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VENTS

Les courants-jets

La variation du vent selon la verticale est liée au gradient horizontal (ou, plus précisément, au gradient isobare) de température. Il est donc logique de s'attendre à trouver les vents forts au-dessus des régions du globe où la température varie rapidement dans le sens horizontal (ou, plus précisément, le long des surfaces isobares, presque horizontales) et lorsque cette forte variation de température s'observe au sein d'une couche d'air très épaisse.

Ces deux conditions se trouvent réunies, en particulier, de façon régulière au voisinage du front polaire qui sépare, dans toute l'épaisseur de la troposphère, les masses d'air polaires des masses d'air tropicales. On vérifie, en effet, la présence d'un fort vent dans la partie supérieur de la troposphère le long du front polaire : le courant-jet.

Cette conclusion est importante : elle permet notamment d'identifier la climatologie du courant-jet à celle du front polaire. Elle conduit à refuser l'image d'un courant-jet continu ceinturant le globe (dans l'hémisphère Nord et dans l'hémisphère Sud), car la « cloison » que constitue le front polaire, loin d'être continue, comporte des interruptions correspondant aux « décharges » d'air polaire qui se déversent des hautes latitudes jusqu'aux latitudes tropicales.

Bien entendu, les seuls fronts polaires n'ont pas l'apanage d'être accompagnés d'un courant-jet, et le phénomène peut apparaître en liaison avec tout front bien marqué, c'est-à-dire lié à un fort gradient horizontal de température et intéressant une part importante de la troposphère ; mais les fronts polaires sont généralement mieux marqués que les fronts arctiques ou intertropicaux.

La partie gauche de la figure 5 représente la coupe verticale théorique d'un front. Les dimensions verticales de la coupe sont fortement dilatées par rapport à la distance horizontale. Le diagramme de la partie droite de la figure 5 comporte, en abscisses, la température de l'air et, en ordonnées, l'altitude, cette dernière étant commune aux deux parties, gauche et droite, de la figure. On a schématisé à droite les résultats de deux sondages de température effectués de part et d'autre du front, c'est-à-dire l'un dans l'air polaire et l'autre dans l'air tropical. On voit immédiatement que, si l'air polaire est plus froid que l'air tropical dans la basse troposphère, c'est l'inverse qui se produit dans la stratosphère, le gradient horizontal de température s'annulant à un niveau intermédiaire entre celui de la tropopause polaire et celui de la tropopause tropicale. C'est ce niveau qui marque le maximum de vent. On a tracé, sur la partie gauche de la figure 5, les isolignes de la vitesse du vent.

La figure 6, établie pour un cas réel, permet bien de retrouver les grandes lignes du schéma de la figure 5, et cet accord satisfaisant justifie l'approche théorique élémentaire du phénomène. La figure 7 est une image dans l'infrarouge prise par le satellite Météo-sat le 16 septembre 1983. L'étirement des nuages supérieurs, qui apparaissent en blanc d'autant plus intense qu'ils sont plus élevés, met en évidence un courant-jet sur l'Atlantique nord et l'Europe. Il se situe sur la face ouest d'une bande perturbée, à l'est de Terre-Neuve, et se prolonge sur le golfe de Gascogne et le sud de la France.

Courant-jet : coupe verticale réelle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Courant-jet : coupe verticale réelle

Courant-jet : coupe verticale théorique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Courant-jet : coupe verticale théorique

Les tubes des courants-jets, qui s'étendent parfois sur des distances de plusieurs milliers de kilomètres et dont la vitesse dépasse fréquemment 300 kilomètres par heure, présentent, pour la navigation aérienne, un puissant intérêt, soit qu'elle les recherche lorsqu'ils sont favorables à l'amélioration des temps de vol, soit qu'elle les fuie lorsqu'ils s'opposent à la marche de[...]

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Écrit par

  • : ancien directeur de la Météorologie nationale
  • : ingénieur à Météo France
  • : ingénieur en chef de la météorologie en service à la division prévision de la direction de la météorologie, ancien élève de l'École polytechnique

Classification

Pour citer cet article

Jean BESSEMOULIN, René CHABOUD et Jean-Pierre LABARTHE. VENTS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Girouette - crédits : Cornfield/ Shutterstock

Girouette

Échelle anémométrique de Beaufort - crédits : Encyclopædia Universalis France

Échelle anémométrique de Beaufort

Brises de pente - crédits : Encyclopædia Universalis France

Brises de pente

Autres références

  • ACCUMULATIONS (géologie) - Accumulations continentales

    • Écrit par Roger COQUE
    • 5 056 mots
    • 12 médias
    Comme les eaux courantes, le vent a une activité de transport et d'accumulation. Cette activité se situe dans le prolongement de la déflation qu'il exerce aux dépens des formations superficielles meubles. Les observations de terrain ainsi que l'expérimentation en soufflerie montrent que cette...
  • AÉRONOMIE

    • Écrit par Gaston KOCKARTS
    • 4 157 mots
    • 11 médias
    ...mouvements. Tout d'abord, les mouvements d'ensemble qui affectent à la fois les constituants majoritaires et minoritaires. Ce sont essentiellement les vents horizontaux dont la structure et l'effet peuvent être très variables en fonction de l'altitude. Ensuite, les mouvements spécifiques à chaque constituant...
  • AGROMÉTÉOROLOGIE

    • Écrit par Emmanuel CHOISNEL, Emmanuel CLOPPET
    • 6 627 mots
    • 7 médias
    Lesvents forts peuvent causer des dégâts mécaniques aux plantes et aux arbres – comme la verse des céréales, qui pénalise considérablement la possibilité ultérieure de récolte mécanique. L'amélioration génétique a permis de réduire le risque en produisant des blés ou des orges aux tiges plus...
  • ANÉMOCHORIE

    • Écrit par Jacques DAUTA
    • 899 mots
    • 1 média

    Dissémination, par l'intermédiaire du vent, des fruits et des graines de plantes à fleurs, et, plus généralement, des spores et d'autres formes de dispersion des espèces vivantes. Parmi les caractères morphologiques favorables à l'anémochorie, la petitesse et la légèreté des semences...

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Voir aussi