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CHAMPFLEURY JULES FLEURY HUSSON dit (1821-1889)

Né à Laon (Aisne), fils d'un secrétaire de mairie, Jules Fleury Husson commence des études classiques, puis entre comme commis dans une librairie de gros. Il donne des articles à L'Artiste — c'est le directeur, Arsène Houssaye, qui lui conseille en 1844 d'adopter le pseudonyme de Champfleury —, à La Revue de Paris, au Messager de l'Assemblée. Le succès vient en 1847 avec ses recueils de nouvelles : Chien-Caillou, Fantaisies d'hiver, Pauvre Trompette, Fantaisies de printemps, Feu Miette, Fantaisies d'été, histoires véridiques où la mélancolie le dispute à la gaieté. En même temps, il donne au théâtre des Funambules des pantomimes interprétées par Paul Legrand. Une première ébauche sur Les Frères Le Nain (1852) marque le début de la grande bataille du réalisme, qui s'engage tout d'abord dans le domaine de la peinture dont Courbet est la figure de proue. Champfleury écrit un livre sur le réalisme, et toutes les œuvres de cette période laissent transparaître ses préoccupations d'école : Les Oies de Noël (1853) roman rustique, Les Aventures de Mlle Mariette, Les Souffrances du professeur Delteil, Les Bourgeois de Molinchart, La Succession Le Camus (1858), Les Amoureux de Sainte-Perrine (1859) sont l'application des théories de la vérité dans l'art et de l'observation minutieuse en réaction aux outrances du romantisme. Mais la reproduction scrupuleuse et méthodique des situations et des personnages ne va pas chez Champfleury sans beaucoup de fantaisie et de gaieté. Les Excentriques (1855), les Souvenirs et portraits de jeunesse (1877) le rattachent aux « petits romantiques », et montrent, comme l'a souligné Baudelaire, ce que les classifications par écoles ont de trop arbitraire.

Après 1860, Champfleury se consacre surtout à des travaux sur la critique d'art : littérature (Recherches sur les origines et les variations de la légende du bonhomme Misère, 1861), peinture (nouvelle édition des Frères Le Nain, 1862), imagerie et chanson populaires, céramique. Il sera nommé, en 1872, conservateur des collections du musée de Sèvres et publiera dix ans plus tard une très importante Bibliographie céramique. Champfleury écrit aussi Histoire de la caricature (5 vol. de 1865 à 1880), Histoire de l'imagerie populaire (1869), sans compter de nombreux portraits, biographies et articles : Grandes Figures d'hier et d'aujourd'hui (1861). Il a été l'un des premiers à se servir d'illustrations à titre purement documentaire. Les Chats (1868) et Les Enfants (1872) renferment de nombreux croquis de Delacroix, de Viollet-le-Duc, de Manet, de Ribot. Les œuvres de cette même période se rattachent étroitement à ses écrits critiques par leur sujet : Le Violon de faïence (1862), amusant roman sur la passion maniaque des collections, Les bons contes font les bons amis (1863), Monsieur Tringle (1866), Contes de bonne humeur. Les derniers romans de Champfleury, à l'exception peut-être de Fanny Minoret, connurent une notoriété moindre.

— France CANH-GRUYER

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Pour citer cet article

France CANH-GRUYER. CHAMPFLEURY JULES FLEURY HUSSON dit (1821-1889) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BRESDIN RODOLPHE (1822-1885)

    • Écrit par Maxime PRÉAUD
    • 1 034 mots

    Fils d'un ouvrier tanneur, Rodolphe Bresdin naît au Fresne (Loire-Atlantique) le 12 août 1822. Après 1830, les Bresdin partent pour Nogent-le-Rotrou, puis pour Paris. Rodolphe aurait quitté très jeune la maison paternelle pour se livrer à l'exercice du dessin et de l'eau-forte. Sa première ...

  • CRITIQUE D'ART EN FRANCE AU XIXe SIÈCLE

    • Écrit par Christine PELTRE
    • 6 622 mots
    • 5 médias
    ...des découvreurs d'expressions plus anciennes qui influencent sensiblement le jugement qu'ils portent sur l'art contemporain. Les travaux pionniers de Champfleury (1821-1889) sur les frères Le Nain, comme lui originaires de Laon, lui sont inspirés par sa sensibilité «  réaliste ». La publication de ces...
  • SATIRIQUE DESSIN

    • Écrit par Gilbert LASCAULT
    • 2 900 mots
    ...satirique ne cesse son travail de sape. Pendant la Révolution, un royaliste reproche aux caricaturistes d'arracher au roi l'amour et l'estime du peuple. Champfleury compare les dessinateurs satiriques à de cruels enfants martyrisant une mouche. Réfléchissant sur son travail, Siné le lit comme une besogne...

Voir aussi