Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

APPRENTISSAGE DE L'ORTHOGRAPHE

L’apprentissage de tout système d’écriture impose que les enfants comprennent comment le langage écrit représente le langage oral. Dans les systèmes alphabétiques, les phonèmes (unités sonores minimales du langage) sont représentés par des graphèmes (lettre ou groupes de lettres, par exemple o, ou, eau). Cependant, d’un système à l’autre, les correspondances entre unités orales et écrites sont plus ou moins régulières (l’italien est beaucoup plus régulier que l’anglais), ce qui entraîne des difficultés variables de traitement et d’apprentissage. En français, du fait de la relative régularité des correspondances graphèmes-phonèmes, un grand nombre de mots peuvent être lus correctement en se fondant sur ces correspondances. En revanche, l’application des correspondances phonèmes-graphèmes (phonographémiques) ne permet d’orthographier correctement que la moitié des mots. Ainsi, les mots « landau », « formule » et « buvard », qui ne présentent aucune ambiguïté concernant la façon de les lire, auraient très bien pu s’écrire « lendot », « landeau », « formulle », « buvar ». En effet, de nombreux phonèmes peuvent être transcrits de différentes façons (o, au, eau, otpour /o/). Le doublement des consonnes n’a souvent pas de contrepartie phonologique (ule et ulle prononcés pareillement dans « formule » et « bulle »). Les lettres muettes sont très fréquentes en français, en particulier en fin de mots (« bavard », « filles », « dansent »). Ces caractéristiques expliquent pourquoi la mise en œuvre de connaissances phonographémiques est fondamentale mais insuffisante pour produire des orthographes correctes en français. D’autres connaissances doivent être acquises et mobilisées, qu’elles soient apprises par enseignement explicite ou non : des connaissances orthographiques, relatives à l’orthographe de mots spécifiques ou à des régularités du système orthographique, et des connaissances sur les morphèmes (les unités minimales de sens) constituant les mots.

L’utilisation de relations phonographémiques

L’école organise, généralement dès les premiers mois d’enseignement, un apprentissage explicite des correspondances entre les sons de la langue et les lettres ou groupes de lettres leur correspondant. Ces connaissances permettent au lecteur débutant d’identifier de nombreux mots par décodage et de produire des orthographes souvent phonologiquement plausibles mais aussi non conformes à la forme correcte (« crapo » pour /krapo/). Pour produire une orthographe phonologiquement plausible, il ne suffit pas de connaître les correspondances entre graphèmes et phonèmes. Il faut aussi être capable de segmenter le mot oral en unités phonémiques (/krapo/ décomposé en /k/, /r/, /a/, /p/ et /o/). Sans de bonnes capacités d'analyse phonémique, des erreurs (ajout, suppression, inversion, substitution) sont commises rendant l’orthographe produite phonologiquement incorrecte (/krapo/ orthographié « capo » par omission de /r/).

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur en psychologie du développement cognitif à l'université de Paris-V-René-Descartes

Classification

Pour citer cet article

Sébastien PACTON. APPRENTISSAGE DE L'ORTHOGRAPHE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi