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URBANISME L'urbanisme en France au XXe siècle

L'urbanisme comme discipline naît au début du xxe siècle ; sa pratique remonte cependant à la plus haute antiquité. L'évolution de l'urbanisme en France au xxe siècle s'inscrit donc dans une continuité, en même temps qu'elle résulte de l'intervention de nouveaux acteurs et de la mise en place de nouvelles lois. C'est en fait de planification urbaine plus que d'urbanisme qu'il convient alors de parler. Il faut encore distinguer à ce propos urbanisme et urbanisation : phénomène parfois incontrôlable, l'urbanisation impose précisément une politique de planification, qui a pour ambition d'en assurer la cohérence. C'est sur cette action, menée conjointement par les responsables politiques et les architectes-urbanistes, que l'on insistera, même si elle demeure fréquemment à l'état de projet. Comme dans tous les pays occidentaux, les villes françaises ont connu au xxe siècle une croissance importante, qui remettait en cause la stabilité de leur centre ancien et transformait leur périphérie en vastes zones d'urbanisation, le plus souvent diffuse. Il existe toutefois une spécificité française : le centralisme du pays, maintes fois dénoncé et dont l'ouvrage de Jean-François Gravier Paris et le désert français avait marqué en 1947 la prise de conscience. Paris attire vers lui tous les grands projets, mais souffre également de presque tous les maux ; c'est donc sur la capitale que l'urbanisme français a le plus constamment porté. Cette situation historique particulière explique que Paris soit traité ici séparément des autres villes. L'aménagement du territoire, pratique ancienne – elle remonte au xviiie siècle –, mais qui prend une nouvelle dimension avec la création de la Direction à l'aménagement territorial et à l'action régionale (D.A.T.A.R.) en 1963, a notamment pour mission d'assurer le rééquilibrage entre Paris et les régions, en mettant en œuvre la politique de décentralisation engagée dans les années 1950.

Paris

Le xixe siècle a légué à Paris une œuvre considérable : les grands travaux menés sous la direction du préfet Haussmann, à la demande de Napoléon III. Cette rénovation en profondeur de la ville et de sa périphérie (annexée en 1860) demeure toutefois inachevée, tandis que l'architecture austère et répétitive des nouveaux quartiers finit par lasser. Le règlement de voirie de 1884 est une première étape vers le processus d'autonomisation des immeubles. En 1893, l'autorisation du bow-window accélère ce mouvement en favorisant l'animation des façades, de même que le concours des façades lancé par la Ville de Paris en 1894 à l'occasion du percement de la rue Réaumur. Mais c'est avec le règlement de 1902 que l'architecture se libère véritablement de l'austérité haussmannienne.

Le règlement de voirie de 1902

Rédigé par l'architecte voyer en chef de la Ville de Paris, Louis Bonnier (avec la participation de l'architecte Eugène Hénard), le règlement qui entre en vigueur par décret du 13 août 1902 favorise plus clairement encore l'introduction des éléments plastiques dans la composition des façades. En donnant au constructeur la possibilité de gagner plusieurs niveaux si la parcelle est profonde, il rend surtout possible une élévation des immeubles, en théorie sans limites. Certains architectes tenteront d'en profiter : Henri Sauvage, notamment, projettera des immeubles à gradins avec piscine au centre – il en donne un exemple inachevé rue Vavin en 1913, puis rue des Amiraux en 1930. La profondeur souvent réduite des parcelles parisiennes ne permettait cependant pas de systématiser ce procédé. Le règlement de 1902 n'en a pas moins transformé la physionomie des rues de Paris, dont l'alignement n'est plus aussi rigoureux que dans les années[...]

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Écrit par

  • : professeur, université de Picardie Jules-Verne

Classification

Pour citer cet article

Simon TEXIER. URBANISME - L'urbanisme en France au XXe siècle [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Parc de Choisy, Paris - crédits : G. Mouly

Parc de Choisy, Paris

Tour Croulebarbe, Paris, É. Albert - crédits : G. Mouly

Tour Croulebarbe, Paris, É. Albert

Royan: le front de mer - crédits : CAP/ Roger-Viollet

Royan: le front de mer

Autres références

  • ALBERTI LEON BATTISTA (1404-1472)

    • Écrit par Frédérique LEMERLE
    • 3 110 mots
    • 8 médias
    ...cité idéale a un plan rationnel, avec des édifices régulièrement disposés de part et d'autre de rues larges et rectilignes. Cette nouvelle conception de l'urbanisme, en rupture avec les pratiques médiévales, est liée sans doute à l'essor sans précédent de la cité-république. Alberti reprend la plupart des...
  • ALPHAND ADOLPHE (1817-1891)

    • Écrit par Universalis, Michel VERNÈS
    • 1 674 mots

    Ouvrir de nouveaux espaces, assainir les anciens, créer des jardins, embellir l'ensemble, tels sont les différents gestes d'une même démarche qui ont conduit à faire de Paris une capitale moderne au xixe siècle. Jean-Charles Adolphe Alphand, paysagiste et administrateur français de...

  • ANGIVILLER CHARLES CLAUDE DE LA BILLARDERIE comte d' (1730-1809)

    • Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
    • 607 mots
    • 1 média

    La faveur de Louis XVI vaut à d'Angiviller de remplacer, en 1774, le marquis de Marigny comme surintendant des bâtiments du roi. Ses idées sont plus personnelles que celles de son prédécesseur, mais il reconnaît la valeur de l'œuvre accomplie par lui grâce aux sages conseils dont il a su s'entourer...

  • ANTHROPOLOGIE URBAINE

    • Écrit par Thierry BOISSIÈRE
    • 4 898 mots
    • 2 médias
    L’autre grande école d’anthropologie urbaine est britannique et voit le jour à la fin des années 1930 en Rhodésie du Nord (auj. Zambie), alors dominée par la Grande-Bretagne. Le Rhodes-Livingstone Institute y est fondé en 1937, avec pour mission d’étudier les changements affectant les sociétés d’Afrique...
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Voir aussi