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ENGERER BRIGITTE (1952-2012)

Brigitte Engerer - crédits : Jean Pimentel/ Kipa/ Sygma/ Getty Images

Brigitte Engerer

Brigitte Engerer naît le 27 octobre 1952 à Tunis au sein d’une famille française mélomane. Dès l’enfance, elle révèle des dons évidents pour le piano. Elle acquiert une formation de base dans sa ville natale mais vient se perfectionner deux fois par an à Paris. À dix ans, elle remporte le premier prix du tournoi du Royaume de la musique et entre, en 1963, dans la classe de Lucette Descaves au Conservatoire national supérieur de Paris. Elle en sort en 1968 avec un premier prix de piano, première nommée à l’unanimité. L’année suivante, elle remporte le sixième prix du concours Marguerite Long-Jacques Thibaud.

Bien qu’elle ne parle pas un mot de russe, elle s’inscrit en 1970 au Conservatoire de Moscou. Elle y devient l’une des élèves préférées d’un pédagogue recherché, Stanislas Neuhaus, le fils de l’illustre Heinrich Neuhaus qui forma, entre autres, Emil Guilels et Sviatoslav Richter. En 1974, elle obtient un sixième prix ex aequo au concours Tchaïkovski, compétition d’un niveau particulièrement relevé cette année-là, qui comptait, parmi les finalistes, Andrei Gavrilov, Myung-Whun Chung, Youri Egorov et András Schiff.

De retour en France en 1975, Brigitte Engerer épouse l’écrivain Yann Queffélec et enlève un troisième prix au concours Reine Élisabeth (1978). Herbert von Karajan, très impressionné, insiste pour qu’elle soit invitée en soliste par l’Orchestre philharmonique de Berlin. Ses débuts avec la célèbre formation – en 1981, sous la baguette de Zubin Mehta – lancent une brillante carrière, menée tambour battant. Elle est appelée par de nombreux chefs d’orchestre – Daniel Barenboim, Daniele Gatti, Emmanuel Krivine, Seiji Ozawa, Mstislav Rostropovitch – mais pratique aussi, régulièrement, la musique de chambre en compagnie des violonistes Olivier Charlier, Régis Pasquier et Vladimir Spivakov, de l’altiste Gérard Caussé, des violoncellistes Henri Demarquette et David Geringas et du pianiste Oleg Maisenberg. Après le creux que connaît souvent la carrière de nombreux artistes à l’orée de leur maturité, elle retrouve la faveur des médias et se produit régulièrement pendant La Folle Journée de Nantes et le festival de La Roque-d’Anthéron, manifestations qu’anime René Martin.

Stanislas Neuhaus caractérisait son jeu par « son esprit romantique, son ampleur, la perfection de sa technique, ainsi que par une science innée d’établir le contact avec l’auditoire ». Ce jeu robuste, haut en couleur, ne renie pas, avec des contrastes affirmés, ses liens avec l’univers symphonique. Si le répertoire romantique – Chopin, Liszt, Schubert, Schumann – est son domaine d’élection, son talent s’exprime avec un bonheur tout particulier dans la musique russe qu’elle a beaucoup fréquentée. À partir de 1992, Brigitte Engerer enseigne au Conservatoire de Paris. On note peu d’incursions dans la musique contemporaine en dehors de la création, avec Elena Bashkirova, de deux œuvres signées York Höller : la Partita pour deux pianos (Essen, 1997) et Widerspiel, concerto pour deux pianos et orchestre (Cologne, 2000). À partir de 2001, elle s’associe avec le pianiste russe Boris Berezovsky, dont le tempérament explosif est proche du sien, pour explorer les partitions écrites pour deux claviers. Elle réalise avec lui plusieurs enregistrements dédiés à Brahms et à Rachmaninov. Avec le chœur Accentus que dirige Laurence Equilbey, elle s’investit pour mieux faire connaître la version pianistique d’une partition trop oubliée, Via Crucis de Liszt. Minée par la maladie, Brigitte Engerer donne, le 12 juin 2012, un dernier récital au Théâtre des Champs-Élysées. Elle s’éteint à Paris quelques jours plus tard, le 23 juin.

— Pierre BRETON

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Pierre BRETON. ENGERER BRIGITTE (1952-2012) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Brigitte Engerer - crédits : Jean Pimentel/ Kipa/ Sygma/ Getty Images

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