Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

URFÉ HONORÉ D' (1567-1625)

Auteur du roman LAstrée, l’écrivain Honoré d’Urfé est né le 11 février 1567 à Marseille. Son père est issu d'une ancienne famille du Forez, sa mère est apparentée à la maison ducale de Savoie, son oncle est gouverneur de la Provence. Honoré d'Urfé est d'abord élevé au château de la Bastie en Forez, puis à Paris, au collège de Tournon. Encore tout jeune homme, il prend parti pour la Ligue et demeurera fidèle au duc de Nemours, chef du mouvement dans sa province, même après que la Ligue aura été défaite. Arrêté à deux reprises, d'Urfé doit quitter la France et trouve refuge en Savoie. C'est là qu'il compose Le Sireine, un poème pastoral, publié en 1604, qui est une allégorie de ses amours, et des Épîtres nouvelles (1598, 1603, 1608), où d'Urfé développe, dans une prose à la fois érudite et encombrée, une théorie platonicienne de l'amour.

Dès sa première jeunesse, d'Urfé s'est épris de sa belle-sœur, Diane de Chateaumorand, l'épouse de son frère aîné. Lorsque ce mariage est dissous, Honoré, qui était entré par désespoir et avant l'âge dans l'ordre des Chevaliers de Malte, se fait alors relever de ses vœux pour épouser Diane. Néanmoins, cette union ne s'avère pas très heureuse, et ils se séparent bientôt, sans toutefois cesser de se voir et sans que les raisons de leur décision soient connues avec exactitude. Attaché au service du duc de Savoie, d'Urfé, qui est un homme d'action, partage son temps entre le Forez et la Savoie, où il fréquente ses amis François de Sales et Jean-Pierre Camus. Il participe à plusieurs expéditions militaires. C'est au cours d'une campagne menée par le duc de Savoie contre la république de Gênes que d'Urfé trouve la mort à Villefranche-sur-Mer, le 1er juin 1625.

Honoré d’Urfé laisse inachevé le livre qui l'a rendu célèbre, L'Astrée, dont les trois premières parties avaient paru entre 1607 et 1619. Deux autres parties paraîtront à titre posthume, en 1625 et en 1627. Roman pastoral, roman d'aventures, roman psychologique, cette longue épopée amoureuse raconte peut-être, comme l'a prétendu d'Urfé lui-même, son amour pour sa belle-sœur Diane. Les très complexes aventures du berger Céladon et de la bergère Astrée, qui finiront par un mariage, les évolutions de ces innombrables bergers, galants et philosophes, qui analysent interminablement sous les châtaigniers du Forez les moindres nuances et délicatesses de l'amour idéal, conçu comme une passion poétique, mélancolique et parfaite : tout cela peut sembler aujourd'hui pratiquement illisible.

Mais ce roman, qui est véritablement le premier roman sentimental, a exercé une influence profonde tant sur la littérature classique que sur les mœurs de l'époque, encore extrêmement grossières. L'Astrée annonçait la préciosité et fournissait aux lecteurs du xviie siècle, fatigués des romans de chevalerie et aspirant à la peinture d'une existence tendre et tranquille, une sorte de code de l'amour et de la civilité, où l'amour honnête, fondé sur l'estime et la morale, était réhabilité et où étaient proposées des valeurs nouvelles comme la fidélité, la discrétion, la décence, la patience, la maîtrise de soi. Le succès de L'Astrée fut immense et La Fontaine, qui en tira un médiocre opéra, pouvait dire : « Étant petit garçon, je lisais son roman, / Et je le lis encore ayant la barbe grise. »

— Nicole QUENTIN-MAURER

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Nicole QUENTIN-MAURER. URFÉ HONORÉ D' (1567-1625) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • L'ASTRÉE, Honoré d'Urfé - Fiche de lecture

    • Écrit par Christian BIET
    • 1 511 mots

    On a, de nos jours, trop tendance à négliger les grands romans des xvie et xviie siècles. On se fie à Cervantès pour repousser les romans de chevalerie, on croit sur parole les Scarron, Sorel et autres Furetière, qui parodient les auteurs d'Amadis, de L'Astrée et du Grand Cyrus, en...

  • LES AMOURS D'ASTRÉE ET DE CÉLADON (É. Rohmer)

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 991 mots

    Dès le premier regard, on perçoit que l'intrigue qu'Éric Rohmer a retenue des quelque cinq mille pages de L'Astrée (1607-1628), le célèbre roman pastoral d'Honoré d'Urfé, ressemble à s'y méprendre à une quintessence des « Contes moraux », des « Comédies et proverbes...

  • PASTORALE, genre littéraire

    • Écrit par Daniela DALLA VALLE CARMAGNANI, Jacqueline DUCHEMIN, ETIEMBLE, Charlotte VAUDEVILLE
    • 6 864 mots
    ...manifestations différentes : dans le roman, avec l'Arcadia (1504) de Sannazaro, la Diana (1559) de Montemayor, L'Astrée(1607-1628) d'Honoré d' Urfé, l'Arcadia (1590) de Sidney ; au théâtre avec l'Aminta (1573) du Tasse, le Pastor fido (1589) de Guarini, la Sylvanire (1627) d'...
  • PRÉCIOSITÉ

    • Écrit par Roger LATHUILLÈRE
    • 2 968 mots
    C'est dans le domaine français qu'il faut chercher les origines de la préciosité. L'Astrées'impose d'abord ; elle a plu aux précieuses pour de multiples raisons : culte de l'honnête amitié, primauté de la femme, débats et cours d'amour, courtoisie des conversations,...