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AUGUSTE PERRET (exposition)

Inaugurée au musée André-Malraux du Havre en septembre 2002, puis transportée à la Galleria d'Arte moderna de Turin au printemps 2003, l'exposition Perret, la poétique du béton a été présentée au début de l'année 2004 au palais de la Porte Dorée à Paris (qui accueille provisoirement l'Institut français d'architecture), dans une version allégée. Première exposition consacrée à l'architecte Auguste Perret (1874-1954), depuis celle qui avait été organisée en 1976 à Paris par le Conservatoire national des arts et métiers, où était déposé le fonds de ses archives, avant son versement à l'Institut français d'architecture, en 1992, cette présentation ne se voulait pas pour autant strictement rétrospective. L'approche des deux commissaires, Joseph Abram et Bruno Reichlin, était plutôt d'ordre didactique, tout en dissimulant parfois mal une dimension proprement apologétique.

Les deux premières sections de l'exposition ne comprenaient pas de document original. S'étendant chacune sur un long mur, elles présentaient l'œuvre de Perret de deux manières radicalement différentes. Dans un panorama très dense, sous le titre « Acier et béton », les bâtiments étaient d'abord confrontés aux grandes réalisations architecturales et plastiques du xxe siècle, et mises en perspective avec les événements qui l'on jalonné. Après avoir été situé, Perret était dans un second temps ausculté : à travers une série de thèmes (« La Tour comme signal », « Séquences urbaines », « Parcellaire et géométrie », « Du mur à l'ossature », « La construction en représentation », etc.), la section « Invention. Matière et langage » proposait une analyse en profondeur du processus de conception. Plusieurs centaines de documents étaient reproduits, notamment de nombreux détails de plans de béton armé, qui permettaient de voir l'agence fondée en 1905 par Auguste Perret avec ses frères Gustave (1876-1952) et Claude (1880-1962) à l'œuvre dans le traitement de leur matériau de prédilection.

Une seconde exposition commençait ensuite – la vraie ? –, qui restituait, à travers des extraits originaux des Archives Perret, enrichis par d'importants prêts de musées ou de particuliers (un ensemble de meubles peu connus) et de nombreuses maquettes conçues en partie pour l'exposition, les grandes étapes du travail de l'architecte. À la fois chronologique et thématique, ce cheminement se voulait également démonstratif. Grâce aux chantiers que leur père, entrepreneur, leur confie, les frères Perret s'orientent rapidement vers la définition d'un langage propre au béton : le chantier de la cathédrale d'Oran (1908), conçue par Albert Ballu, sur lequel avait échoué l'ingénieur Paul Cottancin, puis celui du théâtre des Champs-Élysées (1911-1913), objet d'une célèbre polémique avec Henry Van de Velde, sont de ce point de vue deux moments décisifs. Dès lors, cette tectonique du béton armé, qui constitue la contribution majeure de Perret à l'architecture du xxe siècle, fait l'objet d'ajustements permanents, en même temps que la logique du « classicisme structurel » (selon les termes de Joseph Abram) se consolide. Des docks de Casablanca (1916, détruits) à l'église Notre-Dame du Raincy (1923, Seine-Saint-Denis), Perret se livre à une seule et même recherche structurelle ; ce qui différencie ses hangars de ses églises n'est pas tant leur ossature que le caractère, notion fondamentale dans la terminologie classique, que l'architecte ajoute à l'édifice religieux. Les sections consacrées à « L'Ordre du béton armé » et à « Un nouvel ordre urbain » constituent le couronnement de cette herméneutique d'un langage, qui consiste à montrer comment s'opère le dialogue entre héritage classique et rationaliste d'une part, et construction[...]

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Écrit par

  • : professeur, université de Picardie Jules-Verne

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Pour citer cet article

Simon TEXIER. AUGUSTE PERRET (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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