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CHÉLICÉRATES

L'évolution des Chélicérates

Courbure - crédits : Encyclopædia Universalis France

Courbure

L'ensemble des Chélicérates présente certains phénomènes évolutifs dont on peut suivre le déroulement chez pratiquement tous les représentants du taxon. Un des plus importants phénomènes est celui qui a entraîné la courbure de l'axe longitudinal du corps. Cet axe, rectiligne chez l'ancêtre présumé des Chélicérates, s'est peu à peu recourbé dans la région antérieure du corps ramenant vers le haut, et vers l'arrière, un certain nombre de segments céphaliques et, en particulier, la région acronale. Un tel phénomène s'est aussi produit dans la région postérieure du corps, ramenant ventralement vers l'avant quelques segments.

Ces deux courbures ont entraîné d'autres modifications que celles ayant trait au déplacement de métamères (segments) antérieurs et postérieurs. Il s'agit d'abord de la disparition de la première paire (ou des premières paires ?) d'appendices céphaliques et des ganglions qui l'innervent. On admet communément que c'est la région correspondant aux antennules des Crustacés et aux ganglions deutocérébraux (= deutocérébron) qui a disparu. Cette disparition d'un métamère entier est commune à tous les Chélicérates. Cette courbure va entraîner un déplacement vers l'avant de la deuxième paire d'appendices et de son neuromère. On admet généralement que cette région correspond aux antennes des Crustacés et à leurs ganglions nerveux (= tritocérébron). Les premiers appendices céphaliques des Chélicérates passent en position préorale et dorsale par rapport à la bouche ; ils se transforment en appendices aidant à la manducation et à la capture des proies pour constituer les chélicères. Certains spécialistes ne sont pas d'accord avec cette interprétation et ils admettent que non seulement un métamère, mais plusieurs métamères antérieurs ont disparu, en laissant cependant des traces anatomiques ; pour d'autres, le deutocérébron existe toujours chez les Chélicérates, bien que fort régressé. La question, on le voit, est encore controversée. La courbure postérieure de l'axe du corps entraîne la disparition d'un nombre variable de segments, ce qui expliquerait les différences constatées entre les divers Chélicérates.

Tagmosisme - crédits : Encyclopædia Universalis France

Tagmosisme

Enfin, au cours de l'évolution, un phénomène important est à souligner, qui intéresse la segmentation de la bandelette germinative ; c'est le phénomène du tagmosisme aboutissant à la réunion de plusieurs métamères en une seule unité fonctionnelle ou tagme. La figure 4 donne trois exemples des résultats de ce tagmosisme. Chez les Mérostomes, les Scorpions, les Araignées, six segments restent extérieurement soudés en un tagme ou prosoma ; chez les Solifuges, quatre segments seulement forment le tagme appelé propeltidium, alors que chez les Acariens, deux segments constituent le tagme nommé gnathosome.

Scorpion : segmentation - crédits : Encyclopædia Universalis France

Scorpion : segmentation

Scorpion - crédits : Tim Flach/ Getty Images

Scorpion

On peut être ou ne pas être partisan du mono- ou du polyphylétisme chez les Chélicérates. Il est cependant certain que l'évolution ou la modification des processus qui se déroulent au cours du développement embryonnaire ont pu, dans un même phylum, être la cause d'une grande diversité morphologique et même structurale, laissant croire à un polyphylétisme originel.

Au cours de ces dernières décennies, un certain nombre de spécialistes ont tenté, à partir de la phylogenèse, de proposer de nouvelles classifications de l'ensemble des Chélicérates, et nous disposons actuellement de toute une série de propositions sur la filiation hypothétique de ce taxon, propositions qui sont loin de converger.

En 1966, G. Sharov reprend, en gros, les arguments de l'école soviétique (Zachvatkin, Dubinin) sur la classification des Chélicérates ; pour lui, les Arachnides auraient conquis la terre ferme en deux vagues, l'une formée par les seuls Scorpions[...]

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Écrit par

  • : professeur titulaire, chaire de zoologie, à l'université de Montpellier
  • : professeur au Muséum national d'histoire naturelle

Classification

Pour citer cet article

Roland LEGENDRE et Max VACHON. CHÉLICÉRATES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Chélicères - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chélicères

Chélicérates : morphologie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chélicérates : morphologie

Courbure - crédits : Encyclopædia Universalis France

Courbure

Autres références

  • ACARIENS

    • Écrit par Jean-Louis CONNAT, Gabriel GACHELIN
    • 6 631 mots
    • 2 médias

    Le terme acarien fait souvent penser aux êtres minuscules qui vivent dans la poussière des habitations et sont responsables de nombreuses allergies. En fait, ce groupe zoologique comprend un très grand nombre d'espèces dont les tailles varient de quelques dixièmes de millimètres (pour le sous-groupe...

  • ARACHNIDES

    • Écrit par Christine ROLLARD
    • 3 671 mots
    • 12 médias

    Les arachnides (Arachnida) – dont les représentants les plus connus sont les araignées, les scorpions et les acariens – sont des animaux largement répandus sur la Terre : ils occupent à peu près tous les types de milieux. Dans l’état actuel de nos connaissances, on en dénombre environ 90 000 espèces....

  • ARAIGNÉES ou ARANÉIDES

    • Écrit par Christine ROLLARD
    • 5 386 mots
    • 7 médias
    – une paire de chélicères formées d'une tige mobile portant un crochet à l'extrémité duquel s'ouvre l'orifice de la glande à venin ; ils sont utilisés pour empoisonner, paralyser ou immobiliser les proies.
  • ARTHROPODES

    • Écrit par Roland LEGENDRE, Max VACHON
    • 2 910 mots
    • 2 médias
    ...secondaire ; ils étaient tous marins, possédaient des antennes préorales et leurs appendices ventraux presque tous semblables étaient du type biramé. Les Chélicérates, dépourvus d'antennes, ont leurs appendices antérieurs (chélicères) transformés en pinces ; la région céphalique, non individualisée, correspond...

Voir aussi