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BASELITZ LA RÉTROSPECTIVE (exposition)

Pour une œuvre aussi importante en nombre et en qualité que celle de Georg Baselitz, une rétrospective a tout d’une gageure. Plusieurs expositions ont pris dans le passé proche ou lointain cette dimension enviée, entre autres à la fondation Beyeler de Riehen-Bâle en 2018, à la Royal Academy de Londres en 2007, ou encore au musée d’Art moderne de la ville de Paris en 1995.

Vers un « réalisme pathétique »

Sous la direction de Bernard Blistène, la rétrospective du Centre Georges-Pompidou (20 octobre 2021 - 7 mars 2022) culmine dans cette perspective, rassemblant à son tour des œuvres majeures, depuis les premières toiles, qui provoquèrent un scandale à Berlin en 1963, Der Nackte Mann (L’Homme nu) ou Die grosse NachtimEimer (La Grande Nuit foutue), jusqu’aux tableaux sur fond d’or de l’année 2019,et, pour finir, un exemplaire de la série Springtime (2020) utilisant le collage de bas nylon. Pour l’artiste, né le 23 janvier 1938 à Deutschbaselitz, près de Dresde, le vieillissement a accéléré un étonnant processus de création, dont témoignent en particulier les expositions des années 2010. En 2012, DasNegativ mettait en cause le rapport de la forme à la couleur. En 2015, à Venise, Avignon, un ensemble de huit toiles monumentales où la nudité du peintre semble défier la mort, évoquait par son titre le refus, en 1970, par la municipalité, d’une donation par l’artiste de ses œuvres tardives exposées au palais des Papes. En 2014, avec Farewell Bill, l’autoportrait devenait l’histoire d’une admiration pour Willem De Kooning remontant à l’exposition de l’art américain à Berlin, en 1958. Sur soixante ans d’activité, le rythme de travail de Baselitz a ainsi été marqué par des expositions qui se sont succédé comme autant de démonstrations d’une méthode donnant forme à un ensemble qui se poursuit, jusqu’au moment où intervient de manière toujours très raisonnée une autre idée : ce fut le cas pour le Remix à l’Albertina de Vienne en 2005, pour les Russenbilder (Tableauxrusses)entre 1998 et 2005, et, bien avant, pour les trente-neuf toiles du Bildübereins (Tableau-sur-l’autre) de 1991 à 1995 ou la suite des Héros des années 1965-1966, exposée au Städel Museum de Francfort, en 2016.

Malgré le caractère aventureux d’une œuvre qui conjugue étroitement peinture, sculpture, gravure et dessin, et qui repose sur la confrontation étroite de variantes et de différences, il est relativement aisé d’avoir une vue d’ensemble sur un développement chronologique, dont l’artiste s’est avisé tôt. Il y fut incité par la situation difficile qui lui était faite en RDA, en 1957, en raison de son exclusion de l’École des beaux-arts de Berlin-Est, par sa rencontre à l’Académie de Berlin-Ouest avec Eugen Schönebeck à l’époque des Manifestes pandémoniques (1961-1962), par la violente revendication de soi qu’exprimait l’œuvre poétique d’Antonin Artaud – si importante au commencement de son travail – encore peu traduite à l’époque, et le rejet d’une nouvelle orthodoxie esthétique qui semblait étrangère à la réalité alors vécue en Allemagne.

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Écrit par

  • : professeur émérite d'histoire de l'art contemporain à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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Pour citer cet article

Éric DARRAGON. BASELITZ - LA RÉTROSPECTIVE (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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