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WAELHENS ALPHONSE DE (1911-1981)

Docteur en droit de l'université de Louvain en 1934, docteur en philosophie en 1936 avec une thèse sur Octave Hamelin, coopérant au Fonds national de la recherche scientifique (F.N.R.S.) de 1937 à 1942, Alphonse De Waelhens fut, après un séjour d'études à Paris, agrégé de l'Institut supérieur de philosophie de l'université catholique de Louvain avec son ouvrage La Philosophie de Martin Heidegger (1942). Associé au F.N.R.S. de 1942 à 1944, nommé professeur à l'université de Louvain en 1946, il donna des cours à la Sorbonne en 1951 sur Phénoménologie et vérité. Membre en 1955 de la Koninklijke Académie van Wetenschappen, Letteren en Schene Kunsten (pendant flamand de l'Académie royale des sciences, lettres et beaux-arts), il reçut en 1975 le prix décennal de philosophie décerné par le gouvernement belge.

Intéressé par la philosophie contemporaine, dont il trouva la source première dans l'œuvre d'Edmund Husserl – notamment Recherches logiques, Logique formelle et logique transcendantale, Idées directrices pour une phénoménologie, Méditations cartésiennes, La Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale –, la source seconde dans l'ontologie de Martin Heidegger, principalement dans L'Être et le temps, Qu'est-ce que la métaphysique ?, Qu'appelle-t-on penser ?, Alphonse De Waelhens suivit attentivement les courants divergents qui s'y dessinaient sous la forme ambiguë de significations incarnées dans un corps dont l'épaisseur ne détruit pas la structure intelligible (Maurice Merleau-Ponty), du primat de la conscience et de la conscience de soi comme pouvoirs de néantisation de l'être opaque, contingent (Jean-Paul Sartre), d'une logique de la philosophie où se construisent de nouvelles catégories (Eric Weil). Dans la pluralité de leurs recherches et de leurs orientations, ces penseurs ne peuvent entrer dans un « genre » qui nivellerait oppositions et discordances, quoique chacun à sa manière porte la marque de l'avènement des sciences humaines, dont la psychanalyse est le témoin le plus aventureux et le plus clairvoyant. De cette pluralité complexe, Alphonse De Waelhens va tenter l'exploration suivant des lignes de force que ne subsume pas une définition énoncée par appauvrissement du divers : le signifiant et son expression, l'étant ouvert au monde et à autrui, la sensorialité prise par les choses, la sensibilité patiente de l'autre homme, la parole interpellatrice du prochain sont autant de « phénomènes » inintégrables à quelque totalité faussement hégélienne dont la dialectique absorberait comme un de ses moments le singulier et le particulier.

Philosophe, il avait rapidement assimilé le phénomène étrange de la lecture, qui tient à la fois de la double vue et de la fausse reconnaissance : de la double vue, en ce qu'elle superpose la nouveauté d'un écrit et le dialogue de l'âme avec elle-même ; de la fausse reconnaissance, en ce qu'elle tient l'autre pour le même et le même pour l'autre.

Une invention imaginaire où seraient corrigées les erreurs immanentes à l'équivocité et à la plurivalence du signifié se profile intérieurement en appelant à toutes les ressources de l'herméneutique. Ainsi deux systèmes se recouvrent-ils, l'un garantissant connotation et compréhension, l'autre s'appuyant sur les connaissances logiques et grammaticales ; dans le premier cas, le signifié appartient à une classe, dans le second, il fait partie d'un système.

Si le lecteur d'un philosophe est un autre philosophe, l'ordre est inversé ; il renvoie l'expression à la signification, le signifié au signifiant ; dépourvu de la référence empirique à laquelle aboutissent les énoncés les plus formels, il se meut d'une signification à une autre signification, dont l'expression[...]

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Jeanne DELHOMME. WAELHENS ALPHONSE DE (1911-1981) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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