Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LEHNINGER ALBERT L. (1917-1986)

Mort le 4 mars 1986 au terme d'une longue carrière de chercheur et d'enseignant, Albert L. Lehninger est universellement connu des étudiants en sciences et en médecine pour ses livres d'enseignement dont le premier, paru en 1970 sous le simple titre de Biochemistry, renouvelle complètement l'écriture des livres de cette discipline. Contrairement à ses prédécesseurs en ce domaine, A. L. Lehninger ne se contente pas d'aligner des réactions biochimiques ; il tire de réflexions scientifiques sur la création de la vie un fil conducteur ou logique de l'état vivant qui donne à ce premier livre une remarquable originalité. Une seconde édition, en 1975, renforce le succès de ce livre qui sera traduit dans de nombreux pays (en France, aux éditions Flammarion). Enfin, en 1982, il modernise et médicalise son livre qui devient Principles of Biochemistry. Le succès ne se dément pas.

Albert L. Lehninger est également connu comme fondateur de la bioénergétique : il crée le mot et le concept un an après la rédaction de son tout premier livre, The Mitochondrion (c'est-à-dire le chondriome, compartiment intracellulaire consitué par les mitochondries).

Ce sont ses travaux sur ces organites qui, à la fin des années 1940 et au début des années 1950, lui apporteront une grande notoriété internationale. Dès 1948, les travaux de Hogeboom et de ses collaborateurs avaient permis de localiser la succinate déshydrogénase et la cytochrome oxydase dans les mitochondries ; puis Walter Schneider et Van Potter avaient montré que les mitochondries pouvaient oxyder les substrats du cycle de Krebs. Il appartenait cependant à Eugene P. Kennedy et Albert L. Lehninger de montrer en 1949, dans un article considéré comme un texte classique de la biochimie, que toutes les enzymes du cycle de Krebs et de l'oxydation des acides gras étaient localisées dans les mitochondries, alors que les enzymes de la glycolyse étaient présentes dans le surnageant de centrifugation (cytosol). Peu après, Albert L. Lehninger publie un autre article dans lequel il décrit la phosphorylation de l'ADP par les phosphates inorganiques, couplée au transport d'électrons entre le NAD réduit et l'oxygène ; il démontre ainsi le rôle de ce qu'on appellera plus tard la chaîne respiratoire.

Ces deux publications ont apporté des données essentielles sur la biologie des mitochondries. Lehninger les complétera en démontrant que la capture des ions calcium par la mitochondrie est un mécanisme actif nécessitant un apport énergétique ; le rôle de ces ions dans le métabolisme mitochondrial est aujourd'hui reconnu comme essentiel.

Une grande partie de l'œuvre d'Albert L. Lehninger fut effectuée dans la prestigieuse université Johns Hopkins. En effet, après avoir obtenu son Ph. D. à l'université de Chicago, il rejoint en 1945 ce qui fut plus tard appelé la « nursery » des biochimistes américains : l'université du Wisconsin. Après un séjour d'un an à l'université de Cambridge (Grande- Bretagne), il entre, dès 1952, à l'université Johus Hopkins (Baltimore), où il est resté jusqu'à sa mort. Ses collègues avaient organisé pour le mois de juin 1986 un symposium sur le thème « The Mitochondrion ». La mort ne leur permit pas d'honorer de son vivant Albert L. Lehninger.

— Pierre KAMOUN

Références bibliagraphiques

E. P. Kennedy & A. L. Lehninger, « Oxidation of fatty acids and tricarboxylic acid intermediates by isolated rat liver mitochondria », in Journ. Biol. Chem., vol. 179, pp. 957-972, 1949

A. L. Lehninger « Phosphorylation coupled to oxidation of dihydrodiphosphopyridine nucleotide », ibid., no 190, pp. 345-359, 1951.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur de biochimie à l'université René-Descartes, chef de service à l'hôpital Necker, Paris

Classification

Pour citer cet article

Pierre KAMOUN. LEHNINGER ALBERT L. (1917-1986) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

Voir aussi