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BUFFALO, ville

Située dans l’ouest de l’État de New York, sur la rive orientale de la rivière Niagara, qui relie les lacs Érié et Ontario et marque la frontière avec le Canada, Buffalo jouit d’une situation particulière, qui lui a valu sa prospérité puis son déclin. La ville, qui comptait 580 000 habitants en 1950, n’en avait plus que 256 000 en 2016, même si l’ensemble de l’agglomération voit sa population stagner (1 089 000 habitants en 1950, 1 132 000 en 2016). Ville emblématique de la Rust Belt (ceinture de la rouille), à l’instar de Detroit ou Cleveland, Buffalo a été l’un des fleurons de l’industrie américaine et se cherche aujourd’hui un nouveau souffle.

États-Unis : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

États-Unis : carte administrative

Buffalo, États-Unis - crédits : Open.Tours LLC/ Shutterstock

Buffalo, États-Unis

Les chutes du Niagara sont à l’origine de la ville : l’obstacle qu’elles constituent nécessitait une rupture de charge pour poursuivre la navigation entre les deux lacs. Buffalo, qui doit son nom à la rivière Buffalo qui la traverse avant de se jeter dans le Niagara ou, selon les sources, à la présence de buffles dans la région, a ainsi été fondée juste à l’amont des chutes.

Sur un site occupé par des colons français puis anglais au xviiie siècle, Buffalo est véritablement fondée en 1802 par la Holland Land Company, groupe de banquiers néerlandais, qui la nomme New Amsterdam. L’agent foncier de la compagnie n’est autre que Joseph Ellicott, frère d’Andrew Ellicott, qui avait succédé à Pierre-Charles L’Enfant, l’urbaniste ayant conçu le plan en radiales de Washington. C’est ainsi que New Amsterdam devient l’une des rares villes américaines, à l’instar de La Nouvelle-Orléans et de la capitale fédérale, à être conçue à partir d’un plan structuré autour de voies rayonnantes qui, à Buffalo, se rejoignent sur les bords du lac.

Renommée Buffalo en 1808, la ville connaît un premier essor à partir de 1825, avec l’achèvement du canal Érié, qui la relie à la rivière Hudson et donc à New York. Buffalo devient alors un carrefour commercial de premier ordre, à la jonction des routes reliant les Grands Lacs au Saint-Laurent, pour l’une, et au canal Érié puis à l’océan Atlantique, pour l’autre. L’activité de transbordement profite de la capacité hydroélectrique des chutes, et la ville devient rapidement une métropole industrielle de première importance, notamment grâce à ses minoteries qui fournissent le sud et l’est des États-Unis actuels. Une telle activité nécessite l’arrivée du chemin de fer, que les candidats à la ruée vers l’or emprunteront d’ailleurs pour rejoindre l’Ouest par les Grands Lacs. Au xxe siècle, les usines métallurgiques, les chantiers navals et les silos dessinent un nouveau paysage. Irlandais, Italiens, Allemands, Polonais déferlent vers cet eldorado industriel, alimenté par une électricité surabondante générée par les chutes. Buffalo est alors the City of Light, et le quartier de Canal Street, là où le canal rejoint le lac, est l’un des plus festifs de tous les États-Unis.

Les lumières de la ville se sont éteintes une à une à partir de 1950. Tout d’abord, l’ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent, en 1959, a détourné du canal Érié une bonne part du trafic fluvial ; la rupture de charge à Buffalo n’a donc plus été nécessaire. Enfin, l’accroissement de la taille des navires et la conteneurisation du transport ont rendu progressivement obsolète un canal Érié désormais trop étroit. À ces facteurs défavorables liés au site même de Buffalo, il faut ajouter le contexte international qui a entraîné le déclin des vieux bassins industriels au profit des nouvelles régions plus attractives de la Sun Belt. La crise des centres-villes aux États-Unis a également provoqué la fuite des populations vers les banlieues. Buffalo est ainsi la seule grande ville américaine, avec Saint Louis, à avoir, en 2000, une population moins nombreuse qu’en 1900. Ajoutons que le climat de Buffalo est caractérisé par l’abondance des chutes[...]

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Pour citer cet article

Laurent VERMEERSCH. BUFFALO, ville [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

États-Unis : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

États-Unis : carte administrative

Buffalo, États-Unis - crédits : Open.Tours LLC/ Shutterstock

Buffalo, États-Unis

Autres références

  • APPALACHES

    • Écrit par Jacqueline BEAUJEU-GARNIER, Universalis, Catherine LEFORT
    • 5 988 mots
    ...l'Institut de technologie de l'université d'État de New York) ainsi qu'à des entreprises de logistique ou de grande distribution. Au débouché des Grands Lacs, Buffalo, port important, (950 000 habitants en 2006 avec son agglomération) a vu son économie s'effondrer quand le trafic fluvial eut la possibilité de...
  • PATRIMOINE INDUSTRIEL AUX ÉTATS-UNIS

    • Écrit par Louis BERGERON
    • 2 806 mots
    • 1 média
    ...Lacs, à leurs ports et aux innovations techniques suscitées par la manipulation ou le stockage des produits pondéreux : c'est ainsi qu'à Buffalo, au début des années 1950, avant l'ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent en 1958, il y avait cinquante elevators en fonctionnement...

Voir aussi