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ADLER ALFRED (1870-1937)

Une évolution considérable fut réalisée dans la psychopathologie lorsque, dans l'étiologie des maladies nerveuses, apparut la conception que les symptômes morbides nerveux sont provoqués par des troubles psychiques qui doivent être traités par une intervention sur le psychisme.

Alfred Adler - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Alfred Adler

La psychologie d'Adler, dans l'analyse du comportement de l'être humain sous ses aspects normaux et pathologiques, a mis en lumière les principes fondamentaux de l'unité de la personne : le style de vie, la finalité qui régit la conduite de l'individu et le sens de la communauté (Gemeinschaftsgefühl).

Sa méthode de travail s'appuie essentiellement sur ces principes dans ses applications à la psychopédagogie et au traitement psychothérapique des névroses.

Les origines de la pensée d'Adler

Alfred Adler, né à Vienne en 1870, commença sa carrière en Autriche. Docteur en médecine en 1895, il fut élève de Freud, reconnaissant la haute valeur d'investigation psychique de la psychanalyse.

Le point de départ de l'œuvre originale d'Adler, dans sa première étude publiée à Vienne en 1907, est constitué par ses observations sur les infériorités des organes et leur compensation psychique. Le processus vital s'exprime par un perpétuel effort du corps pour s'adapter aux exigences extérieures et maintenir son équilibre par des phénomènes de défense, de compensation et de suppléance au niveau de l'organe. Le processus psychique, agissant en corrélation avec le corps, est constamment orienté également vers un but de supériorité, de sécurité et de perfection.

L'être humain, dans son insécurité, éprouve un sentiment d' infériorité qui appelle constamment une compensation. La tension psychique qui en résulte retentit sur l'organisme. Celui-ci, par les voies du système nerveux végétatif et des modifications endocriniennes, subit des altérations qui, normales comme manifestations éphémères, entraînent des troubles fonctionnels quand elles persistent.

Inversement, l'état organique agit sur le processus psychique. Dans le cas d'infériorité organique héréditaire, les exigences extérieures sont ressenties comme hostiles, ce qui provoque dans le psychisme une tension aggravant le sentiment d'infériorité et pouvant conduire à des échecs. Mais, parfois, l'entraînement psychique résultant de cette tension a pu mener à de grandes réussites : les hommes les plus remarquables sont souvent défavorisés physiquement ; en surmontant leurs infériorités organiques, ils développent des aptitudes inhabituelles.

À partir de ces constatations, premiers fondements de sa théorie, la pensée d'Adler s'orienta vers une observation sur l'origine et la finalité de la conduite. Cette double question caractérise la méthode de travail de la psychologie adlérienne.

En 1910, il se sépara de Freud et instaura son propre système qu'il nomma Individual psychologie. Par ce terme, pris dans son sens étymologique (individuus, indivisé), Adler a voulu exprimer qu'il ne séparait pas l'esprit et le corps, que la personne était indivisible.

Neurologue et psychologue de talent, il organisa à Vienne, à partir de 1912, des consultations psychopédagogiques dans les écoles. De nombreux disciples se groupèrent autour de lui. Agrégé à l'Institut de pédagogie de Vienne en 1924, il fut titulaire en 1927 d'une chaire de psychologie médicale à la Colombia University de New York et, en 1932, au Long Island Medical College de New York. Il développa sa théorie dans ses articles et tournées de conférences en Europe et rédigea d'importants ouvrages. Son école prit une extension croissante dans les pays de langue allemande, anglaise et même française, influençant les courants de la pensée contemporaine par sa contribution à la psychopédagogie ainsi qu'à la compréhension et au traitement des névroses. Alfred Adler[...]

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Pour citer cet article

Alfred MEYER. ADLER ALFRED (1870-1937) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Alfred Adler - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Alfred Adler

Autres références

  • COMPLEXE, psychanalyse et psychologie

    • Écrit par Sylvie METAIS
    • 1 097 mots
    • 1 média

    Le terme « complexe » appartient au vocabulaire de la psychologie des profondeurs et de la psychanalyse. C'est le psychiatre suisse Carl Gustav Jung qui, en 1902-1903, dénomme ainsi les phénomènes qu'il découvre lorsqu'il réalise son expérience des associations de mots. En effet, Jung,...

  • FREUDO-MARXISME

    • Écrit par Jacquy CHEMOUNI
    • 1 742 mots
    • 3 médias
    Au sein du mouvement psychanalytique, il revient à Alfred Adler (1870-1937) d'avoir le premier conduit une réflexion, très vite marquée par ses propres théories plutôt que par celles du maître, dans le but d'éclairer l'analyse marxiste par la psychologie. Adler innove en prenant en compte, dès 1909,...
  • INFÉRIORITÉ SENTIMENT D'

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 887 mots
    • 1 média

    Expression qui fut surtout employée par Alfred Adler (Minderwertigkeitsgefühl) et qu'on pourrait rapprocher de celle de « sentiments d'incomplétude » de Pierre Janet. Pour Adler, le sentiment d'infériorité est fondé sur la réalité : la personne qui l'éprouve est effectivement...

  • LIBIDO

    • Écrit par Pierre KAUFMANN
    • 11 337 mots
    • 1 média
    ...nettement des types différenciés ». Avec l'article « Pour introduire le problème du narcissisme », et dans le contexte du débat polémique ouvert avec Adler et avec Jung, l'élaboration de cette notion de type engage une discussion de la notion d' intérêt. Adler et Jung envisagent en effet le « type »...

Voir aussi