Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HELLADIQUE ARCHÉOLOGIE

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

Le début de l'Helladique récent (1550-1450 av. J.-C.)

La période « proto-mycénienne », qui s'ouvre par de grandes innovations, mais sans destructions, n'a été connue pendant longtemps qu'à travers les tombes « royales » de Mycènes et leur très riche mobilier. Mais on découvre aujourd'hui, peu à peu, les aspects moins spectaculaires qu'elle a revêtus ailleurs, ainsi que les cheminements qui conduisent ensuite à la civilisation mycénienne proprement dite, sans qu'intervienne – à la différence de ce qui se passe en Crète – aucune phase de destruction.

À Mycènes même, les tombes à fosse sont effectivement les seuls vestiges connus pour la période. Elles se répartissent en deux groupes – d'une part, les 24 tombes du Cercle B, fouillées de 1952 à 1954 par I. Papadimitriou et G. Mylonas, les plus anciennes ; d'autre part, les 6 tombes du Cercle A, découvertes par Schliemann en 1876, les plus riches et les plus récentes – qui faisaient probablement partie d'une même nécropole. Le mobilier comprend de nombreux vases en céramique et en métal, des outils en pierre, des armes en bronze et des éléments de parure en or ; les trois tombes les plus récentes du Cercle A contenaient, en particulier, un très grand nombre d'objets en matériaux précieux. En Messénie, d'autre part, une dizaine de tombes à tholos livrent, lorsqu'elles n'ont pas été pillées, un matériel analogue. Il semble donc qu'il se soit produit, pendant la période, un accroissement rapide des richesses matérielles, au moins dans certaines régions et pour certains groupes sociaux.

Les quelques habitations que l'on connaît s'inscrivent dans la tradition du « mégaron » rectangulaire apparu à l'Helladique ancien, mais certaines comprennent en outre des pièces secondaires et des magasins ; le type en abside a disparu. Beaucoup d'habitats, peu différents par ailleurs de leurs prédécesseurs de l'Helladique moyen, sont entourés d'une enceinte fortifiée.

Les tombes en fosse simple et les tombes maçonnées sont toujours courantes, tandis que les cistes le sont moins. On construit encore quelques tumulus, analogues à ceux de l'Helladique moyen. Mais les tombes à fosse, essentiellement attestées à Mycènes, représentent une nouveauté : rectangulaires et de grandes dimensions, elles sont creusées au fond d'une fosse (ou puits) également rectangulaire et leurs parois sont généralement revêtues d'une maçonnerie de moellons ou de briques, sur laquelle reposent une ou deux poutres soutenant une couverture de dalles ou de terre. Une fois la fosse remblayée, l'ensemble peut être surmonté d'une stèle, parfois sculptée comme à Mycènes. La plupart de ces tombes contiennent plusieurs sépultures successives.

Masque dit d’Agamemnon - crédits : Bridgeman Images

Masque dit d’Agamemnon

Il existe aussi dès cette période des tombes rectangulaires construites, de plan et de dimensions variables, ainsi que des tombes à tholos et des tombes à chambre, qui deviendront les types mycéniens par excellence. Aménagées à flanc de colline, ces tombes comportent un couloir d'accès (dromos), une entrée (stomion) et une chambre funéraire ; mais la chambre simple est taillée dans le roc et de forme variable, tandis que la tholos est une chambre circulaire construite, couverte d'une voûte en encorbellement et coiffée d'un tumulus. Apparues en Messénie, les tombes à tholos se répandent dans le reste du Péloponnèse et en Attique, tandis que les tombes à chambre, un peu plus tardives, ne se diffusent pas en dehors du Péloponnèse. Dans toutes ces tombes, on continue d'enterrer les morts dans des fosses simples ou maçonnées et de les accompagner d'un mobilier qui est simplement plus abondant et plus varié qu'auparavant ; mais la présence, à Mycènes, de masques funéraires en or est un trait nouveau, qui d'ailleurs ne survivra pas à la période. En revanche,[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

René TREUIL. HELLADIQUE ARCHÉOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Média

Masque dit d’Agamemnon - crédits : Bridgeman Images

Masque dit d’Agamemnon

Autres références

  • ACROPOLE D'ATHÈNES

    • Écrit par
    • 8 215 mots
    • 9 médias
    Des buttes rocheuses dont le chapelet s'égrène du nord au sud dans l'ample cuvette que circonscrivent l'Hymette, le Pentélique et le Parnès, l'Acropole, avec son plateau artificiellement agrandi de 27 000 mètres carrés qui culmine à 156 mètres, n'est ni la plus haute ni la plus vaste. Sans doute est-ce...
  • MYCÉNIENNE CIVILISATION

    • Écrit par
    • 199 mots
    • 1 média

    La civilisation mycénienne a été ainsi appelée du nom de Mycènes (Argolide), son premier site à avoir été fouillé (1874). Sa phase finale, durant l'Helladique Récent III B (1300-1200) est bien connue, grâce au déchiffrement, en 1952, de l'écriture linéaire B, qui a révélé que la langue de ces...

  • ÉCOLE FRANÇAISE D'ATHÈNES

    • Écrit par
    • 2 040 mots

    Fondée dans le grand élan de philhellénisme qui accompagna la libération de la Grèce du joug ottoman, « l'École française de perfectionnement pour l'étude de la langue, de l'histoire, des antiquités grecques » (ordonnance royale de 1846), le plus ancien établissement scientifique à l'étranger et le...

  • HABITATS PRÉ- & PROTOHISTORIQUES (Grèce antique)

    • Écrit par
    • 970 mots
    • 2 médias

    L'affinement des méthodes de fouilles et d'analyse des données archéologiques a permis d'obtenir depuis 1945 des renseignements beaucoup plus précis sur les périodes préhistoriques de ce qui allait être la Grèce. On a ainsi découvert que la présence humaine y était bien antérieure à ce que l'on avait...