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COMMUNES POPULAIRES

Unités de base mises en place par la République populaire de Chine pour préparer la collectivisation économique.

En 1953, après la distribution aux paysans pauvres des terres des grands propriétaires fonciers dépossédés, les autorités de Pékin transforment les équipes d'entraide saisonnières en équipes d'entraide permanentes, au sein desquelles la propriété privée reste encore acquise. Qualifiées de « semi-socialistes », les coopératives agricoles de production, étape suivante de cette transformation économique (décembre 1953), regroupent les anciennes équipes d'entraide et marquent un tournant : les terres passent entre les mains de collectivités qui les gèrent et les travaillent. Limité et prudent à ses débuts, le processus se précipite et les coopératives « socialistes » se multiplient en 1957.

Le développement de l'économie chinoise conduit les experts de Pékin à procéder, en avril 1958, à l'établissement de communes populaires, que des paysans de l'île Mayi et du Henan avaient préconisées. Cette dernière expérience de collectivisme coïncide avec le mouvement du « grand bond en avant » et répond aux besoins de l'économie chinoise : rentabilité améliorée par l'agrandissement des unités de production ; efficacité renforcée par la planification sur une large échelle ; claire définition des motivations et des objectifs ; mobilisation des masses paysannes.

L'établissement des communes populaires vise à mettre en pratique deux mots d'ordre économiques aussi spectaculaires que prématurés : le « grand bond en avant » et la « marche sur les deux jambes » (agriculture et industrie). En conséquence, les communes populaires, qui doivent constituer sinon un raccourci, du moins une formule pour un passage accéléré vers le communisme, se mettent fiévreusement à fabriquer plus d'un million de « petits hauts-fourneaux ». On cherche à atteindre le niveau industriel.

Après une période d'enthousiasme, l'échec est reconnu en 1960. Intervient alors un « réajustement » (1961). Les communes populaires voient d'abord leurs superficies réduites (aussi leur nombre passe-t-il de 26 000 à 74 000), et la brigade (de 15 à 20 par commune) devient la cellule de base, elle-même subdivisée en une dizaine d'équipes. La commune populaire regroupe entre 7 000 et 8 000 paysans, en moyenne, mais les disparités sont grandes. En second lieu, des réformes de structures modifient les communes populaires dont les attributions administratives et politiques coïncident avec l'unité territoriale du village (xiang), lequel comporte ses assemblées et ses comités responsables de l'application des directives du parti et du gouvernement. Les attributions économiques des communes leur assurent l'autonomie d'une entreprise (répartition du travail, des ventes et des crédits, gestion des stocks, organisation des transports et des plans locaux de construction) ; leur sont aussi demandés certains travaux d'intérêt général (électrification, barrages, épandages, plantages ou creusements de canaux). Les activités sociales des communes comprennent l'éducation, la santé et la culture.

Les revenus des communes populaires sont passibles d'impôts (le plus souvent en nature et représentant un forfait de 7 à 8 p. 100) ; plus de 50 p. 100 de ces revenus, distribués sous forme de salaires (dont l'éventail est très réduit), sont affectés aux dépenses courantes et aux investissements financés par fonds d'accumulation, variable avec la production. À la différence des unités productives de l'industrie soumises aux directives du Plan, les communes populaires décident elles-mêmes de leurs investissements, mais en tenant compte des directives étatiques. À partir de la révolution culturelle (1966), un effort a été consenti pour généraliser les « cinq garanties de[...]

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Pour citer cet article

Michel HOANG. COMMUNES POPULAIRES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHINE, histoire, de 1949 à nos jours

    • Écrit par Jean-Philippe BÉJA, Universalis, François GODEMENT
    • 19 198 mots
    • 15 médias
    ...main-d'œuvre, jugée sous-employée jusque-là. Les autorités lancent également une course à l'augmentation de la taille des coopératives collectives, passant en six mois d'une échelle modeste (de 15 à 20 familles) à celle, géante, des premières communes populaires (la commune Weixing-Spoutnik dans le Henan).

Voir aussi