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JAMAL AHMAD (1930-2023)

Ahmad Jamal - crédits : Frans Schellekens/ Redferns/ Getty Images

Ahmad Jamal

Le pianiste américain Ahmad Jamal fait partie de ces quelques géants que méconnaît l'histoire du jazz. Dans la tumultueuse surenchère provoquée par les traits torrentiels et les fusées suraiguës des boppers et de leurs successeurs, l'originalité du jeu, économe et lisse, de ce pianiste d'exception est passée presque inaperçue. Miles Davis, qui n'a pourtant jamais joué avec lui, s'en est fait le plus ardent défenseur.

Frederick Russell Jones naît le 2 juillet 1930 à Pittsburgh, en Pennsylvanie. Bien que disposant de moyens modestes, sa famille fait l'acquisition d'un piano, dont il commence à jouer à trois ans. Avec l'aide de professeurs particuliers – parmi lesquels la chanteuse Mary Caldwell Dawson et le pianiste James Miller –, l'enfant commence, à l'âge de sept ans, de véritables études musicales qui lui permettent de découvrir toute la littérature de l'instrument, des classiques au jazz. Pour gagner sa vie, il doit très tôt – vers quatorze ans – se produire dans des night-clubs de sa ville natale. C'est ainsi que, sous le sobriquet de « Fritz » Jones, il accompagne la chanteuse Dinah Washington et côtoie le batteur « Big Sid » Catlett. En 1948, il rejoint l'orchestre du trompettiste George Hudson, qu'il quitte l'année suivante, afin de monter un premier quartette nommé The Four Strings, qui, faute d'engagements, cessera rapidement son activité. En 1950, Frederick Jones décide de tenter sa chance à Chicago ; dans l'attente de l'accord du syndicat local – indispensable pour pouvoir y travailler comme musicien –, il exerce sur place quelques petits boulots (porteur, balayeur...). En 1952, il se convertit à l'islam et prend le nom d'Ahmad Jamal ; il obtient un premier succès avec l'arrangement d'une chanson populaire, Billy Boy. Suivant l'exemple de Nat King Cole, il a fondé en 1951 un trio, The Three Strings, avec Ray Crawford (guitare) et Eddie Calhoun (contrebasse) ; ce trio sans batterie, qui adopte rapidement le nom de Ahmad Jamal Trio, joue d'abord au Blue Note, à Chicago, et, lors d'une de ses prestations à l'Embers de New York, attire l'attention du critique et producteur John Hammond. The Three Strings effectue des prises devenues légendaires pour les labels OKeh et Epic. Eddie Calhoun cède la place à Richard Davis (1953-1954), auquel succède Israel Crosby (à partir de 1954). De cette époque date l'album Chamber Music of the New Jazz (1955), qui comporte le célèbre morceau New Rhumba, que Miles Davis popularisera (Miles Ahead).

En 1956, Ahmad Jamal revient à la formule traditionnelle du trio avec batterie, avec le fidèle Israel Crosby et, à la batterie, Walter Perkins, auquel Vernel Fournier se substituera en 1958. Il atteint alors, grâce à l'exceptionnelle qualité de ses partenaires, l'un des sommets de son parcours musical. L'année 1958 marque, avec les albums But Not For Me et Ahmad Jamal at the Pershing, le début d'une impressionnante série de concerts et d'enregistrements. Suivent At the Spotlite (1958), At the Penthouse (1959) et Happy Moods (1960), qui connaissent la même réussite. Sa renommée, qui dépasse rapidement le cercle étroit des amateurs, lui permet, après une tournée en Afrique du Nord à la fin de 1959, d'ouvrir et d'animer à Chicago son propre club de jazz, l'Alhambra ; il le dote d'un studio où il s'enregistre à domicile et grâce auquel il se lance dans la production d'autres artistes. Pourtant, les revers s'accumulent au début des années 1960 : il divorce, ferme en 1961, pour des raisons financières, l'Alhambra, qui n'aura connu que sept mois d'existence, et essuie le départ de ses accompagnateurs, qui rejoignent en 1962 un pianiste dont le style s'inspire beaucoup du sien, George[...]

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Pour citer cet article

Pierre BRETON. JAMAL AHMAD (1930-2023) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Ahmad Jamal - crédits : Frans Schellekens/ Redferns/ Getty Images

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