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LODGE DAVID (1935- )

Petits tableaux de société

Dans toutes ses fluctuations, comiques et sérieuses, amères et lyriques, l'œuvre caméléon de David Lodge dresse une série de tableaux de la société contemporaine britannique sur cinq décennies qui s'inspirent en partie de son expérience et des milieux qu'il a pu côtoyer en tant que catholique, écrivain et universitaire. Plutôt que de proposer un panorama global de la société, Lodge se concentre sur des microcosmes et des communautés dont il fournit avec humour quelques tranches de vie au fil de comédies de mœurs, qui épousent une veine à la fois populaire et didactique. Ainsi, l'écrivain met en scène des personnages catholiques tiraillés entre les exigences de leur foi et les pulsions de leur libido, et décrit l'évolution d'une société initialement fondée sur des valeurs religieuses strictes vers un fonctionnement plus sécularisé. Dans ses romans universitaires, il adopte un mode burlesque et satirique, voire grivois, pour décrire les travers d'un petit monde porté par l'ambition et coupé de la réalité. Il insère en outre des développements érudits sur divers courants critiques, esthétiques et littéraires, et joue avec les conventions du roman réaliste, n'hésitant pas à dévoiler les mécanismes de sa propre fiction, à s'adresser directement au lecteur et à pratiquer l'art du pastiche et de la parodie. Ainsi, La Chute du British Museum, situé dans les années 1970, suit les tribulations du protagoniste au cours d'une seule journée dans Londres et imite le style d'écrivains tels que Franz Kafka, Graham Greene, D. H. Lawrence ou James Joyce. Dans Jeu de société, qui s'inscrit dans la tradition du roman industriel victorien à la Charlotte Brontë ou George Eliot, Lodge décrit l'impact social et économique de la politique ultralibérale mise en place par le gouvernement Thatcher sur le monde de la métallurgie. Au-delà des thèmes de société, ses ouvrages reposent souvent sur une intrigue sentimentale de l'ordre du vaudeville ou de la « romance », et mettent en œuvre une dynamique du suspens digne des meilleurs récits policiers. Si l'humour et la verve parfois grandiloquente de David Lodge restent les moteurs de son œuvre et de sa popularité, ils ne sauraient faire oublier la capacité de l'écrivain à susciter une émotion sans gravité excessive dans des ouvrages parcourus par un frisson nostalgique et élégiaque.

— Vanessa GUIGNERY

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Écrit par

  • : professeure des Universités en littérature britannique contemporaine et en littératures postcoloniales à l'École normale supérieure de Lyon, membre de l'Institut universitaire de France

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Pour citer cet article

Vanessa GUIGNERY. LODGE DAVID (1935- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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