demi-siècle, ne saurait se laisser enfermer dans cette unique catégorie. Elle se caractérise par une variété de genres littéraires, de modes narratifs, de formes stylistiques et thématiques sociales, culturelles et politiques, qui reflètent l'évolution de la société et de la littérature britanniques de l'après-guerre jusqu'au nouveau millénaire.

Un écrivain caméléon

Romancier accompli, dramaturge, scénariste et critique littéraire, David Lodge commence sa carrière en publiant des romans de facture réaliste tels que The Picturegoers (1960), Ginger, You're Barmy (1962) – inédits en France – et Hors de l'abri (1970), qui évoquent la Grande-Bretagne de la Seconde Guerre mondiale, le quotidien de la vie militaire mais aussi les milieux traditionnels catholiques de l'après-guerre. Dans le sillage d'écrivains catholiques qu'il admire, comme Evelyn Waugh ou Graham Greene, Lodge place au cœur de ses ouvrages suivants, La Chute du British Museum (1965), Jeux de maux (1980), Nouvelles du Paradis (1991), des questions cruciales sur les conséquences dramatiques, traitées sur un mode comique ou grinçant, des règles édictées par l'Église catholique sur la vie quotidienne de ses personnages (en particulier en matière de contraception et de sexualité). Professeur de littérature britannique moderne à l'université de Birmingham de 1960 à 1987, Lodge connut surtout un grand succès avec les romans universitaires satiriques qui forment sa trilogie de Rummidge : Changement de décor (1975), Un tout petit monde (1984) et Jeu de société (1988).

Quelques années plus tard, Thérapie (1995) s'éloigne des frasques universitaires et du mode comique pour se pencher sur la question très contemporaine de la dépression, tandis que Pensées secrètes (2001), situé à l'université de Gloucester et adapté pour le théâtre en 2011, explore les mécanismes de la conscience en opposant la perspective d'un scientifique guidé par le seul intellect et celle d'une romancière éprise de Henry James et de son utilisation du monologue intérieur. David Lodge revient au genre universitaire sur un mode plus mélancolique avec La Vie en sourdine (2008) qui met en scène un ancien professeur de linguistique confronté aux affres de la vieillesse et à l'approche de la mort. L'Auteur ! l'auteur ! (2004) consacré à Henry James et Un homme de tempérament (2011) sur H. G. Wells, constituent une nouvelle direction dans la production de l'auteur qui s'attache ici à un genre littéraire prisé par les écrivains du nouveau millénaire : le roman biographique. En mêlant faits réels et licence poétique, Lodge rend hommage à ces deux figures majeures de la littérature et propose un tableau fidèle du contexte historique et social de l'époque.

David Lodge est aussi scénariste pour la télévision et auteur de trois pièces de théâtre, L'Atelier d'écriture (1990), La Vérité toute nue (1999) – où il fustige les travers du monde de la télévision et des médias –, et Pensées secrètes, qui ont toutes été montées en France. C'est enfin un théoricien chevronné de la littérature ; alors que ses premières publications s'adressaient plutôt au milieu universitaire, ses ouvrages de critique depuis Après Bakhtine (1990) jusqu'à Dans les coulisses du roman (2006) en passant par L'Art de la fiction (1992) sont accessibles à un plus large public.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeure des Universités en littérature britannique contemporaine et en littératures postcoloniales à l'École normale supérieure de Lyon, membre de l'Institut universitaire de France

Classification

Pour citer cet article

Vanessa GUIGNERY. LODGE DAVID (1935- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi