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CHARLES II (1630-1685) roi d'Angleterre (1660-1685)

Fils aîné du roi décapité, privé du trône d'Angleterre en 1649, chassé en 1651 de l'Écosse qui l'avait reconnu roi en janvier de la même année, Charles doit mener une longue vie d'exilé, plus ou moins bienvenu dans les pays de l'Europe occidentale, en particulier en Hollande ; il doit au choix de Monk, en 1660, de retrouver ses droits légitimes, au prix de la déclaration de Breda qui garantit la liberté religieuse, reconnaît les prérogatives du Parlement et promet une amnistie générale. Sceptique et prudent, avide de plaisirs, profondément tolérant, trop peu sûr de son trône pour oser afficher sa conversion in pectore au catholicisme, il cherche à développer l'autorité royale, mais refuse de soutenir les doctrines politiques de Hobbes, son ancien précepteur. L'intransigeance d'un Parlement ultra-royaliste et intégriste dans le domaine religieux limite le champ de l'amnistie et entraîne la condamnation à mort des régicides ; elle empêche toute tolérance au profit même des non-conformistes protestants et, en 1673, l'adoption du bill du Test, douze ans après le vote de la loi sur les municipalités, achève d'écarter des fonctions publiques ceux qui ne communieraient pas au sein de l'Église établie ; Charles II a quelque peine à prévenir l'adoption, après 1679, du bill d'Exclusion qui aurait privé son frère, Jacques d'York, catholique, de la possibilité de lui succéder. Le souvenir de la sanglante révolution et de l'anarchie des années 1658-1660 assure à Charles II des relations paisibles avec le Parlement, au moins pendant la première décennie de son règne, et la libre disposition d'importantes ressources fiscales indirectes prévient le retour des grands antagonismes financiers d'antan ; le roi peut aussi compter sur des subsides de Louis XIV, mais ils sont moins importants que nombre d'historiens ont paru le croire ; cette aisance financière explique que le souverain, lassé des controverses parlementaires et de l'opposition whig, ait pu se passer de Parlement pendant les trois dernières années de son règne.

La politique extérieure de Charles II fut un sujet de graves controverses : son pacifisme parut souvent excessif, ses relations avec Louis XIV trop étroites, on lui reprocha le traité de Douvres de 1670 et la vente de Dunkerque à la France, de même que la guerre contre la Hollande en 1672-1674 ; dans sa politique française, l'attitude du roi ne dépassa jamais une neutralité teintée d'agressivité. Charles a tiré profit de la prospérité économique, du développement du commerce colonial et de transit, en partie favorisé par la confirmation de l'Acte de navigation, de la satisfaction des propriétaires agricoles ; la rapide reconstruction de Londres après le Grand Incendie de 1666 témoigne des énormes possibilités financières de ses sujets. Ce règne a été marqué par une activité intellectuelle intense, favorisée par exemple par la création de l'observatoire de Greenwich et de la Société royale ; la Restauration a été aussi l'époque du renouveau théâtral et d'une vie de plaisirs mondains. L'image laissée par Charles est celle d'un souverain intelligent, capable de surmonter habilement les obstacles, et qui a su rétablir un indéniable loyalisme monarchique.

— Roland MARX

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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