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LAVILLIERS BERNARD (1946- )

L'auteur-compositeur et interprète Bernard Lavilliers fut un des premiers artistes français à faire connaître les musiques d'ailleurs à travers un répertoire mêlant rock, world music et message contestataire. Depuis le début de sa carrière dans les années 1970, ce baroudeur pétri de culture littéraire, n'a de cesse, dans ses chansons et ses interviews, de raconter sa vie : ses mille métiers, son attirance pour la bagarre, sa fréquentation des voyous, ses rencontres avec des personnages romanesques, ses voyages à travers le monde. Une vie si riche en événements et en péripéties qu'on le soupçonnera de l'avoir en partie inventée, ce qu'il ne démentira qu'à moitié : « Tous les grands voyageurs fabulent. Quand on voyage, avec l'âge et le temps, les histoires vécues, entendues et imaginées se confondent. »

Le Stéphanois

De son vrai nom Bernard Oulion, le chanteur naît le 7 octobre 1946 à Saint-Étienne (Loire), ville ouvrière où il grandit sur un arrière fond de lutte des classes. Sa mère est institutrice et son père, ancien résistant, militant communiste et leader syndicaliste, travaille à la manufacture d'armes de la ville. Dans ce milieu modeste, la culture occupe une place de choix et on écoute beaucoup de musique : de la chanson (entre autres Léo Ferré), du jazz et du calypso. Encore enfant, Bernard Lavilliers est victime d'une congestion pulmonaire et il part vivre à la campagne où il acquiert le goût du sport – il sera d'ailleurs plus tard un chanteur très « physique ». De retour à Saint-Étienne en 1958, il habite dans un HLM, côtoie de petits délinquants et pratique la boxe. Il arrête très tôt ses études et apprend le métier de tourneur sur métaux dans l'usine où travaille son père. Parallèlement, il lit Arthur Rimbaud, découvre Blaise Cendrars, le chansonnier anarchiste Gaston Couté, gratte la guitare et commence à écrire des chansons d'amour et de révolte. C'est à la même époque qu'il adhère au Parti communiste.

À dix-neuf ans, Bernard Lavilliers fait un premier voyage et passe un an et demi au Brésil à conduire des semi-remorques entre Belém et São Paulo. C'est pour lui une expérience initiatique mais aussi artistique, la musique brésilienne ayant été par la suite une de ses principales sources d'inspiration. De retour en France, et après une période d'emprisonnement dans la forteresse de Metz pour avoir refusé d'effectuer son service militaire, il commence à se produire dans les cabarets, notamment celui de la Contrescarpe à Paris. Très politisé il va chanter dans les usines occupées de la région lyonnaise lors des événements de Mai-68, quelques mois seulement après avoir enregistré un premier album, qui passe inaperçu. Au début des années 1970, il écume, souvent seul avec sa guitare, MJC et cafés-théâtres, notamment à Bordeaux et à Metz, non loin de vallée de la Fensch et de ses sidérurgistes en lutte qu'il chantera plus tard.

Ce n'est qu'en 1975 que Bernard Lavilliers devient connu du grand public avec l'album Le Stéphanois (et son tube « San Salvador ») où il pose les bases de son style musical : un mélange de rythmes sud-américains, de rock'n'roll électrique et de chanson françaisepoétique, le tout servi par une voix chaude et grave. L'année suivante, il rejoint l'écurie d'Eddy Barclay et le directeur artistique Richard Marsan, ami de Léo Ferré. Le chanteur enregistre successivement Les Barbares (1975) et Quinzième Round (1976), et réunit autour de lui une équipe de solides musiciens (François Bréant aux claviers, Pascal Arroyo à la basse, Dominique Mahut aux percussions et J.-P. « Hector » Drand à la guitare) qui l'accompagneront des années durant. Le succès aidant, il se produit alors dans des grandes salles parisiennes (notamment le Théâtre de la[...]

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Jean-Dominique BRIERRE et Universalis. LAVILLIERS BERNARD (1946- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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