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COMMODE LUCIUS et plus tard MARCUS AELIUS ANTONINUS (161-192) empereur romain (180-192)

Dernier souverain de la dynastie des Antonins, Commode a été l'objet de vives critiques de la part des historiens. Il est vrai que son règne contraste avec ceux de ses prédécesseurs sur le trône impérial de Rome par le nombre de crimes odieux dont il a été entaché. Mais il convient également de faire la part de la calomnie. Commode, qui perd son frère jumeau, Antonin Geminus, reçoit une éducation soignée sous l'autorité de précepteurs latins et grecs, avec lesquels il apprend la littérature et la rhétorique. En 166, son père montre qu'il le destine à la pourpre impériale en lui conférant le titre de César, ainsi qu'à son autre fils Annius Verus. À la mort du co-empereur Lucius Verus en 169, Marc Aurèle donne à Commode des pouvoirs officiels d'autant plus accrus qu'il vient de perdre Annius Verus. Il lui confère le titre de Germanicus en 172. En 175, Commode est agrégé dans tous les collèges sacerdotaux et il part la même année pour le Danube où l'appelle Marc Aurèle. Dès lors l'empereur l'associe à ses campagnes militaires. En 177, Commode est associé à l'Empire avec le titre d'Auguste et en 178 il livre plusieurs batailles contre les Quades et les Marcomans qui menacent les frontières danubiennes. Il triomphe aux côtés de son père et reçoit également le surnom de Parthicus. Il est âgé de dix-neuf ans lorsque son père meurt, en 180, à Vienne. En dépit de ce qu'affirment les historiens, la paix que propose puis que conclut Commode avec les Daces, les Germains et les Iazyges n'est pas honteuse, car elle permet à l'empire de connaître quelques années de tranquillité à ses frontières.

Sous le règne de Commode, qui fut heureusement secondé par d'excellents officiers, légats et gouverneurs de provinces, seule, en effet, la Bretagne insulaire se révolte en 183 ; Ulpius Marcellus en est victorieux et Commode prend le titre de Britannicus. Ce sera plus tard au tour de Pertinax de réprimer une nouvelle insurrection dans l'île en 185. Aux autres frontières, les Barbares ne font que de brèves incursions sans conséquences graves pour l'empire. Commode, il faut lui rendre cette justice, est un empereur pacifique. En revanche sa politique intérieure est néfaste et l'empereur fait preuve de méfiance puis même de haine à l'égard des sénateurs. Prenant prétexte de nombreux complots dirigés contre lui, Commode fait mettre à mort en 183 Lucilla, sa sœur, qui était veuve de l'empereur Lucius Verus, Paternus, préfet du prétoire et sa propre épouse Crispine ; puis c'est au tour de Perennis d'être exécuté en 185 et de l'affranchi Cléandre, préfet du prétoire, de subir le même sort en 189. Commode dilapide le trésor de l'État par son amour immodéré des jeux, des fêtes, des spectacles, sans compter les orgies et les débauches qu'il organise avec ses concubines et ses favoris. Diverses anecdotes rapportées par les historiens romains illustrent les fantaisies cruelles de Commode. On prétend qu'il combat lui-même les bêtes féroces dans l'arène et même qu'il aime à revêtir la tenue de gladiateur. Ayant aperçu un jour un homme de forte corpulence, il le coupe en deux pour bien montrer sa force et pour le plaisir de voir se répandre les entrailles de sa victime. Une autre fois, poursuit la chronique, il assomme à coups de masse des habitants de Rome qui, pour des raisons diverses, ont perdu leurs pieds et il prétend alors qu'il ressemble à Hercule combattant les monstres. Il se prend donc pour la réincarnation d'un demi-dieu, ce qui est conforme à l'idéologie des souverains orientaux et témoigne de l'influence des coutumes religieuses hellénistiques sur l'Empire romain. De même les historiens expriment leur indignation lorsque Commode décide que Rome changera de nom et prendra celui de Colonnia Commodiana. Or cette résolution est, en réalité, la manifestation de l'effacement de Rome et de l'Italie devant les provinces. Commode finit[...]

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Écrit par

  • : diplômé d'études supérieures d'histoire, directeur de collections historiques

Classification

Pour citer cet article

Joël SCHMIDT. COMMODE LUCIUS et plus tard MARCUS AELIUS ANTONINUS (161-192) empereur romain (180-192) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ROME ET EMPIRE ROMAIN - Le Haut-Empire

    • Écrit par Yann LE BOHEC, Paul PETIT
    • 35 262 mots
    • 17 médias
    Depuis trois ans, reprenant avec son propre fils – pour la première fois depuis le début du siècle – l'expérience faite avec Lucius Vérus, Marc Aurèle s'était associé Commode, qui reçut le titre d'Auguste en 177, lui succéda sans difficulté et conserva quelque temps ses conseillers. Il mit fin à la guerre...

Voir aussi