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COMMUNE DE PARIS (1792)

Municipalité insurrectionnelle qui siégea à l'Hôtel de Ville de Paris du 10 août au 2 décembre 1792, poussa au renversement de la royauté et à diverses mesures révolutionnaires, avant de s'incliner devant la Convention, nouvellement élue. La Commune de 1792 illustre le rôle de Paris dans les moments les plus dramatiques de la Révolution.

À l'écart de la municipalité légale, une violente agitation antiroyaliste s'organise dans les assemblées de section en juillet 1792. Le 25 juillet, l'Assemblée législative autorise la permanence des sections. À l'initiative de la section de Mauconseil, le 3 août, une délégation de quarante-sept sections vint se présenter à la barre de l'Assemblée, demandant la déchéance du roi. Conduite par le maire Pétion, cette délégation comprenait déjà tout le personnel de la future Commune insurrectionnelle.

L'Assemblée s'efforça de briser le mouvement sectionnaire en cassant un arrêté de la section Mauconseil, mais l'effervescence, sous la menace du danger extérieur, jointe à la crainte d'une trahison du roi, était trop forte. L'occasion de l'insurrection fut fournie par la municipalité légale qui avait invité chaque section à envoyer trois délégués à la maison commune pour délibérer de la défense de Paris et de la formation d'un camp retranché sous ses murailles.

Les sections résolurent d'attribuer à leurs délégués des fonctions beaucoup plus amples. Dans la nuit du 9 au 10 août, la section des Quinze-Vingts prit l'arrêté suivant : « Attendu qu'il s'agit de sauver la patrie et la chose publique, la section nomme trois commissaires pour se rendre à la maison commune et, conjointement avec ceux qui seront nommés par les autres sections, aviser au moyen de se concerter sur les mesures à prendre dans les circonstances actuelles. »

Les délégations se rendent à l'Hôtel de Ville dans la nuit et, à sept heures du matin, le 10 août, vingt-huit sections sont représentées. Sous la présidence de Huguenin, la Commune insurrectionnelle terrorise la Commune légale qui siège dans la salle voisine. Le commandant de la Garde nationale est arrêté, les pouvoirs délégués par la Commune légale sont repris, le Conseil général de la Commune est suspendu ; le maire, le procureur de la Commune et les seize administrateurs devront continuer seuls leurs tâches administratives. Ainsi, la Commune insurrectionnelle s'adjoignait la tête de la Commune légale.

Dehors, c'est l'émeute et l'assaut contre le Louvre. Ce n'est qu'à midi qu'une délégation de la Commune insurrectionnelle se présente à l'Assemblée législative, conduite par Huguenin. L'insurrection l'a emporté, et l'Assemblée doit s'incliner et reconnaître la légitimité de la nouvelle Commune.

Un des premiers arrêtés de la Commune est de porter à six le nombre des délégués de chaque section : elle compte dès lors deux cent quatre-vingt-huit membres. Robespierre, Chaumette, Billaud-Varenne, Momoro, Hébert sont parmi les plus influents.

La Commune représentant les éléments les plus avancés du mouvement révolutionnaire parisien est très tôt en lutte contre l'Assemblée où dominent les Girondins qui doivent compter eux-mêmes avec la masse des députés feuillants. Finalement, les 30 et 31 août, l'Assemblée casse la Commune et ordonne de nouvelles élections. La Commune s'efforce de faire rapporter l'arrêté, en nommant Pétion à sa présidence, puis, excitée par Robespierre et Manuel, décide de résister, au besoin par la force. Danton parvient à éviter l'insurrection qui menace, en faisant ajourner les élections.

La Commune a pris, depuis le 10 août, un certain nombre de mesures révolutionnaires : elle substitue le mot de citoyen à celui de monsieur, date ses arrêtés de l'an I de[...]

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, bibliothécaire à la bibliothèque historique de la Ville de Paris

Classification

Pour citer cet article

Jean DÉRENS. COMMUNE DE PARIS (1792) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHAUMETTE PIERRE GASPARD dit ANAXAGORAS (1763-1794)

    • Écrit par Roger DUFRAISSE
    • 293 mots

    Né à Nevers, Chaumette navigue comme mousse puis comme timonier. Il étudie la médecine à Paris en 1789, puis devient rédacteur aux Révolutions de Paris en 1790. Entré au club des Cordeliers, il s'y fait, comme à la section du Théâtre-Français, le porte-parole des couches les plus déshéritées...

  • DANTON GEORGES JACQUES (1759-1794)

    • Écrit par Jean MASSIN
    • 1 987 mots
    • 1 média
    ...admirations qui s'égareraient sur les autres moments de sa carrière. Seul, dans un conseil des ministres dominé par Roland et les Girondins, il impose la résistance à l'offensive prussienne et le refus d'abandonner Paris ; seul, devant une Assemblée pusillanime et toujours royaliste en secret, il défend...
  • GIRONDINS ET MONTAGNARDS

    • Écrit par Jean MASSIN
    • 2 561 mots
    • 1 média
    ...Troisième phase de l'antagonisme, durant les quarante jours qui séparent la prise des Tuileries de la proclamation de la République : le conflit entre la Commune de Paris (entraînée par la Montagne) e t l'Assemblée législative (guidée par les brissotins, qui doivent compter avec une droite et même un...
  • HÉBERT JACQUES RENÉ (1757-1794)

    • Écrit par Jean TULARD
    • 627 mots

    Avec Marat et Desmoulins, Hébert a été le plus célèbre journaliste de la Révolution française, le plus discuté aussi. Fils d'un bourgeois aisé et d'une mère d'origine noble, il ne parvint jamais, contrairement à la légende qui l'assimile à son personnage, le Père Duchesne, à se débarrasser...

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Voir aussi