Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

VOLCANISME ET VOLCANOLOGIE

Prévention et surveillance

Une cinquantaine de volcans, sur les quelque six cent cinquante connus pour avoir eu au moins une éruption dans la période historique, sont en activité chaque année.

Tout d'abord, le risque volcanique est souvent présent dans des zones désormais intensément peuplées, comme l'Indonésie, les Philippines, l'Italie centrale ou le Japon. À Naples, une éruption du Vésuve, comme celle qui détruisit Herculanum et Pompéi en 79 après J.-C., aurait, de nos jours, des conséquences encore plus catastrophiques. Même si toute la zone était évacuée à temps, les pertes économiques, industrielles et agricoles et le choc social seraient immenses ; et la probabilité d'éruption du Vésuve demeure forte à l'échelle de quelques années ou de quelques décennies.

Par ailleurs, on sait maintenant que les conséquences d'une éruption volcanique peuvent ne pas être limitées à des effets directs sur la zone entourant le volcan, mais concerner jusqu'à l'ensemble de la planète. En effet, les panaches de cendres et d'aérosols qui sont émis par les grandes éruptions peuvent s'injecter dans la stratosphère et, selon la latitude et la saison, être largement dispersés autour du globe. Alors que les cendres retombent assez rapidement, les aérosols, composés principalement de gouttelettes d'acide chlorhydrique, forment un voile qui mettra plusieurs années à se dissiper. Celui-ci réfléchit une partie du rayonnement solaire qui aurait dû parvenir dans les basses couches de l'atmosphère et au sol ; des modifications climatiques transitoires peuvent ainsi se produire. Ce fut le cas avec l'éruption du Pinatubo aux Philippines. La partie stratosphérique du panache de l'éruption du 15 juin 1991 a encerclé la Terre en vingt et un jours, puis le nuage s'est progressivement étendu au-dessus de l'hémisphère Nord puis de l'hémisphère Sud. Il s'est ensuivi une diminution globale de la température de la troposphère de quelques fractions de degré. Les modèles montrent que des éruptions plus importantes (il en existe des exemples dans le passé géologique récent) pourraient engendrer de véritables « hivers volcaniques », dénomination qui fait référence au phénomène d'« hiver nucléaire » : les effets supposés après une guerre nucléaire provoqueraient de gigantesques incendies dont les fumées obscurciraient l'atmosphère terrestre pendant plusieurs années.

Les progrès des méthodes de surveillance

Une éruption est toujours la conséquence d'un transfert interne de matière (de l'ordre de 1 à 100 millions de mètres cubes, parfois beaucoup plus). On comprend que des signaux physiques et chimiques engendrés par ce transfert puissent être détectés en surface. Ce n'est pourtant que depuis le début du siècle que des méthodes physiques sont utilisées pour surveiller les volcans. Deux types de méthodes se sont progressivement imposés : la surveillance sismique et la surveillance des déformations de la surface. La première repose principalement sur le fait que des signaux sismiques sont générés lors du transfert de magma vers la surface, soit par fracturation des roches encaissantes, soit par des résonances associées aux mouvements des fluides magmatiques. Les déformations de la surface sont simplement le résultat de l'accommodation des variations internes de volume et de pression sous l'effet des intrusions de magma. Pour schématiser ces phénomènes, on peut dire que, avant une éruption, la montée de magma va se traduire par un accroissement de l'activité sismique et par un gonflement de la surface. La façon de mettre en œuvre ces méthodes et d'interpréter leurs résultats a, bien sûr, évolué et quelques développements, particulièrement spectaculaires, ont eu lieu dernièrement. Parallèlement, on s'est intéressé à d'autres paramètres et des nouveaux outils de surveillance apparaissent.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
  • : professeur à l'université de Clermont-II, directeur du centre de recherches volcanologiques, Clermont-Ferrand
  • : commissaire à l'étude et à la prévention des risques naturels majeurs
  • : directeur de la prospective au Bureau de recherches géologiques et minières

Classification

Pour citer cet article

Roger COQUE, Jean-François LÉNAT, Haroun TAZIEFF et Jacques VARET. VOLCANISME ET VOLCANOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Destruction de Pompéi par le Vésuve - crédits : Encyclopædia Universalis France

Destruction de Pompéi par le Vésuve

Géothermie en Islande - crédits : Jamey Stillings/ Getty Images

Géothermie en Islande

Basalte - crédits : Jacques-Marie Bardintzeff

Basalte

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Anne FAURE-MURET
    • 18 789 mots
    • 22 médias
    ...milieu des ceintures vertes, ou semblent les recouper. Les ceintures vertes apparaissent comme en synforme. Elles sont constituées par les produits d'un volcanisme basique (tholéiite à komatiite) montrant les caractères d'une croûte océanique et d'un volcanisme calco-alcalin andésitique de type « arc volcanique...
  • ALASKA

    • Écrit par Claire ALIX, Yvon CSONKA
    • 6 048 mots
    • 10 médias
    Dans le prolongement de la chaîne d'Alaska, la très longue chaîne des Aléoutiennesest de nature essentiellement volcanique. Elle forme d'abord la péninsule d'Alaska, puis s'engloutit dans l'océan. Les îles Aléoutiennes, qui séparent l'océan Pacifique de la mer de...
  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Jean AUBOUIN, René BLANCHET, Jacques BOURGOIS, Jean-Louis MANSY, Bernard MERCIER DE LÉPINAY, Jean-François STEPHAN, Marc TARDY, Jean-Claude VICENTE
    • 24 158 mots
    • 23 médias
    Aux États-Unis, le domaine pluto-volcanique regroupe la sierra Nevada, les monts Klamath (Californie) et les Blue Mountains (Oregon), dans lesquelles le Mésozoïque, à dominante volcanogène, est traversé par des granites dont l'âge s'échelonne du Trias au Crétacé. Ce Mésozoïque a été structuré au cours...
  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géographie

    • Écrit par Jacqueline BEAUJEU-GARNIER, Danièle LAVALLÉE, Catherine LEFORT
    • 18 105 mots
    • 9 médias
    ...États-Unis. Elles se décomposent en deux chaînes : la sierra Madre occidentale et la sierra Madre orientale, séparées par un triangle de hauts plateaux. Le volcanisme récent apparaît largement, surtout dans le grand bloc ouest-est qui porte le haut bassin de Mexico et relie entre elles les deux sierras à...
  • Afficher les 90 références

Voir aussi