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SKINNER BURRHUS FREDERIC (1904-1990)

Psychologue américain, un des maîtres de l'école béhavioriste, au sein de laquelle il occupe cependant une place particulière. Né en 1904, Skinner obtient son doctorat d'université en 1931 à Harvard. Dans sa thèse, il précise déjà la plupart des positions sur la psychologie qu'il défendra par la suite. Après avoir enseigné de 1936 à 1945 à l'université du Minnesota, puis de 1945 à 1947 à l'université de l'Indiana, il est professeur à Harvard depuis 1947. Skinner a beaucoup publié ; certains de ses livres ont été à l'origine de vives polémiques ; on peut citer notamment : Science et comportement humain (Science and Human Behavior, 1953), Le Comportement verbal (Verbal Behavior, 1957) qui suscita une critique virulente de N. Chomsky en 1959, La Révolution scientifique de l'enseignement (The Technology of Teaching, 1968), Par-delà la liberté et la dignité (Beyond Freedom and Dignity, 1971), Reflections on Behaviorism and Society (1978) et Upon Further Reflection (1987).

Skinner est résolument béhavioriste, c'est-à-dire qu'il rejette les explications « mentalistes » et toute spéculation sur les relations qui pourraient exister entre le comportement et le système nerveux : la physiologie tient un autre discours que la psychologie, et celle-ci n'a aucun besoin de recourir aux concepts de celle-là pour cerner son projet propre, qui est exclusivement le contrôle du comportement.

Toutefois, Skinner n'est pas un béhavioriste qui limite le comportement au modèle S-R : pour lui, ce n'est pas tel ou tel stimulus qui déclenche une réponse, par une série d'intermédiaires plus ou moins complexes. Au commencement est le comportement ; et ce sont les contingences de l'environnement qui permettent de sélectionner telle ou telle conduite. En ce sens, Skinner est très darwinien. C'est par ses conséquences sur l'environnement que le comportement se trouve modulé.

Le rôle du psychologue, selon lui, n'est pas de développer des théories et de tester des hypothèses, car, s'il procède ainsi, il ne peut traiter que d'effets arbitrairement choisis. La première étape de la science est de déterminer les unités de base du comportement à partir de critères précis et de repérer les variables fondamentales qui doivent être utilisées dans une description. Skinner critique l'utilisation par les psychologues de statistiques sophistiquées : le recours à des moyennes nous éloigne du comportement de l'individu ; la signification statistique ne recouvre pas la signification psychologique. Il faut donc étudier les comportements individuels, ce qui suppose qu'on maîtrise l'environnement où l'on place le sujet et qu'on définisse des mesures de réponse qui soient informatives (le taux par exemple, plutôt que le nombre de choix ou la latence). Skinner s'est révélé parfaitement imperméable à tous les travaux des autres psychologues ; cette attitude n'est probablement pas étrangère aux attaques passionnelles dont il a fait l'objet.

La technique fondamentale du skinnérien est le conditionnement opérant. Quand un sujet se déplace dans son environnement, certains de ses comportements produisent dans celui-ci des modifications détectables (les contingences de renforcement). La réponse opérante est une classe de réponses, définie par les conséquences qu'elle a pour le sujet et émise dans une situation donnée, sans qu'elle dépende causalement d'un stimulus de la situation. Un contrôle rigoureux des contingences permet donc de sélectionner des conduites réitérables. C'est sur ce principe que reposent les applications de la méthode ainsi que ses extrapolations. Qu'il s'agisse de la psychophysique animale, de l'expérimentation, de l'enseignement, des thérapies du comportement ou de l'écologie sociale, le[...]

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Écrit par

  • : ancien professeur de psychologie comportementale à l'université de Lille-III

Classification

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