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FRANCE CAMPAGNE DE (1814)

Avant-dernière et, pour certains, la plus belle des campagnes de Napoléon, la campagne de France a fait l'objet d'études détaillées de Jomini et de Clausewitz qui ont analysé toutes les opérations de ce modèle de la « guerre de mouvement ». Lorsque la France est envahie en 1814, deux armées alliées totalisant 250 000 hommes jouent un rôle décisif : l'armée du général prussien Blücher et celle du général autrichien Schwarzenberg. Après avoir franchi le Rhin, elles tentent une manœuvre de conversion sur l'Aube. Napoléon n'a à leur opposer que 80 000 soldats.

Ayant vaincu l'Empereur à La Rothière, au début de février, les deux armées se séparent, Blücher longeant la Marne et le Petit Morin, Schwarzenberg l'Aube et la Seine. Pour les arrêter, Napoléon oppose à l'un son aile gauche, à l'autre son aile droite, lui-même avec le gros de ses troupes occupant le centre et se portant tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. Il arrête Blücher aux combats de Champaubert (10 févr.), Montmirail, Château-Thierry et Vauchamps ; puis il frappe Schwarzenberg à Montereau, le 18 février. Ces succès démoralisent les Alliés, mais, le 9 mars, à Chaumont, Alexandre Ier fait signer à ses partenaires un nouveau pacte, par lequel ils s'engagent à ne pas signer de paix séparée. En mars, Blücher doit battre en retraite, après avoir été vaincu à Craonne le 7 mars, mais Napoléon ne peut l'emporter sur Schwarzenberg à Arcis-sur-Aube, le 20 mars. Il tente alors de couper les arrières des Alliés de façon à les détourner de la route de Paris en les obligeant à le poursuivre. Peut-être seraient-ils tombés dans le piège si n'avaient été interceptées des dépêches annonçant le développement d'intrigues dans la capitale visant à renverser le gouvernement impérial. Alexandre Ier, poussé par son conseiller Pozzo di Borgo, fait décider la marche sur la capitale, le 24 mars, sans souci des manœuvres de Napoléon. La défense de la ville est assurée par Marmont et Mortier, mais l'absence de fortifications ne permet pas une longue résistance. Le 31, les forces alliées entrent dans Paris, les habitants ayant préféré la capitulation au sort de Moscou. Napoléon arrive trop tard et doit se retirer à Fontainebleau avec 60 000 hommes. À Paris, le 1er avril, est constitué un gouvernement provisoire comprenant Talleyrand, Dalberg et Montesquiou. Le 3 avril, les sénateurs prononcent la déchéance de Napoléon. Celui-ci pourrait encore agir, mais ses maréchaux, las de la guerre, refusent de marcher et lui arrachent son abdication en faveur du roi de Rome. Alexandre l'eût acceptée si un aide de camp ne l'avait averti que Marmont s'était entendu avec Schwarzenberg pour conduire son corps d'armée hors du théâtre des opérations. Cette défection affaiblissait Napoléon et montrait que l'armée ne le suivait pas aveuglément. Le 6 avril, l'Empereur abdique sans condition.

La campagne de France fut une suite de victoires inutiles, manœuvres géniales qui bouleversaient les plans de l'adversaire sans pourtant le foudroyer ; Napoléon ne pouvait que retarder le moment où il succomberait sous le nombre.

— Jean TULARD

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Jean TULARD. FRANCE CAMPAGNE DE (1814) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BLÜCHER GEBHART LEBERECHT VON (1742-1819)

    • Écrit par Jean BÉRENGER
    • 473 mots
    • 1 média

    La carrière de Blücher, général prussien qui attacha son nom à la défaite de Napoléon à Waterloo, se déroule en deux temps. Jusqu'à la soixantaine, il mène la vie assez obscure d'un officier de cavalerie. À partir de 1805 il est l'un des chefs du parti anti-français en ...

  • COALITION GUERRES DE (1792-1815)

    • Écrit par Jean TULARD
    • 1 064 mots
    • 1 média

    Pendant dix années consécutives, de 1792 à 1802, puis pendant douze autres années consécutives, de 1803 à 1815, la France s'est trouvée en guerre avec les principales puissances de l'Europe.

    La guerre déclarée par Louis XVI et l'Assemblée législative au « roi de ...

  • MARMONT AUGUSTE FRÉDÉRIC LOUIS VIESSE DE (1774-1852) duc de Raguse

    • Écrit par Jean MASSIN
    • 309 mots

    Issu d'une famille noble de Bourgogne, jeune officier d'artillerie sous la Révolution, Marmont a la chance d'être remarqué par Bonaparte au siège de Toulon et d'être pris par lui comme aide de camp. En Italie, en Égypte, lors du 18-Brumaire, à Marengo enfin, il seconde intelligemment son maître....

Voir aussi