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ACROSTICHE, littérature

La règle de ce jeu littéraire est simple : il suffit d'écrire des vers dont les initiales, lues verticalement et dans l'ordre, forment un mot en rapport avec le poème. La typographie particulière peut faciliter le décryptage du message qui concerne le plus souvent le nom de l'auteur, celui du dédicataire ou le sujet de l'œuvre. Cicéron attribue l'invention de l'acrostiche à Ennius. Apollinaire inscrit ainsi le nom de sa Louise :

L'auditeur des ballades de Villon aurait plus de mal à trouver la « signature » de l'auteur, apparaissant dans l'envoi. De même fallait-il sans doute avoir une mémoire phénoménale pour déchiffrer le sens des acrostiches des Sibylles. Le caractère secret et presque magique de ce procédé a été ressenti par Charles II, roi d'Angleterre, qui donna le nom de Cabale à son conseil dont les membres étaient Clifort, Ashley, Buckingham, Arlington, Lauderdale.

L'acrostiche, comme tout autre jeu verbal, participe à la surdétermination des messages pieux des grands rhétoriqueurs : J. Molinet compose une Oroison sur Maria, acrostiche multiple formé du nom Maria. J. Bouchet décompose le mot bas-monde en Menteur, Onéreux, Noyseux, Dommageable, Ennuyeux. En lisant les initiales de l'avant-dernière strophe de Sainte-Catherine de Destrées, on retrouve la date de création de ce poème : les lettres MCCCCCI, lues comme des éléments de la numération latine, donnent 1501. Il s'agit là d'une variété de l'acrostiche nommée chronogramme (cf. P. Zumthor, Le Masque et la lumière).

En augmentant le degré de difficulté le jeu devient sport, mais ce double acrostiche a également pour effet de hausser le prix de l'« amour parfait », dédié à...

(cité sans nom d'auteur par Étienne Tabourot dans Les Bigarrures, 1572-1585).

— Véronique KLAUBER

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Classification

Pour citer cet article

Véronique KLAUBER. ACROSTICHE, littérature [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • VERSIFICATION

    • Écrit par Robert SCTRICK
    • 1 209 mots

    Dans les langues où la longueur de la syllabe est pertinente (soit par la nature de la voyelle, soit par sa position, c'est-à-dire son environnement consonantique de droite), les vers sont construits et identifiés d'après un nombre relativement fixe de pieds (séquence...

Voir aussi