COLONNE TRAJANE (Rome)

Colonne Trajane, Rome - crédits : A. M. Bremmer/ Shutterstock

Colonne Trajane, Rome

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Appartenant au nouveau forum construit par l’empereur romain Trajan et son architecte Apollodore de Damas à la suite des victoires sur les Daces, la colonne Trajane, inaugurée en 113 de notre ère, occupait le centre d'une cour située entre deux salles de bibliothèque, l'une grecque et l'autre latine, à l'arrière de la grande basilique (basilica Ulpia) qui barrait le fond du forum de Trajan. Placée sur un haut socle et surmontée à l'origine d'une statue colossale de l'empereur, la colonne mesure 100 pieds romains (près de 30 mètres). Par la frise figurée sculptée en bas relief qui s'enroule autour de son fût, la colonne Trajane constitue l'archétype d'une longue série de monuments honorifiques qui s'est prolongée jusqu'à l'époque moderne. Cette longue frise illustre sous la forme d'une narration continue les deux guerres conduites par Trajan contre les Daces. Le socle de la colonne était préparé pour servir de chambre funéraire aux urnes en or contenant les cendres de l'empereur et de son épouse Plotine. La signification originelle du monument est donc claire : le socle manifestait le retour à la terre du corps de l'empereur, la statue colossale son ascension céleste comme nouveau dieu, et la frise les exploits qui lui avaient mérité cette apothéose.

— Gilles SAURON

Colonne Trajane - crédits : Irisphoto1/ Shutterstock

Colonne Trajane

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La colonne Trajane marque l'achèvement d'un des ensembles monumentaux les plus grandioses de Rome. Le forum avait été construit à partir de 107, sous la direction de l'architecte Apollodore de Damas, entre les collines du Quirinal et du Capitole, pour célébrer les campagnes menées par l'empereur Trajan contre les Daces. D'une profonde originalité dans sa conception, sa structure et sa signification, la colonne est une création exceptionnelle. Les quelques colonnes commémoratives connues à l'époque républicaine n'ont en aucune façon l'ampleur et la richesse de ce monument, qui servira de modèle aussi bien pour la colonne de Marc Aurèle, quelques décennies plus tard à Rome, que pour celles de Théodose et d'Arcadius à Constantinople, à la fin du IVe et au début du Ve siècle.

Colonne Trajane - crédits : AKG-images

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Réalisée en marbre de Luni (dans la région de Carrare), elle repose sur une base décorée de trophées d'armes qui portait la statue de Trajan au sommet, à 40 mètres du sol. Signal érigé sur son tombeau, elle rappelait aussi, comme le précise l'inscription de dédicace, l'importance des travaux entrepris pour l'aménagement du forum. Placée le long de la basilique, entre les deux bibliothèques qui renfermaient sans doute des archives d'État, elle constitue à sa manière un rouleau illustré, dont les reliefs, formés d'une succession continue de scènes mettant en mouvement quelque 2 500 personnages, courent sur plus de 200 mètres autour du fût.

Depuis le sol, ou depuis les terrasses de bâtiments avoisinants, les spectateurs ne pouvaient sans doute distinguer qu'une partie des reliefs. La lecture des scènes était cependant facilitée par la polychromie des reliefs et par une composition très élaborée, qui avait créé sur la colonne des lignes de force verticales, le long desquelles revenaient des scènes identiques, et en particulier la figure de Trajan.

Colonne Trajane - crédits : AKG-images

Colonne Trajane

Les reliefs décrivent de manière narrative, avec un souci manifeste de précision documentaire, le déroulement des deux campagnes que l'empereur avait menées, en 101-102 et de 105 à 107, depuis le franchissement du Danube sur un pont de bateaux jusqu'à la déportation des Daces. L'introduction d'une grande figure de Victoire permettait, à mi-hauteur, une respiration entre les deux récits.

Colonne Trajane, Rome - crédits : AKG-images

Colonne Trajane, Rome

Si l'on ignore qui exécuta ces reliefs, celui qui les inspira, peut-être Apollodore lui-même, devait être une très grande personnalité artistique. Il s'attacha au rendu des détails du costume, de l'équipement et, plus généralement, du déroulement de chaque scène, qui garantissaient la véracité du récit, indispensable à un monument officiel. Mais il sut aussi faire apparaître des moments d'une grande intensité dramatique, comme la mort du roi Décébale et l'exil des vaincus. Il enchaîne les épisodes sans rupture, tout en opérant des raccourcis et en insérant dans la narration des ellipses éblouissantes. Jouant des déplacements de la lumière sur des reliefs peu accentués, pour leur donner vie et profondeur, le sculpteur avait assimilé les leçons de l'art hellénistique. Il accorda donc à l'espace toute son importance, par une superposition raffinée des plans et par la mise en scène des événements, dans des paysages pour lesquels il montre une évidente prédilection. Héritier de la tradition grecque, il marie ainsi parfaitement celle-ci avec l'esprit de l'art romain, et donne à la description des campagnes contre les Barbares, comme l'avait certainement souhaité l'empereur, un caractère historique immédiat, mais aussi une portée universelle.

— François BARATTE

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

Bibliographie

S. Settis, A. La Regina, G. Agosti& V. Farinella, La Colonna Traiana, G. Einaudi, Turin, 1988.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
  • : professeur d'archéologie romaine à l'université de Paris-IV-Sorbonne
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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