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DAMIANI DAMIANO (1922-2013)

Révélé en France en 1962 avec L'Île des amours interdites (L'isola di Arturo), d'après le roman d'Elsa Morante et sur un scénario de Cesare Zavattini, Damiano Damiani est né à Pasiano di Pordenone (Frioul) en 1922. Il commence des études à l'Académie des beaux-arts de Milan, il rencontre alors Alberto Lattuada et Luigi Comencini autour du noyau de la future Cineteca Italiana, et aborde le cinéma en 1946 comme décorateur. Passage obligé, il écrit des scénarios et réalise plusieurs documentaires. Au début des années 1960, comme beaucoup de jeunes auteurs, il signe sa première mise en scène grâce à Zavattini. Ce sera Jeux précoces (Il rossetto, 1960), une délicate étude psychologique sur une adolescente impliquée dans un meurtre. Il sicario (1961), également sur un scénario de Zavattini, évoque un entrepreneur en faillite qui n'hésite pas à commanditer un meurtre pour faire disparaître l'homme à qui il doit une grosse somme d'argent. Autre adaptation littéraire, L'Ennui (La noia, 1963), d'après Alberto Moravia, confirme le goût de Damiani pour l'analyse des comportements morbides dans les rapports de classe. Catherine Spaak, au côté de Bette Davis et de Horst Buchholz, y trouve un de ses meilleurs rôles.

La suite est plus inégale et aussi plus éclectique. Après un western aux ambitions politiques sur un scénario de Franco Solinas, El Chuncho (Quien sabe ?, 1966), dans lequel il réunit Gian Maria Volontè, Klaus Kinski et Lou Castel, il adapte assez platement un roman de Leonardo Sciascia, La mafia fait la loi (Il giorno della civetta, 1968), dans lequel il dirige Claudia Cardinale, Serge Reggiani, Franco Nero et Lee J. Cobb. Il poursuit sa représentation de la criminalité sicilienne avec Seule contre la mafia (La moglie più bella, 1970), où il donne à Ornella Muti son premier rôle à l'écran.

Damiani, « voulant – comme il le dit lui-même –participer à la poussée démocratique » des années 1970, emprunte alors la voie du film de dénonciation citoyenne avec Confession d'un commissaire de police au procureur de la République (Confessione di un commissario di polizia al procuratore della Repubblica, 1971), Nous sommes tous en liberté provisoire (L'istruttoria è chiusa : dimentichi, 1972), Perché si uccide un magistrato (1975), Un juge en danger (Io ho paura, 1977). À cette époque, son nom est alors associé – un peu abusivement, car son propos est plus superficiel – à ceux de Francesco Rosi et d'Elio Petri comme représentants du cinéma politique.

Parmi ses meilleurs films, on peut citer deux films restés inédits en France La rimpatriata (1963), amère histoire d'un groupe d'anciens amis qui essaient en vain de revivre leur passé, et Girolimoni, il mostro di Roma (1974) dans lequel, à partir d'un fait divers authentique – un homme est faussement accusé du viol et du meurtre de plusieurs petites filles –, il met à nu la nature manipulatrice du fascisme. Nino Manfredi trouve là l'occasion d'une composition tout en nuances. Cinéaste habile, il revient au western en 1975 dans une production de Sergio Leone, Un génie, deux associés, une cloche (Un genio, due compari, un pollo), pastiche peu inspiré dans lequel il associe, en spécialiste des distributions inattendues, Terence Hill, Miou-Miou, Robert Charlebois et Klaus Kinski.

Dans les années 1980, Damiani poursuit sa carrière avec un film d'épouvante tourné aux États-Unis, Amityville 2. Le possédé (1982), des feuilletons télévisés, dont le très populaire La piovra (La Pieuvre, 1984), et quelques films de genre, comme Pizza Connection (1985) ou Gioco al massacro (1990) avec Elliot Gould et Nathalie Baye. Dans cette période, on peut encore citer L'inchiesta (1986), curieuse évocation de la disparition du corps du Christ avec Keith Carradine et Harvey Keitel dans le rôle de[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite, université professeur émérite, université Paris I-Panthéon Sorbonne

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Pour citer cet article

Jean A. GILI. DAMIANI DAMIANO (1922-2013) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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