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ARIANE À NAXOS (R. Strauss)

Ariadneauf Naxos (Ariane à Naxos) de Richard Strauss, sur un livret de Hugo von Hofmannsthal, connut tout d’abord une première version en un acte, conçue pour remercier Max Reinhardt de sa mise en scène du Der Rosenkavalier (LeChevalier à la rose), et destinée à être jouée après Le Bourgeois gentilhomme de Molière. Composée en 1911 et 1912, elle fut créée au Neues Königliches Hoftheater de Stuttgart le 25 octobre 1912, avec Maria Jeritza (Ariane), Margarethe Siems (Zerbinette) et Hermann Jadlowker (Bacchus) dans les rôles principaux, ainsi que le compositeur à la direction. Une seconde version enrichie d’un Prologue lui succéda quatre ans plus tard. Cette version fut créée à la Hofoper de Vienne le 4 octobre 1916, avec Maria Jeritza (la Prima Donna, Ariane), Selma Kurz (Zerbinette), Lotte Lehmann (le Compositeur), Béla Környei (Bacchus), Hans Duhan (Arlequin, le Maître de musique), Hermann Gallos (Scaramouche), Julius Betetto (Truffaldin) et Adolph Nemeth (Brighella), sous la direction de Franz Schalk. L’œuvre ne connut que peu de succès lors de la création, son caractère hybride, néo-baroque, n’ayant satisfait ni les amateurs d’opéra ni ceux de théâtre. Cela explique les nombreuses modifications dont l’œuvre fit l’objet, le transformant peu à peu d’intermède en véritable opéra.

Argument

L’action a lieu dans la demeure d’un riche bourgeois viennois. Elle se divise en deux temps distincts : un Prologue, qui retrace les préparatifs d’un opéra nommé Ariane, dont la représentation proprement dite constitue le second temps de l’intrigue.

Prologue

Une grande effervescence règne dans le palais de « l’homme le plus riche de Vienne ». C’est que l’on s’affaire à la préparation des divertissements de la soirée, ce jour-là composés de l’opera seria Ariane, d’un épilogue de commedia dell’arte gai et enlevé, et enfin d’un feu d’artifice. Les valets, les costumiers, les comédiens, les chanteurs, le Maître à danser, le Maître de musique et le Compositeur traversent la scène en tous sens : il faut répondre au minutage serré imposé par le maître des lieux, et se plier à ses bons plaisirs, car s’il fait preuve d’une nature fruste pour tout ce qui relève de l’art, c’est lui qui, en dernier ressort, tient les cordons de la bourse. On fait part de ses exigences, de ses mécontentements et de ses craintes ; chaque caprice, chaque susceptibilité froissée offre un prétexte à l’affrontement, et il s’en faut de peu que l’on en vienne aux mains. Le Compositeur (mezzo-soprano, rôle travesti), dont on représente pour la première fois une œuvre en public, est particulièrement préoccupé. Déconvenue tragi-comique : il n’y a plus assez de temps pour jouer successivement les deux œuvres, il faudra donc les donner simultanément ! Le Ténor et la Prima Donna (soprano), qui tiennent les rôles principaux de l’opéra, crient au scandale avec force emphase et grandiloquence. Le Compositeur est quant à lui horrifié : comment peut-on ainsi profaner son œuvre en mêlant le sublime – son Ariane – et le vulgaire – l’épisode de commedia dell’arte ? Seul le charme de la piquante Zerbinette (soprano), adorable meneuse de la troupe concurrente qu’un peu d’improvisation ne dérange pas, l’amadoue quelque peu. Mais, alors que le rideau se lève, le jeune idéaliste s’enfuit, ne pouvant supporter que l’on défigure ainsi son œuvre (« Seien wir wieder gut ! » : « Réconcilions-nous ! »).

Opéra

Le rideau du petit théâtre s’ouvre sur le décor d’une île déserte. Près d’une grotte, Ariane semble dormir. Trois nymphes veillent sur elle et plaignent la belle princesse délaissée. Sortant de sa mélancolie, Ariane, dans un grand air (« Es gibt ein Reich » : « Il y a un royaume »), se lamente sur son destin tragique, implorant qu’Hermès vienne la chercher pour la mener au séjour des morts. Zerbinette et les[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure et de Sciences Po Paris, assistant à l'université Marc Bloch (Strasbourg), critique musical

Classification

Pour citer cet article

Timothée PICARD. ARIANE À NAXOS (R. Strauss) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi