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ARTILLERIE (HISTOIRE DE L')

L'organisation de l'artillerie ; les premiers systèmes (1730-1850)

Jusqu'au début du xviiie siècle, les responsables de l'artillerie, en France le « grand maître », devaient pour les transports et charrois s'adresser à des auxiliaires ou à des civils qui louaient leurs services. Seules quelques charges de commandement ou d'administration étaient attribuées par le roi, en général à des roturiers vite anoblis, car cette arme nouvelle était fort dédaignée par la noblesse : trop de danger et fort peu de gloire.

En 1671, Louis XIV, réunissant encore une fois artillerie et génie, met sur pied le régiment des fusiliers du roi, qui comprenait des compagnies de canonniers, de terrassiers et d'infanterie. Ce n'est qu'un régiment de troupes auxiliaires qui ne doit participer au combat que pour la garde des matériels de campagne, en remplacement des suisses. Treize ans plus tard (1684), il crée un deuxième régiment du même type, le Royal-Bombardier, pour la garde des grosses bouches à feu, généralement réservées à l'investissement des places fortes. En 1720, ces deux régiments, dont le premier avait pris en 1693 le nom de Régiment royal d'artillerie, sont fondus en un seul : le Royal-Artillerie. Le génie est à nouveau séparé de l'artillerie. En 1755, ils seront réunis, une fois de plus, avec la création de la charge de grand maître de l'artillerie et du génie et se sépareront définitivement en 1759 lors d'une réorganisation en 7 brigades, lesquelles seront transformées le 15 août 1765 en 7 régiments stationnés à La Fère, Metz, Strasbourg, Besançon, Auxonne, Grenoble et Tours.

Parallèlement, Colbert avait créé en 1680 un corps d'officiers d'artillerie de marine et des compagnies d'apprentis canonniers commandées par des officiers de vaisseau. En 1692 apparaît le corps unique de l'artillerie de marine qui se verra confier la défense des côtes, en 1739, et, en 1761, la mise en œuvre de l'artillerie aux colonies.

Cette organisation de l'artillerie n'a pu être menée à bien qu'avec l'apparition des systèmes d'artillerie. Dans de tels systèmes tous les matériels de calibres différents ont, à l'échelle près, des organisations semblables et, par là, des services identiques.

Bien que ne répondant pas encore tout à fait à cette définition, puisque l'emploi de gargousses en sachet de serge n'est réglementaire que pour les petits calibres, le système de Vallière est le premier d'entre eux. Il est adopté en France en 1732. À cette époque, la querelle « mobilité – puissance » fait l'objet d'une vigoureuse empoignade entre les Rouges, partisans de l'ancienne artillerie qui contestent la robustesse des pièces légères, et les Bleus, partisans d'une artillerie nouvelle à grande capacité manœuvrière. Le système de Vallière marque un net progrès dans la fabrication des matériels, les pièces restent cependant lourdes et peu mobiles. Et nouvelle réaction contre la multiplicité des calibres, leur nombre est ramené à cinq.

Rouges et Bleus n'en poursuivent pas moins leurs disputes. En 1740, Belle-Isle, consulté par Bélidor, fait ajouter un canon de bataillon, pièce de 4 à la suédoise. Un an plus tard, le marquis de Rostaing fait de même avec un calibre de 2,5. En 1756 est adoptée une pièce légère de 6 « à la Rostaing » et, en 1757, le maréchal de Saxe revient au calibre de 4.

Gribeauval est le premier à adopter un véritable système (1765). Alors qu'il est lieutenant-colonel, un mémoire retentissant l'oblige à quitter la France pour l'Autriche. Il y sera maître d'œuvre de Marie-Thérèse. Fait prisonnier par Frédéric II, il organisera ensuite l'artillerie prussienne, et c'est comme feld-maréchal qu'il pourra revenir en France grâce à l'appui de Choiseul. Gribeauval s'inspire[...]

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Écrit par

  • : colonel, ancien élève de l'École polytechnique, professeur à l'École supérieure de guerre

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M. SCHMAUTZ. ARTILLERIE (HISTOIRE DE L') [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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