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ASTHME POLLINIQUE

La majorité des syndromes asthmatiques est provoquée par des substances produites dans l'environnement naturel et dont l'effet est, le cas échéant, amplifié par la pollution atmosphérique. Parmi ces substances, les pollens et les spores de moisissures, jouent un rôle dominant. En effet, l'étude de la fréquence des cas d'asthme dans le temps et en un lieu donné montre que sur un niveau de base, qui peut être assimilé à la fréquence des cas en période froide, se greffent des variations importantes majoritairement dues à la production saisonnière de pollens, ainsi que de moisissures le long des façades atlantique et de la Manche. Les grains de pollens émis par de nombreuses plantes et disséminés par le vent, sont assez petits ( les pollens les plus allergéniques ont une taille inférieure à 10 micromètres) pour atteindre l'intérieur du tractus respiratoire et y induire des symptômes asthmatiques. Les composants des grains de pollen directement responsables des signes cliniques ne sont pas encore tous identifiés : il peut s'agir de terpènes, de glucides complexes de la paroi ou encore de protéines internes du grain.

Les pollens sont à l'origine des coryzas périodiques ( dits rhume des foins ou encore rhinite saisonnière) qui accompagnent l'asthme saisonnier, encore appelé pour cette raison asthme pollinique. Ces rhinites et asthmes, connus depuis longtemps, font l'objet d'études systématiques que l'on peut schématiser en deux types. D'abord, des calendriers de production des principaux pollens ont été établis par les botanistes. En dehors de la période novembre à janvier, on observe plusieurs vagues de production de pollens dans l'atmosphère, dont certaines vont se superposer partiellement. On distingue ainsi, en France, trois saisons polliniques. La première concerne la production de pollens d'arbres dès janvier dans le Midi (cyprès, thuya et genévrier), immédiatement suivie dans toute la France à des moments variables selon les lieux par les pollens de chêne, bouleau, charme, hêtre, châtaigner, noisetier, aulne, platane, saule et peuplier. Cyprès, platane, peuplier et bouleau sont les plus allergéniques. La deuxième, celle du rhume des foins, est liée à la production de pollens de graminées. Elle s'étend d'avril à juin, voire plus tardivement en altitude. Toutes les graminées fourragères et céréalières sont concernées. La troisième saison, plus tardive, correspond au début de l'automne et est liée à la pollinisation tardive de nombreuses plantes herbacées, dont l'exemple le plus connu est l'ambroisie, aux pollens de laquelle presque 10 p. 100 de la population de la région lyonnaise par exemple, est sensible.

Les différents types de pollens n'ont pas les mêmes pouvoirs allergisants, mais, en même temps, un sujet donné peut être sensible au pollen de plusieurs espèces différentes : les signes cliniques qui l'affectent peuvent donc s'observer sur plusieurs mois ou selon plusieurs pics. En outre, les réactions croisées entre les substances allergisantes de différentes espèces végétales expliquent la persistance des signes cliniques chez un sujet, en dehors de la période de dissémination du pollen auquel il est le plus sensible : ainsi la sensibilité au pollen de bouleau s'accompagne-t-elle souvent d'une sensibilité au pollen des fleurs de figuiers ou à celui des rosacées.

Le suivi géographique et dans le temps de la fréquence des crises d'asthme dans la population permet enfin de définir les zones particulièrement affectées et de corréler les zones de haute fréquence à un moment donné avec la production pollinique dominante en ce lieu et à ce moment. La corrélation entre distribution temporelle de la production des différents pollens et survenue des crises d'asthme, oriente ainsi la recherche étiologique par le médecin[...]

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

Classification

Pour citer cet article

Gabriel GACHELIN. ASTHME POLLINIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ASTHME

    • Écrit par Philippe GODARD, François-Bernard MICHEL
    • 5 857 mots
    • 2 médias
    – Les allergènes polliniques sont anémophiles (transportés par le vent) ou, beaucoup plus rarement, entomophiles (c'est-à-dire véhiculés par les insectes). Les pollens les plus allergisants sont les pollens de graminées (expliquant l'allergie typiquement saisonnière du rhume des...

Voir aussi